Après lecture de l’article intitulé « La vraie “Elena Ferrante” » paru dimanche 2 octobre sur Mediapart et publié simultanément dans le quotidien économique Il Sole 24 Ore, sur le site du Frankfurter Allgemeine Zeitung et dans The New York Review of Books, plusieurs questionnements sont nés… A commencer par celui-ci : pourquoi, pourquoi publier un tel article estampillé « littérature / enquête » sur un écrivain italien qui pendant des années a souhaité vivre dans le pseudonymat, pourquoi aujourd’hui et pas un autre jour ? Pourquoi d’abord en manchette du journal et depuis cette après-midi sous une analyse politique post-rélection de Jérémy Corbin (leader du Labor Party britannique) et à gauche d’un article sur les marchés publics des radars automatiques ? Mais au-dessus de papiers consacrés au référendum anti-migrants en Hongrie, à la « remise en cause du déjà très restrictif droit à l’avortement et une relecture de la Seconde Guerre mondiale » en Pologne et bien, bien, plus haut que les articles traitant de la rentrée littéraire 2016…

Diacritik vous avait déjà parlé de ce « Logis du musicien », projet fou de l’écrivain Erwan Larher à Mirebeau dans la Vienne : transformer une bâtisse du XVsiècle pour en faire une résidence d’écriture et un lieu d’échange autour de la création littéraire. Les travaux sont toujours en cours, le projet avance, et à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, le Logis ouvrira au public les 17 et 18 septembre 2016.

Le marketing et les teasers estivaux ont fonctionné à plein régime et à merveille, dès le matin, la toile s’était largement fait l’écho du retour à l’antenne de Yann Barthès et de son « nouveau » programme sur TMC/TF1 sobrement intitulé Quotidien. Au point d’être toujours en tête des sujets tendances de Twitter vers 21 h 00 le lundi 12 septembre 2016.

C’est à la fois une consécration et peut-être la pire chose qui puisse arriver à un auteur : se retrouver au programme du baccalauréat. C’est presque plus encombrant encore que la symbolique du prix Nobel qui n’a pas fini de l’accabler, ce pauvre Gide. Des élèves – des élèves de la filière littéraire ! – vont se pencher sur ses œuvres, les disséquer, les étudier les maltraiter, les « incomprendre ». S’il ne s’agissait que de leur être injuste, de les trahir, de les dévoyer, passerait encore. Ce serait même certainement ce qu’il faut leur imposer : la seule postérité qui vaille, celle qui échappe à la muséification de la pensée. Mais, forcément, il y aura aussi du polissage, du recadrage, de l’abrasion, du blanchiment – de la récupération bienpensante universitaire et institutionnelle. Et là, bien-sur, ça sera douloureux. Ou amusant.