Amy Winehouse : Fuck Me Pumps
On peut s’interroger sur ce qui a pu pousser l’académie à récompenser, par l’Oscar du meilleur documentaire, Amy, portrait d’une des premières icônes des années 2000, face à des films aux sujets moins egocentrés tels que les massacres en Indonésie en 1965, l’Ukraine, ou les cartels de drogue au Mexique. Ne pouvant moi-même pas comparer avec les autres réalisations nominées, faute de les avoir vues, je vais tout de même essayer d’avancer une théorie sur les raisons de cette victoire. Pour commencer, son formalisme, basé sur d’innombrables archives personnelles – Amy aimait se filmer avec son téléphone bien et cela bien avant de devenir une célébrité — et de témoignages de proches, est, en soi, déjà une vraie réussite. Sans voix off, sans parti pris, au travers du regard de sa famille et de ses amis, seul le spectateur de ce destin mis en images juge des raisons qui l’ont conduite à ce comportement si sulfureux tant relayé en surface par les médias, aux conséquences funestes que le monde entier s’est pris comme une claque dans la figure le 23 juillet 2011. D’ailleurs le film interroge le côté inéluctable de cette triste fin.
Mais au-delà de ce que tout le monde sait, au-delà du talent, qu’on ne peut que lui reconnaitre qu’on aime ou pas sa musique, au-delà de ses tubes, du succès fulgurant, de ses abus en tout genre, de ses dernières prestations pathétiques, au-delà de tout cela, ce qui rend ce film si spécial c’est peut être qu’il nous renvoie à quelque chose de plus universel que la déchéance d’une star, quelque chose qui touche à notre intime, à nos propres failles.
Même si l’acharnement des médias a bien dû avoir un rôle, la question que pose le documentaire est : comment une fille aussi intelligente, drôle, prometteuse, passionnée par son art, pimpante — ce que démontrent les vidéos du début de sa carrière — a-t-elle pu se laisser entrainer par le fond ? Comment, par manque d’affection, n’a-t-elle pas pu se rendre compte à quel point son entourage pouvait être aussi toxique que certaines substances dont elle abusait ? Qu’aurions-nous fait à sa place par amour d’un homme ou d’un père ? Qu’aurions nous supporté par amour tout simplement ?
On apprend donc que la beauté vénéneuse des paroles de Back To Black (2007), son deuxième album, celui du triomphe, prend racine dans une terrible dépression suite à une rupture avec un amour toxique qui ne fera que aller et revenir, comme si la souffrance était indissociable de la réussite artistique.
Si j’ai choisi le clip de Fuck Me Pumps (2004), extrait de son premier disque Franck, ce n’est pas un hasard. En plus de la superbe chanson, on y voit cette jeune fille souriante, espiègle et qui semble heureuse, celle qu’elle aurait dû rester.
Amy, film d’Asif Kapadia, documentaire disponible en DVD et VOD
Smerz : Because
Henriette et Catharina sont norvégiennes. Et je n’ai pas beaucoup d’informations supplémentaires à vous livrer sinon que leur unique single publié s’appelle Because, mélange d’électro et de pop, volontairement froid mais qui devrait tout de même briser la glace entre vous et le dance floor.
Smerz, Because, 2016
Baron Rétif & Concepción Perez : Navette
J’avais déjà chanté les louanges de La Souterraine en vous présentant Rémi Parson. Leur nouvelle compilation (volume 9, avec son lot de talents qui ne demandent qu’à être connus) est en téléchargement libre sur leur site et sera en vente en support physique dès le 5 mars 2016. Et parmi cette sélection figure Navette de Baron Rétif & Concepción Perez, BR&CP pour les intimes, qui n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’ils avaient notamment sorti un disque en 2014 et ont produit des morceaux de rap. Ce titre est un instrumental totalement hypnotique et vintage, réalisé avec de vrais instruments (comprendre aucun ordinateur) entre la musique de Blaxpoitation et, j’assume cette comparaison totalement arbitraire, François de Roubaix. Leur album à eux sera disponible le 1er avril 2016.
Baron rétif & Concepción Perez, Navettes, Almost musique, sortie le 1er avril 2016