Quel enfant lance le mode « Carrière » de Fifa (16, 17, 18, 19…) sur sa console chérie, et choisit d’incarner, pour les 200 prochaines heures de sa vie ludique… un gardien de but ?
Quel auteur se lance dans un roman d’inspiration footballistique ou dans la biofiction d’un footballeur, et ne préfère pas narrer le destin d’un Garrincha ou d’un George Best — on aura reconnu Éloge de l’esquive d’Olivier Guez (Grasset, 2014) et Le Cinquième Beatles de Vincent Duluc (Stock, 2014) — plutôt que celui d’un gardien de but ?

Arte diffuse un captivant documentaire sur Paul Auster, signé Sabine Lidl : Paul Auster, le jeu du hasard. Prenant prétexte de la parution de 4321, le dernier roman de l’écrivain — monumentale somme et mise en perspective de l’ensemble des topiques son œuvre, fascinant jeu de miroir sur les rapports du réel et de la fiction —, le film croise la lecture de pages du livre, les confessions de son auteur sur l’écriture, le cinéma, la vie, sa famille et celles de proches en un puissant portrait diffracté.

La mer – Ionienne – à perte d’horizon et une liste de prénoms dont une voix-off égrène les sonorités italiennes s’envolant dans l’infini du souffle bleu. Le ton du documentaire est donné dès la première scène, dès les toutes premières minutes qui ouvrent le regard et le cœur : Un Paese di Calabria de Shu Aiello et de Catherine Catella est à voir pour lui-même et son esthétique, pour son sujet atypique et pour tous les aspect sociopolitiques qu’il évoque et qu’il soulève.