Ni un drame écologique, ni une crise climatique, ni un délitement social : une catastrophe civilisationnelle. Voilà où nous en sommes. Ou peut-être, pour le dire comme Jean-Luc Nancy, une « maladie de l’esprit ». Régime d’aliénation ou d’ensorcellement. Pas seulement intenable mais également insouhaitable.
Category Archive: Tribunes
Coups de colère, prises de position et tout sauf des éditos de journaux : ici les tribunes de la rédaction ou de signatures invitées. Parce que la culture est politique, au centre des affaires de la cité. L
Le commerce de la pensée a ceci de commun avec le commerce des détergents que l’on y fait volontiers passer la nouveauté pour l’innovation. Il a ceci de différent que les marques y sont très mal protégées. N’importe qui peut se dire philosophe (ou penseur). N’importe qui peut y ajouter « populaire ». N’importe qui peut qualifier de « populaire » n’importe quoi. Michel Houellebecq et Michel Onfray ne sont pas n’importe qui. C’est pourquoi leur récent dialogue paru dans la revue Front Populaire n’est pas n’importe quoi, bien que ce qui s’y dit le soit.
Isabelle Adjani et L214 dénoncent les conditions d’élevage déplorables du 1er producteur européen de fromages de chèvre fermier : chevreaux à l’agonie abandonnés sans soins, élevage zéro pâturage, chèvres entassées par milliers, coups de bâton, système intensif…
Depuis jeudi midi, la France est jetée dans un rare émoi. L’attribution à la mi-journée du prix Nobel de littérature à Annie Ernaux a fait l’effet d’une véritable tempête. Si, à l’instar de l’académie suédoise, le monde entier salue chez la romancière française son sens aigu de l’observation sociale ainsi que la mémoire interpersonnelle que son écriture, à l’unisson d’une société qu’elle traverse, sait porter, l’accueil en France se montre nettement plus mitigé. Agité, il se révèle profondément divisé, clivé, fêlé. Comme si, plus largement, l’annonce de la distinction d’Annie Ernaux rejouait toutes les fractures littéraires, nationales et politiques qui, depuis bientôt quelques courtes années, agitent le débat public et dont, à son corps défendant, Annie Ernaux serait, depuis la littérature même, l’incarnation la plus accomplie : à la fois le symbole patent et le symptôme latent.
Il y a des surprises désagréables. Celle, par exemple, de voir son livre cité par la directrice d’un cabinet de conseil et le vice-président d’un géant de l’informatique, en tête d’une tribune censée mettre en garde les bons citoyens contre les périls du métavers. La pensée-marchandise avoue sa misère : nos hauts dirigeants en sont réduits à piller leurs ennemis, aussi modestes soient-ils.
Inaugurée le 18 juin dernier dans la petite ville allemande de Kassel, la documenta 15 s’est fait le théâtre d’un enchaînement de gestes étranges et inquiétants, dont la violence symbolique, politique et morale ne sera sans doute pas sans laisser de traces.
Monsieur le ministre,
Aujourd’hui sont proclamés les résultats du premier tour de l’examen du Baccalauréat. Il s’agit, peut-être encore, du jour le plus important de la scolarité de tous les lycéens de France et des professeurs qui les ont formés.
Ce court texte entend apporter un élément de réflexion autour de la question fatidique du « que faire ? » lorsqu’elle émane des chercheurs et enseignants.
Je vieillis. Mal qui plus est selon l’expression consacrée qui signifie que sans être devenu complètement grabataire on est d’ores et déjà sur la pente savonneuse du déclin inéluctable qui guette chacun, chacune d’entre nous faute d’avoir inventé l’immortalité en dosette recyclable ou en pilule conventionnée.
À l’occasion de la rencontre « Le climat, récits et imaginaires » avec Marie Darrieussecq, Philippe Rahm et Dominic Thomas, modérée par Jean-Max Colard, qui s’est tenue à la Villa Gillet le mercredi 9 mars 2022 à Lyon, le Directeur du Département des Études françaises et francophones, Université de Californie-Los Angeles (UCLA), Dominic Thomas, nous propose ce texte sur les liens entre climat et littérature.
Gangster, c’est l’appartenance à un gang, à un groupe privé qui vient détourner des fonds ou le sens de ce qui est dit. Au point d’introduire partout dans le système des échanges et des idées, des formes de récupération et de réaction. Gangster est le nom du blanchiment d’un trafic. Blanchiment du sens, des valeurs, des arguments, des régimes de discours et de phrases que Lyotard avait soigneusement distingués dans Au juste, et encore dans un livre savant relatif au Différend.
Je ne voudrais pas être désagréable, parce que Mohamed Mbougar Sarr a une tête sympathique, beau gosse, présente bien, parle encore mieux, dit des choses plutôt sensées et, surtout, c’est un admirateur inconditionnel de l’écrivain chilien Roberto Bolaño et, aussi, je viens de l’apprendre en feuilletant le dernier numéro de l’année 2021 du Monde des livres, fan de L’insoutenable légèreté de l’être (1982), qu’il offre à tout va autour de lui, et quelqu’un qui admire inconditionnellement Roberto Bolaño et Milan Kundera, ne peut pas être, de mon point de vue, un mauvais bougre, mais son roman La plus secrète mémoire des hommes, prix Goncourt 2021, qui a reçu les louanges du tout Paris littéraire et d’ailleurs –« roman total », « chef-d’œuvre », « merveilleux », « grand livre », « jubilatoire », « livre-monde », « flamboyant », « roman idéal » et j’en passe dans l’épithète dithyrambique–, me semble une bien belle escroquerie, bâti, qu’il est, sur des emprunts à la tire larigot aux deux romans de Roberto Bolaño, Les détectives sauvages (1998) et 2666 (2005), et aussi, d’une manière moins appuyée, à La littérature nazi en Amérique (1996), Amuleto (1999), Le secret du mal (2007) ou Les déboires du vrai policier (2011). Certes, comme a pu l’écrire jadis l’historien Lucien Fevbre dans Combats pour l’histoire (1953), « s’il y a emprunt, c’est qu’il y a besoin ». Mais à trop emprunter on y laisse son âme. Qu’importe ! « Un petit moment de honte est vite passé », disaient nos grand-mères. Dont, acte.
Vous vous appelez Emmanuel Macron. Vous êtes le Président de la République française. En 2017, vous avez été élu avec 66% des voix. Ce pourcentage n’a jamais signifié une adhésion à vos idées, à votre programme. Vous avez été élu avec un tel pourcentage car vous vous présentiez contre Le Pen et que la majorité des français.e.s rejette Le Pen. Dans ces conditions, le vote important en votre faveur, les raisons de ce vote vous obligeaient à un devoir moral. La politique que vous menez depuis bientôt cinq ans crache quotidiennement sur ce devoir moral.