« Amélia avait tenté sa chance elle aussi dans ce nouveau Far West qu’étaient les Balkans à peine pacifiés. » Cette phrase de Jakuta Alikazovic dans son troublant roman L’avancée de la nuit est une très bonne entrée dans le deuxième long-métrage de fiction de Valeska Grisebach, Western. Comme dans le beau Sehnsucht (Désirs) de 2006, il y a ici aussi des personnages qui se cherchent et se perdent, et, encore davantage, ceux qui tentent leur chance : the pursuit of happiness selon la fameuse Déclaration d’Indépendance des États-Unis.

Quelque chose est en train de se passer dans l’Ouest américain et dans les bacs de nos libraires préférés. Car si les rayons se remplissent toujours d’aventures d’as de la gâchette ou d’Indiens malmenés par l’homme blanc et la modernité galopante, Comment ne pas souligner la dimension littéraire du troisième tome d’Undertaker, L’Ogre de Sutter Camp, signé Ralph Meyer, Caroline Delabie et Xavier Dorison, tant l’arrivée d’un vilain charismatique vient bousculer les codes de la BD de genre ?

Il est réconfortant de se rappeler que le système hollywoodien sait produire autre chose que des films pour ados, des adaptations de comics ou des poursuites en bagnoles (si possible avec des filles en short qui applaudissent). Déjà oscarisé pour Birdman, Alejandro Gonzalez Iñarritu est devenu l’un des meilleurs représentants d’un cinéma d’auteur commercial mais ambitieux, profondément ancré dans une tradition cinématographique.

Il faut toujours un peu de temps pour savoir si un film des frères Coen est un « petit » ou un « grand ». Fargo reçut des critiques favorables mais mesurées lors de son passage à Cannes. Lors de sa sortie en septembre 1996, les mêmes critiques s’inclinaient devant le chef d’œuvre. Avant de devenir un film culte, The Big Lebowski sortit en France sous l’air du « petit divertissement sympa » que l’on réserve aux films de genre en général et aux comédies en particulier. Parfois, le temps semble relativiser la qualité du film : The Barber n’aura pas tenu la distance. Pour Intolérable cruauté ou Ladykillers le temps ne changea rien à la déception, les films étaient ratés. Et A Serious Man, l’un de leurs meilleurs films ? On parlera de film maudit…

Le grand talent de Quentin Tarantino, c’est déjà d’être arrivé à faire de chacun de ses films un incontestable événement cinématographique, quand bien même le spectateur sortirait de la projection frustré et plus ou moins déçu, 8 Salopards n’échappant pas à la règle. Il faudrait bien peu fréquenter les salles de cinéma pour bouder ainsi son plaisir devant ce déferlement de références largement assumées par un réalisateur cinéphile. C’est pourtant là un des problèmes : les films de Tarantino ressemblent à ces images où l’on doit retrouver en un minimum de temps le titre d’un maximum de films.