Une semaine après que le Premier Ministre a présenté son « Plan migrants » censé répondre aux conditions d’accueil déplorables auxquelles sont confronté.e.s les migrant.e.s en France – plan manifestement insuffisant et hostile –, des militant.e.s LGBTQI qui s’étaient déjà mobilisé.e.s contre la présence du cortège des « LGBT En marche » lors de la 40e édition de la Marche des Fiertés ont mené une action ce mercredi matin à Paris sur le Pont des arts. Ils ont déployé une banderole d’environ 15 mètres avec ce message : « Macron Starves the Migrants – Queers Against Borders » (« Macron affame les migrant-es – Queers contre les frontières ») Un message qu’ils ont souhaité formuler en anglais pour une visibilité et un impact à l’international.
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Cette action rappelle celle du collectif « Bridges Not Walls » qui avait eu lieu à Londres le 20 janvier dernier pour protester contre l’investiture de Donald Trump et les murs qu’il veut construire : « Queer Solidarity Smashes Borders ».
Le groupe d’activistes CLAQ (Comité de Luttes et d’Actions Queer) réunit des militants de différents horizons, parfois déjà engagés dans d’autres associations, soucieux de se mobiliser sur des actions qui concernent les droits des LGBTQI et des autres minorités.
Le texte qui suit est une analyse de la situation actuelle des migrants en France élaborée par les militant.e.s du CLAQ :
Les exactions menées par les autorités françaises à l’égard des migrants sont documentées. Les faits sont tout d’abord rapportés par les associations et les collectifs de soutien : l’Auberge des migrants, Médecins du Monde, le Baam, la Cimade, etc. 470 organisations ont signé une pétition qui s’appuie sur leurs expériences de terrain. Elles signalent que : « la gestion répressive des migrations internationales et le non-respect du droit d’asile qui prévalent dans la plupart des pays d’Europe, et en France en particulier, sont un échec effroyable » et posent la question suivante : « Notre conception de la justice admet-elle que des militants de solidarité soient harcelés, et jugés comme délinquants, ou que des distributions alimentaires soient interdites par arrêté municipal ? ».
Certains témoignages associatifs sont confirmés par des photographies ou des vidéos.
L’expertise de ces associations a été confirmée par le Défenseur des droits qui demande des comptes à l’État sur la situation des migrant.e.s à Calais ou à Menton.
Le 27 juin 2017, saisi en référé par onze associations, le Tribunal administratif indique qu’« il n’est pas possible de laisser sans aide aucune des personnes en état de dénuement total, à défaut de pouvoir les faire entrer dans les dispositifs d’aide auxquels ils peuvent légalement prétendre, en espérant qu’elles finissent par se lasser et par partir d’elles-mêmes ailleurs », et impose à l’État 10 mesures parmi lesquelles la création de plusieurs points d’eau, des douches et un renforcement des maraudes sociales. L’État a fait appel de cette décision. Chef de l’État, Macron assume par ce recours juridique de laisser les migrant.e.s sans eau, sans nourriture, sans hébergement et encourage leur traque et leurs persécutions par les forces de police. La préfecture du Pas-de-Calais, représentant de l’État, nie les témoignages associatifs et cautionne les pratiques policières.
À Calais, la préfecture de police et la Mairie interdisent aux associations de distribuer de la nourriture et de l’eau, les migrant.e.s sont empêché.e.s de se laver à cause d’arrêtés municipaux.
Toujours dans cette même optique de traque des migrant-es, les dispositifs répressifs sont de plus en plus nombreux. On se souviendra de cet hiver, où des policiers parisiens ont arraché les couvertures des migrant.e.s dormant dehors. Devant le centre « humanitaire » de la Chappelle, dans le 18e, des blocs de pierres ont été installés, empêchant les migrant.e.s d’y dormir. À Calais, les groupes de migrant.e.s sont dispersés avec des gaz lacrymogènes pour ne pas que soit établi de camp de fortune où ils et elles pourraient se reposer.
Dans le 18eme arrondissement, dans le quartier de La Chapelle, les migrant-es se retrouvent à se cacher dans des halls d’immeubles et des entrées de parking pour échapper aux rafles. Il est courant qu’elles et ils se fassent réveiller à coup de matraques et de gaz lacrymogène. Récemment, les forces de l’ordre de Calais sont venues rafler une dizaine de migrant.e.s dans une forêt au petit matin : ils et elles ont été placé.e.s en CRA (centre de rétention administratif).
Alors que la gale, les viroses, la tuberculose, les MST, dont le VIH et les hépatites, comptent parmi les infections très répandues, alors que les traumatismes physiques et psychologiques souvent vécues dans les pays ou lors des trajets devraient entraîner une prise en charge conséquente, la santé individuelle des migrant.e.s, mais aussi la santé publique, sont sacrifiées au tout répressif. Dans les conditions évoquées ci-dessus, l’accès aux soins est très difficile, et le suivi encore plus. Médecins du Monde a récemment témoigné de l’interruption par les forces de l’ordre d’une consultation médicale mobile à Calais. Il s’agit donc d’une véritable menace sur la santé individuelle de ces personnes, mais aussi sur la santé publique – les racistes ne manquant pas de stigmatiser les migrant.e.s comme vecteurs de maladies, alors que ce sont les autorités françaises, jusqu’au plus haut niveau de l’État, qui en sont responsables.
Pour effectuer la demande d’asile en France, les demandeurs-euse.s doivent prouver qu’elles et ils ont fui des persécutions fondées sur la race, la religion, la nationalité, l’appartenance à un certain groupe social (y compris pour des considérations liées au genre et à l’orientation sexuelle, au risque d’excision pour les femmes) ou les opinions politiques. Pour ce faire, ils doivent écrire leur récit de vie, dans lequel elles et ils racontent leur histoire et ce pour quoi elles et ils ont fui leur pays. À la suite de ce récit, un entretien avec un agent de l’OFPRA a lieu : cet agent va poser des questions pour prouver la véracité des propos du demandeur d’asile. Les questions posées sont souvent intimes, et font appel à des souvenirs douloureux. L’État ne fait rien pour arranger ce processus long et usant. Les délais d’attente sont de plus en plus longs (entre six mois et un an), et il n’y a aucun suivi au long cours des demandeur.euse.s d’asile qui, dans l’attente de la décision, sans information des institutions, restent dans le flou le plus total.
Dans les centres surchargés, le suivi social est très compliqué, voire quasi inexistant. Comment suivre la procédure de demande d’asile si les travailleur.se.s sociaux-les n’ont pas le temps ni les moyens d’assurer un soutien ?
A Paris, pour pallier l’urgence des campements de rue, la Ville et la préfecture ont décidé de créer un centre d’accueil « humanitaire ». Ce centre, en plus d’être sous-dimensionné, effectue une vraie entrave au droit d’asile en triant les migrant.e.s selon des critères administratifs prévus par le règlement Dublin 3. La mise en place du CESA (centre d’évaluation de situations administratives) se charge de la prise d’empreintes, permettant de ficher les migrant.e.s dubliné.e.s, en vue d’un potentiel renvoi vers un autre pays (Italie, Hongrie, Norvège, etc.). Le règlement Dublin 3 oblige le ou la migrant.e à faire sa demande d’asile dans le premier pays dans lequel il a déposé ses empreintes. Très souvent, les migrant.e.s sont contraint.e.s de déposer leurs empreintes contre leur gré dans des pays où ils et elles ne veulent pas forcément rester. Le règlement Dublin 3 auquel participe la France, et que Macron et Collomb entendent perpétuer, se cumule avec des dispositifs d’accueil insuffisants, des pratiques policières et administratives arbitraires, pour empêcher les personnes d’obtenir le droit d’asile.
La France va plus loin dans l’illégalité. À la frontière franco-italienne, dans la ville de Menton, des préfabriqués ont été installés pour y parquer les migrant.e.s arrivé.e.s tard dans la nuit en vue d’un renvoi le lendemain matin. Cette pratique est illégale puisque chaque renvoi doit être fait à la suite d’une décision de justice. À cela s’ajoute les violences policières subies par les migrant.e.s aux frontières en général. Aucune position publique du chef de l’Etat ou d’un membre de son gouvernement ne permet d’envisager que ses pratiques illégales ne cessent.
Les mineur.e.s non accompagné.e.s sont sous la responsabilité du département. A Paris, c’est la Croix-Rouge qui s’occupe de leur prise en charge : le DEMIE (dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers) évalue la minorité au faciès. À cause de cette pratique arbitraire, beaucoup d’enfants se retrouvent dans les rues de Paris, livrés à eux-mêmes, parce qu’ils ne sont pas reconnus comme mineurs et n’ont pas accès à la prise en charge adéquate.
Parfois, des tests osseux sont demandés sur décision de justice. Les tests osseux sont une estimation de l’âge basée sur une radiographie des os du poignet : ils se basent sur un atlas de référence qui a été publié dans les années 50 aux États-Unis sur des hommes blancs, sans prendre en compte les évolutions démographiques et morphologiques depuis cette époque. De plus, ils ne sont pas fiables pour les mineurs âgés de 16 à 18 ans. Du fait de leur majorité présumée à tort ainsi que de l’absence de papiers, l’accès à l’éducation est souvent problématique et ce sont les personnes solidaires qui se battent pour que les mineur.e.s puissent aller à l’école.
Pour les mineurs reconnu.e.s comme tel.le.s, la prise en charge est scandaleuse. Ils et elles sont souvent hébergé.e.s dans des hôtels insalubres, avec des puces de lit, de l’humidité, sans électricité et pour seulement quelques nuits. Certain.e.s se retrouvent également sans nourriture dans leur hôtel.
En plus de devoir prouver qu’elles et ils ont fui des persécutions, les demandeurs.euse.s d’asile LGBTI doivent prouver leur orientation sexuelle. Ils et elles se retrouvent face à des agents de l’OFPRA qui peuvent avoir une méconnaissance des communautés LGBTI en général, et dans les autres pays spécifiquement. En ces temps où l’État parle des réfugiés homosexuels tchétchènes sans rien faire pour eux, il est important d’insister sur la défaillance généralisée du système dans l’accueil des réfugiés LGBTI. La violence de l’accès à l’asile en tant que LGBTI ajoutée à la mauvaise prise en charge globale de l’Etat français, contredisent ce discours officiel.
Le plan visant à « garantir le droit d’asile et mieux maîtriser les flux migratoires », dévoilé par Edouard Philippe le 12 juillet 2017 et concocté par Gérard Collomb, témoigne de la volonté du gouvernement et du ministère de l’intérieur de durcir le ton en appliquant une politique de « dissuasion migratoire ». Dans les faits, les réponses apportées aux besoins d’accueil et d’hébergement sont très insuffisantes. Un exemple parmi d’autres : aucune personne en charge de l’urgence humanitaire n’a encore été nommée comme interlocutrice au sein du gouvernement. Dans le même temps, les moyens alloués aux dispositifs répressifs sont renforcés.
Un des présupposés de l’action gouvernementale est la distinction entre réfugié.e.s politiques et migrant.e.s économiques. Or, comme le rappelle la Cimade dans un communiqué du 12 juillet : « les études scientifiques et le terrain démontrent que les motifs de départ sont multiples, complexes et bien souvent liés entre eux. S’y mêlent la violence politique, religieuse ou culturelle, la faillite politique et économique, l’absence de perspective d’avenir, la santé ou les dérèglements climatiques. Enfermer les personnes dans ces catégories et opposer les réfugiés aux migrants économiques, c’est nier la réalité et faire mine de gérer la situation avec fermeté pour satisfaire une partie de l’opinion opposée à l’accueil ».
L’un des effets de cette distinction est notamment de nourrir une discrimination entre bons et mauvais migrants tout en légitimant les traitements, expulsions et violences infligés à ceux qui relèveraient de la seconde catégorie.
Un des mots d’ordre du plan d’action est la « dissuasion migratoire », expression ouvertement raciste et xénophobe qui fait du rejet et de la crainte de l’étranger un objectif en soi. Le racisme et l’obscurantisme du projet se révèlent aussi dans ses incohérences : on propose pour éviter les départs de certains pays d’augmenter l’aide publique au développement alors que la France vient d’en annoncer la baisse. Comme l’écrit la Ligue des droits de l’homme : « Le projet de loi annoncé révèle que le gouvernement n’a en réalité pas de politique des migrations, juste le choix de l’aggravation de la répression et de la négation des droits ».
La Cimade estime que pour héberger la totalité des demandeur.se.s, 140 000 places seraient nécessaires pour répondre à la demande actuelle. Aujourd’hui, seulement 83 000 places, lorsqu’on rassemble tous les dispositifs d’accueil, peuvent être proposées. Il faut donc créer 57000 places. Ce qui ne prend évidemment pas en compte les personnes qui arrivent chaque jour et les prévisions d’arrivée de 2018.
Aucune mesure d’urgence n’a été proposée pour le manque d’hébergement actuel et pour l’été alors que 70 nouvelles personnes arrivent à Paris (selon la mairie elle-même) par jour et qu’on estime déjà les retours à plusieurs centaines de personnes devant le centre de la Porte de La Chapelle, parmi celles qui ont été évacuées, et qui reviennent après un séjour dans un centre éloigné, inadapté et parfois indigne.
Le plan ne prend aucunement en compte les 500 à 600 personnes qui errent actuellement dans Calais, soumises aux violences évoquées précédemment. Le ministère de l’intérieur et le président de la République continuent également d’ignorer les demandes de Damien Carême, maire de Grande-Synthe, de créer un camp humanitaire, mais valident dans le même temps la politique répressive et inhumaine de la maire de Calais, Natacha Bouchart, et de la préfecture de police.
La création de 7500 places en CADA promise par le gouvernement pour 2018 et 2019 est insuffisante pour rattraper le retard accumulé vis-à-vis des personnes déjà sur place (soit 40% de demandeur.se.s). En prenant en compte le temps effectif d’ouverture des centres, cela portera le nombre de places à 48 000 en 2020, bien en-dessous des besoins. Même la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui restait en deçà des besoins, proposait la création de 15000 places en CADA.
L’annonce de la création de 5000 places en hébergement provisoire pour les plus vulnérables, sans détails ni chiffres précis, correspond également à une volonté d’étouffer les véritables enjeux posés par la crise migratoire au gouvernement français. De plus, l’annonce d’une rétention possible de certain.e.s migrant.e.s dans ces espaces d’hébergement ressemble de plus en plus à une manière de « parquer » les futur.e.s expulsé.e.s dans des espaces loin des regards médiatiques et politiques, donc de légaliser des pratiques administratives et policières déjà existantes bien que hors-la-loi.
Nous sommes évidemment loin d’une réponse adaptée à la réalité de l’urgence. Dans les faits, de Calais, en passant par Paris jusqu’à la Roya, des milliers de personnes devront dormir dehors aux alentours des quelques structures qui ne peuvent les accueillir.
Le plan maintient une indifférence totale vis-à-vis de l’urgence que connaissent les mineur.e.s isolé.e.s. Promettant l’organisation d’une réunion à la rentrée, encore une fois, le document ne propose rien de concret pour les mineurs livrés à eux-mêmes, contraints de se tourner vers des associations mandatées par l’État (Croix-Rouge, DEMIE dans le cas parisien) qui refusent parfois de reconnaître leur minorité et par conséquent l’accompagnement auxquels ils et elles ont droit en tant que mineur.e.s.
En-dehors de la promesse d’allonger le temps des heures de cours de français proposées par l’OFII, cours qui ne peuvent évidemment accueillir tous les demandeurs, rien de concret n’est annoncé alors que les associations continuent de mettre en avant le manque de structures et de fonds alloués autant à l’apprentissage de la langue qu’à la formation d’accompagnants compétents à même de suivre et d’aider les demandeur.euse.s d’asile dans leurs démarches. Autant dire que face à la demande des associations bénévoles qui remplacent une fois de plus l’État et les pouvoirs publics dans l’accompagnement des migrant.e.s, rien n’est proposé.
Aucune proposition n’est faite sur l’accompagnement au long cours des demandeurs-euses d’asile. Actuellement, il existe déjà une réelle défaillance et les migrant.e.s sont très souvent livré.e.s à eux-mêmes/elles-mêmes dans les démarches administratives. Le gouvernement propose de réduire le délai de procédure de la demande d’asile à 6 mois au lieu de 9 mois officiellement. Mais la réalité est autre : la mise en place en mars 2016 du rendez-vous de pré-accueil ne fait qu’allonger le temps de la demande d’asile et déplace les files d’attente des préfectures vers les PADA (plateformes d’accueil des demandeurs d’asile).
Le nouveau plan Asile ne répond pas au problème de formation insuffisante des travailleur.euse.s dans l’accompagnement de la demande d’asile. Vu la surcharge de travail, les conditions d’accueil et de désignation des associations, l’écriture des récits par des associations mandatées par l’Etat, telle que France Terre d’Asile, se fait souvent de façon bâclée et à la chaîne. Certain.e.s travailleur.euse.s ne sont pas suffisamment formé.e.s, et ce sont les demandeur.euse.s qui en paient les conséquences.
Alors que le plan n’offre aucune réponse satisfaisante en matière d’accueil, d’hébergement et de respect des droits, la véritable intention est de renforcer les moyens alloués au contrôle et à l’éloignement.
Au niveau européen, il préconise le renforcement des effectifs de Frontex (agence de contrôle des frontières financée par les États européens, qui s’est substituée à « Mare Nostrum », opération, officiellement de sauvetage des garde-côtes italiens). Le plan recommande aussi le renforcement des outils de contrôle, tels les bases de données informatiques (SES, ETIAS). Il soutient la procédure Dublin, en vertu de laquelle la demande d’asile ne devrait être examinée que dans le pays d’entrée sur le territoire européen, bien que cette mesure soit contestée par de nombreuses associations. Surtout, le plan prône la suppression des délais de transfert pour les personnes qui relèvent de Dublin 3, qui ne sont pas acceptées comme demandeuses d’asile en France car elles ont été obligées de faire leur demande dans un autre pays que la France. L’État ne serait plus tenu d’opérer le transfert dans les 6 mois, les recours contre un transfert seraient dès lors rendus impossibles, ce qui empêche toute annulation de cette procédure pour non-respect des délais.
Au niveau français, l’éloignement est assumé comme une des priorités des autorités françaises. L’urgence est placée sur le retour, avec la mise en place de dispositifs de préparation au retour (DPAR) et la systématisation des obligations de quitter le territoire français (OQTF) pour les débouté.e.s de l’asile. Les dispositifs répressifs sont renforcés avec la création de 1000 places d’assignation à résidence pour les victimes du règlement Dublin et une révision floue du cadre de la retenue (vérification d’identité, placement en rétention) qui laisse présager l’allongement de la durée de rétention et la suppression du contrôle juridictionnel.
D’autre part, LREM tolère les idées racistes les plus violentes. Claire O’Petit a ainsi pu être labellisée En Marche malgré ses propos anti-roms et sa volonté affichée à la radio d’écraser des musulmans. De même, le mouvement présidentiel compte une quinzaine de député-es, qui, en exercice lors de la précédente mandature avaient voté en faveur de la déchéance de nationalité – une mesure-phare du FN.
Plusieurs propos publics du Président de la République signalent une conception raciste et colonialiste du monde. Le 2 juin, il plaisantait sur les Comoriens tentant de traverser la frontière à la nage, au péril de leur vie (12 000 morts en vingt ans selon les autorités comoriennes).
Le 10 juillet, il expliquait que « le défi de l’Afrique est civilisationnel » et que « dans un pays qui compte encore 7 à 8 enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Il niait ainsi la responsabilité de la France, puissance coloniale, dans la situation africaine, piétinait les études scientifiques sur la question, inversait les causes en rendant responsables les seules femmes vivant en Afrique de leur précarité et étalait le même racisme que Nicolas Sarkozy dans son discours de Dakar.
Sous l’impulsion de l’extrême-droite, des milices plus ou moins organisées participent à la traque des migrant.e.s, aux entraves de distribution des repas et à la stigmatisation des militants avec l’accord tacite des forces de l’ordre.
Parmi ces milices, Génération Identitaire bénéficie de la part de Macron et de Collomb d’une complaisance qui étonne quand on voit leur hostilité envers les associations humanitaires. Génération Identitaire a ainsi pu lever des fonds pour affréter un bateau et mener des actions relevant de la mise en danger d’autrui, du brigandage et peut-être de la piraterie contre les navires des ONG sauvant les migrant.e.s en mer. Les oppositions à ce projet ont été le fait de militants associatifs, non des institutions françaises. Gérard Collomb n’a rien fait pour entraver ce projet et portera une part de responsabilité dans les actes commis par Génération Identitaire.
Le 23 juin 2017, Gérard Collomb reprenait la rhétorique de l’extrême-droite pour parler de la situation à Calais : métaphores organiques faisant des migrants une maladie, mépris envers les associations humanitaires (« il y a peut-être d’autres lieux que Calais où elles pourront déployer leur savoir-faire »), déni des droits fondamentaux, refus de reconnaitre les décisions de justice, priorité au tout-répressif. Son discours était alors salué par Génération Identitaire, qui proposait au ministre ses services.
Élu au second tour des présidentielles avec comme seul mot d’ordre le « barrage au FN », Macron fait triompher les idées de Le Pen au plus haut sommet de l’État.
Tract rédigé par le CLAQ et distribué lors de l’action de ce matin :
Nous, militant.e.s trans, pédés, gouines, bi, dénonçons la politique raciste et inhumaine que mène le gouvernement d’Emmanuel Macron à l’égard des migrant.e.s.
Traqué.e.s aux frontières, à Paris, à Calais, à Menton et ailleurs, empêché.e.s de dormir, de boire, de manger, de se laver, de consulter un.e juriste ou parfois même un.e médecin, les migrant.e.s sont victimes d’atteintes répétées aux droits fondamentaux et à la dignité humaine, atteintes qui les épuisent moralement et physiquement, s’ajoutent aux traumatismes qu’ils et elles ont déjà vécus, et les empêchent de faire valoir leurs droits. Les mineur.e.s non accompagné.e.s n’échappent pas à cette politique : traité.e.s illégalement comme des majeur.e.s, ils et elles se voient refuser l’accompagnement que la France leur doit et sont dans certains cas expulsé.es.
Le premier ministre et le ministre de l’Intérieur maintiennent une politique anti-migrant-es que le récent « plan asile » illustre une fois de plus, ne serait-ce que par son mot d’ordre de « dissuasion migratoire » directement inspiré de l’extrême-droite. Fondé sur une opposition illégitime entre réfugié.es politiques et migrant.e.s économiques, ce plan ne propose aucune solution à la présence de migrant.e.s actuellement non hébergé.e.s, ouvre un nombre dérisoire de nouvelles places d’hébergement au regard des besoins, entend renforcer les reconduites à la frontière et rendre plus dangereuses les voies migratoires. Des milliers de personnes meurent chaque année en Méditerranée et Macron perpétue une politique qui est responsable de cette hécatombe.
Les propos et la politique de Gérard Collomb ont été salués par le groupe raciste Génération Identitaire, qui a pu, sans jamais être inquiété par l’État, financer des actions contre les ONG cherchant à sauver les migrant.e.s de la noyade. Complaisants avec les groupes d’extrême-droite dont ils reprennent parfois les éléments de langage, Macron et Collomb s’avèrent méprisants et hostiles envers les associations humanitaires et les défenseur.e.s des droits humains. Une fois la propagande mise à nu, la réalité est simple : Macron affame et persécute les migrant.e.s.
Nous demandons la régularisation de tous-tes les sans-papiers, la fin des politiques indignes et inhumaines menées par la France impérialiste et néocoloniale de Macron, l’abrogation du règlement Dublin 2, et l’arrêt des discussions à propos de Dublin 3, le respect des conventions internationales, notamment concernant la protection des enfants et des mineur.es.
Nous demandons de toute urgence que Macron cesse d’affamer et de persécuter les migrant.e.s, qu’il ouvre des lieux d’accueil dignes et des places d’hébergement pérennes, une réelle prise en charge juridique, sociale, médicale dans les lieux d’accueil, avec des travailleurs.e.s formé.e.s, où ils et elles puissent faire valoir leurs droits.

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