Trois années séparent les 2 disques de Mensch, étrangement symétriques jusqu’à leur nombre de morceaux : 8 chacun. Un album à la pochette bleu. Un album à la pochette noire. Le jour et la nuit. La lumière et l’ombre. Danser et mourir : l’un est l’extension de l’autre.
Tarifa, sorti récemment, fait donc suite à Mensch, sorti en 2012. Et au milieu de la noirceur de leur univers, une lueur émerge en 2015. La voix de Vale Poher transperce cette obscurité accompagnée à la basse de Carine Di Vita. La frontière entre les deux est ténue mais pour franchir le cap séparant les 2 opus, le groupe a mis en avant un single de rupture : Cosmopolitain. Car, premièrement il est interprété en français, à la différence de tous les autres titres et deuxièmement leur rock qui s’inspirait jusque là essentiellement de la cold-wave de Joy Division semble s’envoler et respirer. Et malgré la transposition dans la langue de Molière et donc la contradiction que cela génère avec la pop britannique, elles n’ont jamais été aussi près de The Smiths ou de The Cure. Et des moments de grâce, il y en a d’autres sur ce deuxième disque, comme l’introduction aux chœurs angéliques d’After Love ou More Is More où les paroles expriment ce que l’auditeur ressent : il en demande.
Si Carine superpose sa voix à celle de Vale Poher sur certains titres, les 2 Lyonnaises se répondent plus par instruments interposés que par le chant. Ligne de basse entêtante, on imagine dans leur musique et dans leur jeu de scène, l’ambiance qui devait régner dans les caves de Manchester à la fin des années 70 avant l’émergence de la new-wave au début des 80’s, avec son public sautillant aux boucles de guitares et aux boîtes à rythmes. Ces dernières prennent toute leur ampleur lors du final de leur concert en reprenant de leur premier album un titre, Swim Swim, où des claviers, jusqu’ici très discrets, surgissent tout à coup au milieu des sons dominants de la guitare électrique et la basse associées.
Malgré les parts d’ombres reliquat du premier disque, Tarifa est bien l’un d’un des disques les plus enthousiasmants et lumineux de cette rentrée.
Mensch, Mensch, Tsunami Addiction (2012)
Mensch, Tarifa, Tsunami Addiction (2015)
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