« Black Is Beautiful » : le Musée Picasso consacre une exposition à l’artiste afro-américaine Faith Ringgold. Si elle transmet la force esthétique et politique de son travail, elle pose frontalement la question de la capacité du musée à exposer des artistes minoritaires, à prendre réellement en charge et à défendre leur travail artistique eu égard aux rapports de domination qu’ils ont dû et doivent affronter. Peut-on exposer des artistes minoritaires, sans les trahir ni les dominer une seconde fois, en occultant les processus sociaux qui les ont assujettis ? En tout cas, l’exposition réussit un singulier exploit : être muette sur les batailles menées par Ringgold, ne rien dire du racisme et du sexisme dans l’art lui-même.
Antoine Idier
Le Discours des autres rassemble des textes du critique d’art états-unien Craig Owens, théoricien du postmodernisme et des politiques de la représentation, en particulier féministes, gay et postcoloniales. Publié par les éditions Même pas l’hiver, l’élégant recueil rouvre un chapitre méconnu mais fondamental de l’histoire de l’art et de la critique d’art, en même temps qu’il fournit des jalons essentiels pour penser les politiques de l’art.
Il est fascinant de voir tant d’occurrences du mot « universel » dans l’exposition Paris-Athènes, qui vient de se clôturer au musée du Louvre. L’exposition s’intéresse aux « rapports » (pour le dire pudiquement) entre la France et la Grèce, et à la « Naissance de la Grèce moderne » (c’est son sous-titre) entre les XVIIe et XXe siècles. Elle « souhaite mettre en valeur les liens unissant la Grèce et la culture européenne ». Assurément, il y a de très belles pièces – la Vénus de Milo (et son histoire), de nombreuses peintures, de tout aussi nombreuses sculptures, de riches documents d’archives, des images du Parthénon coloré (car il n’a pas toujours été blanc). Mais l’« universel » en question est davantage célébré que discuté : en permanence confronté à deux degrés de lecture, on ne sait sur quel pied danser et on a finalement l’impression que l’exposition, tout en livrant incidemment un certain nombre d’éléments, fait tout pour désamorcer leur lecture critique et l’analyse de leurs implications.
Du 22 au 26 juin, Théâtre Ouvert, à Paris, et le Théâtre de Chelles proposent Comme la mer, mon amour, une pièce de théâtre écrite, mise en scène et jouée par Boutaïna El Fekkak et Abdellah Taïa.
Comment se façonnent une ville et son esthétique ? Comment est décidé ce qui rend la ville « belle » ou, à l’inverse, ce qui l’enlaidit ? Dans Gouverner les graffitis (Presses universitaires de Grenoble), la politiste Julie Vaslin décrit la transformation opérée depuis vingt ans dans la perception et le traitement des peintures murales urbaines : le « tag », jusque-là considéré comme un problème de propreté et d’insécurité, et réprimé comme tel, est devenu du « street art », valorisé par des politiques culturelles et touristiques au service de l’image d’une ville jeune, décontractée et ouverte sur le monde.
Dans La Bascule du souffle d’Herta Müller, Léopold, jeune homme roumain de 17 ans, déporté en 1945 car appartenant à la minorité germanophone, raconte son usage en camp des livres qu’il avait pris de soin de mettre dans sa petite valise avant d’être emmené par la police :
130 ans d’archives, une iconographie d’une richesse sidérante, pour dire une histoire invisibilisée : celles d’hommes et de femmes, de groupes qui ont lutté pour la reconnaissance de leurs droits. Archives des mouvements LGBT+ est de ces livres qui nous mettent face aux images de notre histoire, la documentent et surtout la questionnent. L’archive n’est rien sans mise en perspective, Antoine Idier, sociologue et historien le montre dans ce livre fondamental qui s’offre comme la mise en lumière d’une histoire en marche.
« Moving Frontiers – Do and undo / Faire et défaire », plateforme de recherche artistique initiée par Sylvie Blocher et Antoine Idier à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy, organise quatre journée de rencontres, performances et projections à Paris, du 23 au 26 mai 2018. En lien avec la Triennale SUD2017 à Douala, au Cameroun, cette plateforme se propose d’interroger les frontières et les territoires mais aussi de faire place aux problématiques contemporaines sur l’Afrique, la migration, la question coloniale et postcoloniale.
À l’invitation de la Triennale d’art contemporain SUD2017, une œuvre éphémère de Sylvie Blocher a été posée mercredi 6 décembre sur un carrefour de Douala au Cameroun.
À l’occasion de ses quarante ans, le Centre Pompidou a triomphalement fêté son anniversaire, se présentant comme un lieu vivant et toujours renouvelé de création. Et pourtant !
La rétrospective David Hockney actuellement présentée (jusqu’au 23 octobre) donne la troublante et dérangeante impression d’un lieu figeant et étouffant l’art dans le classicisme et la respectabilité.