Catherine Tourné : « On a besoin de lieux où la parole est possible » (éditions Lanskine)

Catherine Tourné © Jean-Philippe Cazier

Depuis 2008, les éditions Lanskine sont une des plus actives dans le domaine de l’édition de poésie. Ouvertes aux voix étrangères, publiant volontiers des voix émergentes, les éditions Lanskine sont menées par la passion de Catherine Tourné, engagée en poésie, pour son étrangeté, son pouvoir de perturbation, la pluralité dont sont porteuses les écritures poétiques. Rencontre et entretien.

Quel est le parcours qui a conduit à ton choix de devenir éditrice ?

Au départ, je suis archéologue. J’ai aussi beaucoup travaillé pour les journaux d’art. J’avais une petite société de services auprès des musées pour les expositions, les catalogues, et également auprès des éditeurs pour des livres d’art. C’est un milieu que j’aimais, qui a été important pour moi, mais à un certain moment j’ai décidé de revenir à ce qui est constitutif de ce que je suis, c’est-à-dire les livres. Je viens d’un milieu assez simple, avec des gens qui n’ont pas fait d’études mais qui m’ont toujours donné des livres. J’ai passé ma vie à lire. Mon enfance a été riche parce que j’étais entourée de livres, je pouvais vivre ailleurs que là où j’étais. Donc, j’ai eu besoin de retourner à ce qui est essentiel pour moi, qui est la lecture, et à l’essentiel de l’essentiel, qui est la poésie, à savoir une écriture tendue, libre. L’écriture poétique permet tout.

Comment es-tu passée de ton amour pour les livres au fait d’en éditer ?

Quand je travaillais pour les musées, je réalisais des livres d’art. Dans ce travail, j’aimais beaucoup le rapport au texte, à l’image. J’aime la fabrication d’un livre, le côté artisanal : comment faire pour qu’un objet ait la meilleure forme possible et puisse trouver sa place ? La maison d’édition a commencé en 2008. A cette époque, beaucoup de maisons d’édition dont je suivais le travail ont disparu. Le monde de l’édition est un monde fragile, les éditeurs naissent et disparaissent, ce qui fait la richesse de ce monde mais aussi, parfois, sa tristesse…

Ma décision est aussi le fait du hasard, d’une rencontre. Je connaissais quelqu’un qui avait eu en main un manuscrit qui était en même temps l’occasion d’un concert de musique contemporaine et d’une exposition. C’était un livre de poésie, un manuscrit de poésie, qui était lié à la musique et à la peinture. Un éditeur était d’accord pour l’éditer mais cet éditeur a fait faillite. J’avais entendu la composition contemporaine, que j’avais trouvée très belle, et j’avais suivi de loin l’histoire de ce manuscrit. Comme j’avais un peu d’argent à ce moment-là, j’ai décidé de reprendre le projet et d’éditer moi-même le livre. C’est comme ça que la maison d’édition a commencé. En l’éditant, j’ai fait des erreurs de débutant : un tirage trop important, des gravures d’un peintre, un texte en bilingue. Donc, à la suite de cette première édition, pendant deux ans je n’ai plus eu un sou. Mais c’est cette occasion qui m’a fait franchir le pas. Pour moi, c’est extraordinaire de recevoir des textes, de trouver des choses qui te plaisent ou qui te questionnent, qui te déplaisent mais qui te posent un problème…

Ce qui t’intéresse avant tout, dans ton travail d’éditrice, c’est le rapport au texte ?

Oui, la poésie, c’est le rapport au texte. Et le rapport au texte, au sens, peut être également un rapport esthétique, la disposition sur la page pouvant être aussi importante que le texte. L’aspect visuel peut jouer autant que le contenu du texte. Il y aussi, de ma part, le désir de réaliser un objet beau : le choix d’un beau papier, mes livres sont encore cousus, etc. – tout ceci, cet aspect quasiment artisanal, est important pour moi car on ne va pas lire de la poésie comme on lira un roman dans un format standard, ou le journal…

Tu disais qu’en tant qu’éditrice, tu te consacres à la poésie parce que la poésie est une écriture libre. Qu’est-ce que tu entends par là ?

Libre car elle peut prendre toutes les formes. Je publie des choses qui peuvent être très conceptuelles ou plus lyriques. Ce qui m’intéresse, c’est lorsqu’un texte pose question ou m’interpelle. Mais ça peut prendre plusieurs formes. Je ne défends pas un courant poétique en particulier. Certains le font, et c’est très bien, mais ce n’est pas ce que je veux faire. Il y a des choses extraordinaires dans beaucoup de formes de la poésie. Je peux avoir une idée de ce que je vais publier ou de ce que je vais aimer, et il y a des textes qui m’arrivent et qui vont me poser question, qui vont me faire bouger. Ça m’est arrivé de recevoir un manuscrit et, en le lisant, de me dire que ce n’était pas pour moi. Mais deux ans après j’y pensais encore… Donc, je me dis que je ne peux pas toujours aborder un texte avec mes certitudes.

La poésie est également importante pour moi car elle peut parler de notre époque d’une manière extraordinairement forte et efficace parce qu’elle questionne les mots. Nous sommes dans une société où existe un discours continu, permanent, sur tout. La poésie, parce qu’elle va affronter ce problème, ou parce qu’elle va produire un décalage dans le langage, permet de faire un pas de côté par rapport à cette langue permanente et bavarde qu’on entend partout. On emploie des mots qui sont répétés à l’infini, sur lesquels les gens ne s’interrogent pas…

Lorsque tu dis que la poésie permet ce travail sur la langue, qui est un travail également politique, tu ne penses pas que le roman est capable de faire ce même travail ?

La division entre les genres n’a souvent pas grand sens. J’adore la poésie mais aussi le théâtre, et j’adore les romans policiers. Le problème du roman est qu’il y a beaucoup de romans qui ne s’intéressent pas à la langue. Les romans que j’aime sont ceux qui ont une attention pour l’écriture, mais ce n’est pas, selon moi, la chose la plus fréquente.

Est-ce que, lorsque tu as créé ta maison d’édition, tu avais en tête des éditeurs qui t’ont en quelque sorte servi de guides ?

Il y a beaucoup d’éditeurs que j’admire, mais je crois que je les ai découverts après avoir fondé Lanskine. Lorsque j’ai commencé, je connaissais bien les éditeurs d’art. Je connaissais aussi les revues d’art des années 1920, 1930, 1940, des revues dans lesquelles on pouvait trouver à la fois de l’art, de la poésie, du théâtre, des critiques de musique. C’est cette ouverture que j’aime. Ceci dit, j’aime des maisons d’édition comme l’Attente, comme Al Dante, NOUS, les éditions Isabelle Sauvage, et d’autres encore.

Ce sont des éditeurs qui défrichent, qui portent leurs textes. J’apprécie les gens qui, dans le monde de l’édition, sont honnêtes vis-à-vis de ce qu’ils font. P.O.L a été important parce qu’il avait la capacité de publier des choses très novatrices et des choses plus faciles – ce qu’on pouvait lui reprocher mais qui me semble une chose également intéressante… J’aime les éditeurs qui prennent des risques, qui défendent des idées, des formes, qui prennent le risque de publier des premiers livres. Pour moi, c’est très important de laisser émerger de nouvelles voix, de publier des premiers livres.

Ce qui me paraît extraordinaire dans l’édition de poésie, c’est que lorsque l’on publie un livre, le livre ne s’arrête pas là. On suit le livre, on l’accompagne, on organise des rencontres, des lectures. Certains auteurs lisent très bien, pour eux la lecture est une expérience intellectuelle mais aussi physique, corporelle. Toutes ces dimensions sont très riches, et je ne sais pas si l’on peut retrouver tout ça lorsque l’on publie des romans. Certains poètes vont travailler avec des musiciens, avec des peintres, des metteurs en scène. La création poétique permet toutes ces rencontres entre des arts différents.

Lorsque tu reçois un texte, qu’est-ce qui fait que tu vas juger que ce texte est pour toi publiable ou ne l’est pas ?

Le critère, c’est mon goût. Il y a des choses qui font que je sais tout de suite que je ne publierai pas tel texte. S’il y a des images creuses, des rapprochements de mots tellement convenus, je sais que ce n’est pas possible. A l’inverse, tels rapprochements de sons, tels rapprochements de mots font que le texte me parle, et je peux publier des textes très divers. Quand je lis un texte, ça se joue aussi au niveau physique.

Tu es seule à décider ?

 

Oui… Tu sais, je reçois entre 600 et 700 manuscrits par an. J’ai décidé d’arrêter de recevoir des manuscrits envoyés par la poste, déjà parce que les envois postaux sont chers et que ça représente une dépense importante pour les poètes qui envoient leurs manuscrits, mais aussi parce que ça correspond à mes idées écologistes. Donc, les manuscrits me sont envoyés par internet, et le problème est que beaucoup de gens m’envoient des choses qui n’ont aucun rapport avec ce que je publie.

Le résultat est qu’il y a un nombre important de textes que je reçois et que je ne lis pas, ou que je ne lis pas entièrement, je vois que ce n’est pas possible au bout de quelques lignes ou de quelques pages. Si un texte ne pose pas de problèmes ou ne me pose pas de questions, je sais que ce n’est pas pour moi. Mais tout ça est vraiment subjectif, ce n’est pas un jugement absolu. Je ne permettrai pas de dire à un auteur : « la poésie c’est ça et pas autre chose ». Dans la poésie, il y a certainement des choses que je ne comprends pas, à côté desquelles je passe, et j’ai conscience que je peux aussi bien passer à côté d’une démarche qui est très bien.

Dans le catalogue de Lanskine, on trouve beaucoup de femmes. Est-ce une volonté de ta part ?

Ce n’est pas un choix, ça s’est fait tout seul. Je trouve que l’écriture féminine va à l’essentiel de quelque chose, par exemple à l’essentiel du corps. Je pense que l’on ne peut pas dissocier l’écriture, la pensée, le corps, et les femmes qui écrivent ont peut-être une capacité à faire ressurgir ça. Ce qui me frappe dans les écritures de femmes – et je pense, par exemple, à Anne Kawala –, c’est qu’il y a un rythme qui est comme un flux. C’est quelque chose à quoi je suis sensible. Je me suis rendu compte que j’ai publié une vingtaine d’auteurs pour lesquels c’était le premier livre, et parmi ces vingt, il y a un seul garçon – mais ce n’est pas un choix conscient, je constate simplement que ça s’est trouvé comme ça.

Le fait que tu publies un nombre important d’auteures est aussi intéressant si l’on prend en compte que le milieu de la poésie, en tout cas en France, est un milieu très masculin, avec un certain machisme…

C’est pareil pour le milieu des éditeurs. Ça m’est arrivé d’être dans une réunion avec d’autres éditeurs qui étaient des hommes – eh bien, je n’ai jamais eu la parole. Je pense que c’est quand même un milieu machiste…

Un de mes souvenirs du Marché de la poésie concerne un poète très connu qui, lors d’une rencontre avec d’autres poètes, qui étaient tous des hommes, et devant le public, a dit : « les femmes n’ont pas besoin d’écrire de la poésie parce que les femmes sont la poésie », ce qui a semblé beaucoup amuser ces messieurs…

Non, mais vraiment, qu’est-ce que tu veux dire face à ça ? Il n’y a plus rien à dire, c’est lamentable – alors que l’écriture des femmes, et de manière générale celle des gens qui se remettent en cause, sont bien plus intéressantes…

Le problème est aussi que cette minoration des femmes dans la poésie se retrouve dans la presse, dans la place qui est faite aux livres écrits par des femmes dans les critiques. J’ai des exemples précis en tête…

Dans la revue Java, il y avait Vannina Maestri, mais l’on parle rarement de ce qu’elle écrit alors que son travail est passionnant…

Le Monde ne consacre jamais deux pages à Liliane Giraudon, pourtant ce qu’elle fait est cent fois au-dessus de la plupart des livres de mecs…

Ce traitement réservé aux femmes est assez fréquent dans ce milieu, et dans le milieu de la création artistique en général…

Dans ton catalogue, je suis aussi frappé par la présence d’auteurs étrangers, que tu fais traduire et que tu publies. Pourquoi ce choix ?

Parce que c’est passionnant, que ça ouvre sur d’autres manières de voir. Les traductions que je publie sont souvent dues à des rencontres avec des traducteurs, et ces rencontres me permettent d’avoir accès à des mondes incroyables. La traduction d’un texte coûte cher, mais c’est très intéressant à faire.

J’ai publié Vache enragée, un livre de Nathan Trantraal qui est un écrivain d’Afrique du sud, qui vit dans un township, qui est métis, qui n’écrit pas en Afrikaans mais en Kaaps. Sa langue est tellement rythmée que ça renvoie immédiatement à une tout autre perception. Je publie aussi des auteurs polonais et la poésie polonaise est vraiment passionnante.

Ces jours-ci, je publie un livre intitulé Tchernobyl, récits, de l’auteure norvégienne Ingrid Storholmen. Son texte est politique, très fort, très épuré : c’est cette rigueur de l’écriture qui en fait, pour moi, de la poésie. Ingrid Storholmen porte en elle la volonté politique de parler de Tchernobyl à une époque où, par rapport au nucléaire, nous sommes au contraire totalement infantilisés – tu as vu que d’autres EPR vont être construits, sans que l’on nous demande notre avis ?
Avec ce livre d’Ingrid Storholmen, on peut comprendre que la poésie correspond à une volonté de reprendre nos existences en main : il faut que l’on reprenne les mots, que l’on reprenne notre voix, pour parler dans notre monde.

En 2018, j’ai publié La fabrique de levure, de l’auteur polonais Jakub Kornhauser, qui est juif et vit en Pologne. Dans ce livre, Jakub Kornhauser parle du monde juif qui, en Pologne, a disparu, et ce texte ne parle pas de la disparition en elle-même mais arpente les lieux où existent encore des traces de ce monde disparu. Ce qui est actuellement valorisé par l’État polonais, c’est ce qui loue le catholicisme et « l’esprit polonais ». Dans ce contexte, ce livre de Jakub Kornhauser est un livre de résistance, et le publier est aussi un geste politique. Évidemment, la poésie ne change pas le monde, mais elle permet d’avoir un regard différent sur ce qui se passe. Par la poésie, se pose toujours la question politique de ce qu’on nous dit, de ce qu’on entend habituellement.

Pourquoi est-ce qu’on ne parle pas de poésie dans la presse ? On dit que la poésie est obscure, abstraite, ou on la réduit à des choses qui parlent de petits oiseaux, alors que fondamentalement elle interroge la langue, elle interroge ce que l’on dit en permanence. C’est le pouvoir de la poésie et, selon moi, c’est un grand pouvoir.

Est-ce que, à l’heure actuelle, s’engager dans l’édition de poésie n’est pas, d’un point de vue économique, ce qui est le plus risqué ?

Le moment le plus agréable est celui où l’on choisit un texte, où l’on décide de publier tel texte. Et il y a aussi la rencontre avec l’auteur. Ensuite, il faut faire la maquette, s’occuper de la couverture. Il faut également aller voir les libraires, organiser des lectures, faire des salons, trimballer des cartons. Tout ça me plaît beaucoup, le but étant que le livre existe et rencontre des gens. Mais il y a aussi une dimension très ingrate : charrier ses livres dans une valise, faire le tour de toutes les librairies pour présenter chaque livre, etc. Et, au final, la poésie ne se vend pas beaucoup. Toutes ces exigences pour qu’un livre existe, avec les limites que ces exigences impliquent, font que notre économie est très fragile. Je ne me paye pas, tout ce que je gagne est utilisé pour la publication d’autres livres. En France, on a la chance que le CNL existe et aide la poésie, et il y a aussi des financements par les régions, etc. – même si je ne suis pas très bonne pour rechercher des aides, faire des dossiers…  Donc, oui, notre économie est très fragile, mais c’est aussi un combat. Est-ce que ce serait plus agréable de vendre des livres qui se vendent facilement ? Je ne sais pas…

Dans tes projets, il y a l’ouverture d’un lieu à Paris. De quoi s’agit-il ?

L’idée est d’en faire un lieu qui serait, principalement, une librairie de poésie. Ce ne serait pas uniquement une librairie pour les livres de Lanskine mais on pourrait y trouver le maximum de ce qui se publie en poésie…

Il est situé où, ce lieu ?

C’est dans le 5e arrondissement, vers la Grande Mosquée, pas loin du Jardin des Plantes. Donc, ce sera principalement une librairie, mais il y aura aussi un café qui vendra des produits bio, ce qui correspond à mon engagement écologiste. Mais ce sera aussi un lieu de lectures, de rencontres, de discussions. Le premier étage sera consacré à la librairie de poésie, avec aussi un espace pour projeter des films. Au même étage, il y a cet espace où l’on pourra organiser des rencontres, des débats. Dans l’espace du bas, il y aura des romans, des livres pour enfants, et aussi des livres politiques. Ce sera un espace multiple pour des points de vue, des discours différents, et des rencontres entre ces discours et points de vue. Je pense que l’on a besoin de lieux où la parole est possible, où la rencontre est possible.

Si tu regardes ce qui se passe avec Greta Thumberg, on voit comment elle se trouve face à des gens qui rejettent ce qu’elle dit en jugeant qu’elle n’est pas spécialiste du domaine dont elle parle, mais ces mêmes gens rejettent tout autant les discours des spécialistes en jugeant que ceux-ci ne connaissent pas la « vraie vie ». Au final, nous n’avons plus la possibilité de parler : on nous dit que nous n’avons pas le droit, que nous ne sommes pas spécialistes, et lorsque nous sommes spécialistes, on nous dit que nous ne connaissons rien aux contraintes du réel, etc. L’idée de ce lieu est qu’au contraire les gens puissent parler.

Quand penses-tu l’ouvrir ?

On espérait en décembre mais, comme il faut faire des travaux, organiser le fonctionnement de ce lieu, ce sera sans doute en mars 2020.

Catherine Tourné © Jean-Philippe Cazier

A côté de ce lieu que tu vas ouvrir, comment est-ce que tu conçois le futur des éditions Lanskine ?

 

Je souhaite continuer à rencontrer de nouveaux poètes, en particulier des auteurs d’autres pays, rencontrer d’autres voix. Si je reviens aux auteurs polonais que je publie, on voit bien que les images dans leurs textes, la façon dont les rapprochements se font, ne sont pas les mêmes qu’ici, ce sont des images qui sont éloignées de notre façon de percevoir les choses. C’est ce genre de découverte et de rencontre qui m’intéresse beaucoup. Ça me semble important que l’on puisse faire entendre d’autres voix… Mais je n’ai pas vraiment pensé au futur. Je suis tellement prise par ce que je fais au présent, par le travail que ça demande, et par toutes ces rencontres qui me passionnent, que je n’ai pas réellement le temps de penser au futur. J’adore ce que je fais, je suis complètement dedans, alors j’ai du mal à concevoir autre chose. Je crois que si je vis jusqu’à cent ans, je serai comme Nadeau, encore au milieu des livres et en train d’en publier.

L’édition, pour toi, c’est d’abord un style de vie ?

Je crois que oui. Ça a transformé ma vie.