L’une des caractéristiques du fabuleux roman de Lydia Flem, Paris Fantasme, est de faire des recettes de cuisine l’un des moteurs romanesques de son arpentage de la rue Férou. Son enquête brasse les siècles et les imaginaires et la cuisine y apparaît pleinement comme une archive, dès la trace du mot « pot-au-feu » au bas d’un mur de la rue. Une recette de cuisine est un condensé d’histoire des sensibilités, elle dit les variations dans nos rapports à la nourriture, aux dîners privés, amicaux ou aux réceptions, c’est aussi la transmission entre les générations et un genre littéraire, de la Renaissance à aujourd’hui, en passant par Dumas et Giono.
recette
« Pour occuper mes doigts, je prépare une soupe au pistou. Moins risqué.
« Je me souviens que le quatre-quarts doit son nom au fait qu’il est composé d’un quart de lait, d’un quart de sucre, d’un quart de farine et d’un quart de beurre. » (Je me souviens, Hachette, « P.O.L », janvier 1978).
Dans Le plus et le moins d’Erri de Luca (Gallimard, mai 2016), plusieurs mentions des aubergines à la parmesane, le plat de son enfance, que sa mère lui préparait ensuite à chacun de ses retours. Et, page 26, le secret de la recette dévoilé :
On connaît Douglas Kennedy pour ses livres d’une efficacité redoutable, son amour pour Paris et sa maîtrise assez sidérante de notre langue. Moins peut-être pour ses talents culinaires, un aspect de sa personnalité révélé en 2013 à travers quelques fiches cuisine Elle, dont un flan décadent que l’on aime déjà pour son titre.
Jusqu’ici cette rubrique culinaire de Diacritik a été très littéraire. Il n’y a pourtant pas que dans les livres que les personnages passent à table, on mange aussi dans les films et les séries. L’occasion d’un triptyque, autour de la cuisine italo-américaine de la Mafia, et plus particulièrement des Soprano, cette série si justement analysée par Emmanuel Burdeau dans son livre La Passion de Tony Soprano.
Parue aux éditions Gaïa en 2012, La Cuisine totalitaire de Wladimir et Olga Kaminer trouve une seconde vie en poche chez Babel. Traduit de l’allemand par Max Stadler et Lucile Clauss, illustré par Vitali Konstantinov, ce livre révèle la cuisine russe (ou soviétique, la nuance est explicitée dans la préface) et l’étendue de notre ignorance de ses secrets.
Querelle d’héritiers : publié après la mort de Marguerite Duras par son fils Jean Mascolo aux éditions Benoit Jacob (1999), La Cuisine de Marguerite a été interdit par son dernier compagnon et exécuteur littéraire Yann Andréa.
Dans La Préparation de la vie, son dernier livre (Gallimard, 2014), à la page 190, alors que c’est « presque la fin du Ramadan » et de ce texte si sensible, Colette Fellous prépare « une caponata sicilienne pour ce soir ».