Et dire que tu t’es fait avoir pendant 62 longues années ! Heureusement Caro était là, patiente, obstinée, qui a su faire tomber les masques, dénuder le roi, bouger les lignes, casser les codes, moucher toutes ces pleureuses pathétiques d’un autre temps. Ça t’a fait mal sur le coup, mais Caro a su t’ouvrir les yeux : Il ne restera rien de ton JLG, car tout était faux, bidon, un engouement coupable de mâle blanc qu’il convenait de circonscrire. Merci Caro.
Vincent Dieutre
Jean-Louis Comolli est mort. Au-delà de la grande tristesse que cette nouvelle engendre (il fallait s’y attendre, on le savait malade depuis longtemps, je sais bien mais quand même…), qu’est-ce qui fait que cette disparition me (nous) laisse si éperdus, comme désorientés ?
Les 10, 11 et 12 juin 2021, Aides, association de lutte contre le VIH et les hépatites virales mobilise, en partenariat avec Diacritik, 70 artistes et personnalités à l’occasion d’un événement culturel et digital d’ampleur : #fetelamour.
Joana Preiss interprète un texte d’Arnaud Cathrine « L’amour quand même ». Réalisé par Vincent Dieutre.
Il fait froid ce lundi 15 mars sur l’agora de l’Odéon. La pluie menace, c’est la catastrophe si elle tombe ça va mouiller l’encre de mon cahier. Mais bon. Y’a plus grave et sérieux. La vie. On a chaud. Les théâtres sont occupés. Qu’ils s’occupent ! Pendant ce temps je fais le bel Artaud le Momo le Gogo Suprême. Car la lutte ne peut pas attendre.
Peu de cinéastes contemporains s’obstinent encore à faire œuvre. Précarité, désir de visibilité, cynisme parfois, tout les pousse à se renouveler, à se saisir un à un des créneaux du film de genre, à se passer commande, suradaptés qu’ils sont à des systèmes de financements au coup par coup. Pourtant certains, en une ascèse de plus en plus intenable, continuent coute que coute à creuser leur sillon, à construire leur cinéma patiemment, comme en sourdine, au risque d’un déclassement.
Le cinéma sert à poser des questions, pas à y répondre, disait le tout jeune Leos Carax à la Berlinale de 1987. Il semblerait que toute une nouvelle génération de cinéastes l’ait pris au pied de la lettre, commençant à remettre en cause toute forme d’assignation du film à un genre, à une fonction, à un public. Le nouveau film-question de Patric Chiha arbore fièrement son hybridité, en défiant dès son titre les attentes d’un spectateur éventuel, ce spectateur cœur de cible dont tout le monde sait qu’il n’existe plus mais qui continue, du fond du gouffre, à dicter la loi du marché affolé des images.
Le cinéma sert à poser des questions, pas à y répondre, disait le tout jeune Leos Carax à la Berlinale de 1987. Il semblerait que toute une nouvelle génération de cinéastes l’ait pris au pied de la lettre, commençant à remettre en cause toute forme d’assignation du film à un genre, à une fonction, à un public. Le nouveau film-question de Patric Chiha arbore fièrement son hybridité, en défiant dès son titre les attentes d’un spectateur éventuel, ce spectateur cœur de cible dont tout le monde sait qu’il n’existe plus mais qui continue, du fond du gouffre, à dicter la loi du marché affolé des images.
C’est la nuit. Sous les néons au loin, une plage. Un homme chante, M chante. Et sa complainte yiddish nous déchire, s’accroche au ressac, à la nuit de Tel Aviv, indifférente.
Lamentable ? Navrant ? On a du mal à trouver les mots qu’il faudrait. On ne veut pas lui faire de la pub. On cherche plutôt le symptôme. De quoi cet « essai » est-il le nom ? Des sottises, on en écrit depuis toujours et on devrait s’y être fait… Mais on se sent soudain une âme de lanceur d’alerte et le radar ABRL (« Attention Baufitude en Roue Libre ») clignote trop sa race.
Parfois, le ronronnement cesse. La machine à enquiller les films, de mercredi en mercredi, s’enraye, et un film est là qui s’impose, impose silence au bavardage distrayant du cinéma comme il va. Ne croyez surtout pas que je hurle est de cette teneur-là.
Au départ, on ne s’attend à rien. On se méfie du toc. Comme nous, Elle tâte le terrain, en repérage. Elle déblaie ce qui semble être son aire de jeu.
Comment, au cinéma, faire le portrait d’une ville ? Vincent Dieutre répond dans Berlin Based. Ce portrait est réalisé selon les principes d’un cubisme qui ne serait pas synthétique. Leibniz écrivait à peu près qu’une ville est l’ensemble des représentations diverses de ceux qui la regardent en y étant immergés. Le film de Vincent Dieutre est leibnizien, mais il s’agirait d’un Leibniz sans Dieu pour garantir la synthèse et l’harmonie des points de vue.
C’est la nuit. Sous les néons au loin, une plage. Un homme chante, M chante. Et sa complainte yiddish nous déchire, s’accroche au ressac, à la nuit de Tel Aviv, indifférente.
Une excellente année pour l’industrie du cinéma nous déclare-t-on. La troisième meilleure depuis 50 ans. Pour l’industrie, les chiffres, certes. Et il ne faut pas se mentir, c’est une bonne chose lorsque l’on connaît le modèle de répartition qui profite à la création.
En février et mars dernier, Diacritik évoquait doublement Brothers of the night, film de Patric Chiha, à travers un article de Vincent Dieutre — « Queeriser le documentaire » — et un entretien de Joffrey Speno avec le réalisateur. Brothers of the night est, depuis hier, disponible en DVD. L’occasion, pour nous, de revenir sur ce film marquant à plus d’un titre.