Il y a quelque temps Pierre Vinclair avait franchi, pas à pas, la longue terre désolée d’un fameux poème de T. S. Eliot (Terre Inculte. Penser dans l’illisible, 2018). Le voilà qui reprend son sac de sherpa pour gravir un autre Everest : John Ashbery et son Autoportrait dans un miroir convexe, très long poème écrit par le poète états-unien Ashbery (1927-2017) en écho, en mémoire, en miroir de la toile éponyme du peintre italien Le Parmesan (1503-1540).

Splendide : tel est le mot qui vient à l’esprit après avoir lu le nouveau livre de Stéphane Bouquet, Sappho en collaboration plastique avec Rosaire Appel dans la jeune collection « Supersoniques » des éditions de la Philharmonie de Paris. Déjà évoquée dans Un peuple, Sappho devient ici le lieu d’un nom poétique qui permet à Bouquet de s’interroger sur ce que constitue le poème, la parole poétique au regard de ce qui a été perdu ou retrouvé des Grecs, de l’intime lien d’alors avec la cité qui suscitait le poème et combien toute politique est une érotique dont le désir est porté par l’aveu du poème lui-même. Après Le Fait de vivre paru ce printemps, l’un de ses plus beaux recueils, Stéphane Bouquet offre avec Sappho une théorie sensible du monde et du vers qui suscite un certain nombre de questions que Diacritik ne pouvait manquer d’aller poser au poète le temps d’un grand entretien.

Avoir le goût des formes brèves, des livres peu épais – on dit parfois “plaquettes”, sans que l’on sache si c’est en lien avec le beurre ou avec le sang. Aimer les pages envahies de blanc, pas nécessairement de poésie – mais c’est en ce domaine qu’on en trouve le plus. Avoir le goût d’accumuler ces petits ouvrages, parfois délicatement fabriqués à la main jusqu’à former de sacrées piles, devenues “monstres” (n’oublions pas ce titre trouvé par Jean-Pierre Faye en 1975 pour le n°23 de Change : Monstre poésie).

En l’espace d’une vingtaine d’années, recueil après recueil, Stéphane Bouquet s’est imposé comme l’un des poètes français parmi les plus remarquables du paysage contemporain. Le Fait de vivre, son nouveau recueil, qui paraît ces jours-ci confirme, plus que jamais, la place d’importance qui est la sienne : en autant de poèmes qui s’articulent en trilogie et tétralogie, Bouquet déploie un poème qui rêve de quitter le poème, de trouver les étreintes nombreuses et la simplicité, si difficile à rejoindre, de la conversation quotidienne. Le fait de vivre demeure l’horizon que se promet chacun de ses poèmes. Diacritik ne pouvait manquer de partir à la rencontre de ce contemporain capital pour parler de l’un de ses plus beaux textes – sinon son plus beau recueil publié jusqu’ici.

Occuper l’espace, le phraser, le forer depuis la langue – et donner à interroger non le monde mais ses représentations : telles seraient les questions qui viendraient à se dire en cette après-midi du vendredi à la 12e éditions des Enjeux contemporains. « Sous influences : de l’art dans la littérature » offre quatre rencontres où il sera largement question d’occupation de l’espace, qu’il s’agisse de tracer des mots depuis la danse, qu’il s’agisse de faire se répondre la page d’un roman avec la planche de bande dessinée ou qu’il s’agisse encore aussi bien d’interroger la mise en œuvre de l’architecture : son ouvroir de fiction, son potentiel à poser la question politique au cœur de la littérature.

Elle est là qui parcourt neuf photographies de Morgan Reitz. Elle est la figure féminine jamais nommée qui parmi les neuf textes de Stéphane Bouquet contemple, habite, attend, espère une lettre ou la lit, désire, constate sa solitude et la difficulté de la rompre, avait/a/aura rendez-vous avec un homme, qui toujours se soustrait, comme le monde entre deux photographies.

Depuis bientôt une quinzaine d’années, Stéphane Bouquet a su s’imposer comme l’un des poètes les plus remarquables du champ contemporain. S’il avait déjà pu faire entendre sa voix critique en 2007 dans Un Peuple qui invitait à se promener dans un cimetière de noms, il offre, avec la parution ces jours-ci de La Cité de paroles aux éditions José Corti, son premier recueil d’articles critiques comme rassemblés au fil de la douceur d’une conversation.

Depuis bientôt une quinzaine d’années, Stéphane Bouquet a su s’imposer, recueil après recueil, comme l’une des figures parmi les plus remarquables de la poésie française contemporaine. De Dans l’année de cet âge jusqu’à Nos Amériques en passant par Le Mot frère et Les Amours suivants, la poésie de Bouquet déploie la quête sans trêve d’une vie vivante qui voudrait faire surgir un peuple, œuvrer à habiter le monde et à recueillir les instants épars dont les hommes sont faits. C’est à l’occasion de la parution de Vie commune que Diacritik a rencontré le poète pour un grand entretien où il revient sur son œuvre et en particulier sur son nouveau recueil qui s’offre comme l’un des textes les plus importants de cette année.

Qu’est-ce qu’une photo ? J’imagine qu’il faudrait répondre : une somme de couleurs et de lignes et d’ombres / lumières agencée selon un certain ordre. J’imagine mais j’ai du mal à ne pas voir dans les photos en général, et dans celles d’Amaury da Cunha en particulier, un réservoir de récits.