Que menace le sourire des femmes chez certains hommes ? Que vient défier un sourire au point d’exiger qu’il disparaisse ? Les réponses me viennent par dizaines et chacune d’elles m’insurge. Dans ce livre, tous les sourires sont amenés à disparaître des visages comme une longue crispation en grimace, un chemin vers la laideur. Une défiguration donc. Celle, lente et terrible, d’un jeune couple dont l’histoire est narrée par celui qui a frappé à mort celle qu’il aimait. Avec Baisse ton sourire, troisième roman de Christophe Levaux paru aux éditions Do en janvier dernier, nous lisons un récit de violence conjugale, orchestré par une narration houleuse, cynique et intelligente.

L’écriture est blessée et mordante : Isabelle Alentour produit une poésie incisive et nécessaire qui dit l’atroce plus qu’elle n’en parle. Avec Ainsi ne tombe pas la nuit (2019), la poète signe un texte bouleversant où, plus que jamais, l’expression « rage de l’écriture » fait sens et s’inscrit « chair et verbe sur le papier ».

Incantation pour nous toutes. Voilà un titre qui provoque en moi une curiosité et un impérieux désir de lecture. Entre mes mains, le livre semble petit, fragile, secret et il me vient à son égard un curieux sentiment de possessivité. La couverture sombre teintée à la façon des tableaux de Soulages d’une subtile nuance de violet me le rend encore plus précieux.

Les mots ne manquent pas pour décrire Goliarda Sapienza : atypique, forte, libre, intransigeante, talentueuse, complexe, ambiguë, charnelle et tendre. Une nébuleuse de mots  l’entoure de prestige comme un halo ou la poursuit comme un voile brumeux. L’originalité et la marginalité de ses écrits sont souvent rapportées à son éducation originale, à sa naissance dans une famille socialiste, anarchiste, sicilienne, et qui plus est recomposée. L’image construite est celle d’une femme indépendante dont la manière d’être et de vivre constitue aujourd’hui un modèle d’émancipation politique et féministe.

Débrouille-toi avec ton violeur, c’est le titre saisissant du dernier livre de l’édifice post-exotique, une œuvre littéraire singulière qui se déploie sous plusieurs signatures : Volodine, Kronaeur, Draeger, Bassmann en sont les manifestations les plus connues, jusqu’à ce jour où le post-exotisme s’ouvre à une nouvelle signature, Infernus Iohannes. Derrière cette signature, l’idée fictionnelle d’un collectif d’écrivain : l’effacement de l’individualité derrière l’idée poétique et poétique du groupe.