Asli Erdoğan a été arrêtée le 17 août 2016 en même temps que d’autres membres du journal pro-kurde Özgür Günden. Le journal a été interdit de publication, ses locaux ont été investis par la police et fermés. Depuis le mois d’août Asli Erdoğan est détenue à la prison pour femmes de Bakirköy, à Istanbul, son procès devant avoir lieu ce 29 décembre 2016.
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Coups de colère, prises de position et tout sauf des éditos de journaux : ici les tribunes de la rédaction ou de signatures invitées. Parce que la culture est politique, au centre des affaires de la cité. L
« Pour commencer, je voudrais parler de ce qui m’est arrivé récemment.
A un endroit dont je ne me souviens plus, Foucault, en réponse à une question pernicieuse, évoquait les « morceaux d’autobiographie » que l’on pouvait trouver dans son œuvre. Ironiquement, il n’est pas certain que le premier des intellectuels spécifiques ait contrôlé son dernier moment autobiographique : a-t-il su qu’il mourait du sida ?
Jamais un homme politique, sous la Ve République, n’avait peut-être été à ce point désincarné. Jamais peut-être un homme politique, comme François Hollande, n’avait été l’homme de la désincarnation, de l’effondrement en soi du pouvoir, du pouvoir mu en conquête irrésistible d’un soi flasque et fuyant.
LES RÉFUGIÉS SONT-ILS UN PEUPLE ?
Dernier acte de la primaire de la droite et du centre au terme d’une séquence qui n’a pas fait grandir la vie politique française, loin s’en faut. Nous republions la tribune de Johan Faerber écrite au lendemain du premier tour.
De quels actes sommes-nous les hommes ? Que signifie voter, dimanche dernier et ce dimanche qui vient, quand on est de gauche, quand on se dit de gauche, quand le nom de Gauche répond des gestes de chacun aux primaires de Droite ?
Les féministes, en inventant la formule « Mon corps m’appartient », ont exprimé une façon de créer les conditions d’un rapport à soi et aux autres nouveau, mais aussi une nouvelle façon de faire de la politique.
De quels actes sommes-nous les hommes ? Que signifie voter, dimanche dernier et ce dimanche qui vient, quand on est de gauche, quand on se dit de gauche, quand le nom de Gauche répond des gestes de chacun aux primaires de Droite ?
Ce que vous ignorez, cher Nicolas Sarkozy, en multipliant les déclarations sur les enseignants qui – vous le dites pour le démentir aussitôt – « font le métier le plus difficile », c’est qu’un professeur d’histoire, un professeur de littérature n’ont pas étudié des œuvres critiques pour échapper au service que ces disciplines ont exigé. Un professeur de philosophie ne rêve pas de s’évader du choix qui fut le sien lorsqu’il est entré, jeune, dans l’étude des œuvres. Cela n’aurait aucun sens, pas plus que le menuisier ne fuit le bois (même si on peut vous concéder que ces métiers se font rares en France depuis que le libéralisme dont vous avez la charge vandalise toute chose). Le but d’un métier si difficile ne pouvait donc pas consister à se passer enfin de tout travail, de manière infantile, dans une vision primaire, celle des cahiers jetés au feu après l’obtention d’un concours redoutable.
La moindre réplique littéraire de Monsieur Finkielkraut est son éloge personnel et politique au fascisme français.
Chers amis, chers artistes, metteurs en scène, musiciens, comédiens, cinéastes, militants, associatifs, élus, nous allons lancer, dans les heures qui viennent, Ricardo Montserrat Galindo et moi, auprès de tous ceux qui nous sont proches, qui nous aiment, qui se battent à nos côtés, en urgence, en état d’urgence, une campagne d’urgence, une lecture publique de ce que Asli Erdogan a écrit, et qui risque de la tuer.
Au lendemain de cette désastreuse élection, on ne compte plus les indignations ridicules de gens raisonnables, qui reprochent aux électeurs d’avoir mal voté. Ils ont bien plutôt voté pour le mal. Non que le nouveau président des États-Unis soit le mal incarné (ce serait tout de même lui faire trop d’honneur), nous pensons plutôt ici au mal historique, celui dont la nécessité est, selon quelques grands philosophes, le moteur de l’histoire.
Chaque jour depuis septembre, plusieurs écrivains turcs se tiennent debout face à la prison pour femmes d’Istanbul. Solidaires, ils protestent contre l’emprisonnement d’Asli Erdogan, l’auteur du Bâtiment de pierre. Jeudi dernier, les procureurs turcs ont réclamé la prison à vie pour la romancière qui, à 49 ans, n’a jamais commis d’autre crime que d’écrire dans une presse favorable aux revendications du peuple kurde.
À l’heure de la victoire de Trump, icône anti-moderne absolue, deux considérations s’imposent au-delà de l’hébétude et de la stupéfaction folles.
Ce ne sont pas seulement deux livres publiés aux éditions du Seuil que les jurys du prix Medicis ont couronnés ce mercredi 2 novembre 2016. Ne noter que ce « doublé » serait réduire la portée symbolique de ce double choix, cette extension du domaine littéraire, la reconnaissance d’un jeu avec les frontières essai/récit, réel/fiction, longtemps considérées comme étanches, du moins en France. Pourquoi choisir Laëtitia d’Ivan Jablonka pour le Medicis roman et Boxe de Jacques Henric pour le Medicis Essai sinon dans l’idée implicite que chacun de ces deux livres auraient pu figurer dans l’une comme dans l’autre des deux catégories, vidant les étiquettes génériques de leur sens étroit ? Ce prix ne fait qu’un et il doit être lu comme un diptyque.