Si Jean-Pierre Castellani a fait de l’autobiographie littéraire un de ses objets majeurs de recherche, il avait jusque-là pudiquement évité de pratiquer lui-même le genre. Tout juste avait-il accepté de livrer de petits récits mémoriels, par exemple dans des ouvrages collectifs centrés sur l’Algérie dirigés par Leïla Sebbar qui, en complice fidèle, a écrit en retour pour le présent opus une amicale préface.
Jean-Pierre Castellani
Comme le rappelle l’éditeur Jean-Jacques Colonna d’Istria dans un avant-propos, ce collectif fait suite à une série d’ouvrages regroupant des écrits multiples se rapportant à la Corse. Entre le premier, Une enfance corse, publié en 2010, et ce dernier paru cette année aux éditions Scudo, quatre autres (Mémoire(s) de Corse, Les Utopies insulaires : la Corse, Portraits de Corses, Corses de la diaspora) ont en effet balisé l’exploration multifocale de cette île méditerranéenne. Jean-Pierre Castellani, qui a toujours été à la manœuvre pour les précédentes publications, seul ou accompagné, s’est adjoint cette fois la collaboration de Dominique Pietri pour composer cet ensemble particulièrement intéressant de portraits de femmes corses.
L’Algérie en héritage appartient à la collection bien nommée « d’un lieu l’autre » des éditions bleu-autour. Après avoir tenté de reconstituer minutieusement la mémoire individuelle et collective des habitants de l’Algérie, dans le cycle L’enfance des Français d’Algérie avant 1962 (2014), Une enfance dans la guerre, Algérie 1954-1962 (2016) et À l’école en Algérie des années 1930 à l’indépendance (2018), ce volume est annoncé comme le dernier de cette série.
Comme ils l’avaient fait pour les précédentes publications de la correspondance de Marguerite Yourcenar, les responsables de l’édition choisissent comme titre de ce volume une citation de Yourcenar elle-même. « Le Pendant des Mémoires d’Hadrien et leur entier contraire ». Avec Une volonté sans fléchissement, 1957-1960 (2007) et Persévérer dans l’être, 1961-1963 (2011) il s’agissait d’extraits qui correspondaient à sa philosophie de la vie.
La correspondance privée des écrivains a mauvaise presse, tant auprès des éditeurs qui la considèrent, en général, comme peu rentable commercialement, qu’aux yeux du grand public qui n’y voit, au mieux qu’un intérêt anecdotique très relatif, au pire comme une sorte de voyeurisme douteux.
La structure du Premier convoi, signé Michèle Perret représente parfaitement sa double finalité, à la fois historique et littéraire : deux textes périphériques, une Introduction et une Postface, manière de volontairement situer le récit dans un contexte attesté.
Tout guide de l’Île de Beauté laisse craindre le pire avec une représentation soit folklorique soit caricaturale de l’île. Or il n’en est rien avec celui que propose Dominique Memmi.
Les lecteurs fidèles de Jean-Noël Pancrazi savent depuis longtemps combien son enfance en Algérie, dans les années 50, l’a marqué et a nourri une grande partie de ses textes.
La publication, à intervalles réguliers, par les éditions Gallimard, d’une série de correspondances entre Albert Camus et des destinataires du monde intellectuel, journalistique ou éditorial, complète très heureusement les excellentes biographies publiées à ce jour. Cependant, il est encore temps de mieux connaître le Camus des années 30 en Algérie, alors qu’il n’est qu’un simple membre d’un groupe d’amis algérois, avant de connaître le succès avec la publication de L’Étranger, en mai 1942, et la gloire au moment du Prix Nobel, en 1957.
L’Algérie a toujours été plus ou moins présente dans les romans publiés à ce jour par Kaouther Adimi : L’Envers des autres (2011), Des pierres dans ma poche (2016) et Nos richesses (2017). Avec ce nouveau roman, Les petits de Décembre (Seuil, 2019) l’Algérie est totalement au centre de l’histoire racontée.
Leïla Sebbar propose depuis les années 80 une œuvre composée, en grande partie, de récits courts et plus particulièrement de nouvelles, genre qui convient parfaitement à son désir de raconter des histoires concises, avec une langue minimaliste. Son dernier ouvrage Dans la chambre en est une illustration remarquable.
Il faut être inconscient, présomptueux, ou téméraire pour oser présenter un nouveau livre sur Venise.
Jean-Marie Blas de Roblès nous surprend avec chacun de ses livres. On savait qu’il avait enseigné au Brésil, qu’il avait séjourné en Chine, entamé des fouilles d’archéologie en Libye, et qu’il était un grand adepte de la plongée sous-marine.
Précisons tout d’abord que ce récit a été écrit (il est daté de septembre 2018) et publié (janvier 2019) avant les événements qui, depuis février 2019, bouleversent la situation politique et historique de l’Algérie. L’auteur y raconte un voyage en Algérie sous le titre réducteur de Un paquebot pour Oran alors qu’il s’agit d’un voyage bien plus large, Oran, Alger et sa région.
On connaissait déjà et appréciait chez Julien Blanc-Gras un talent évident dans la narration de voyages lointains, qui lui avait valu un beau succès pour ses ouvrages précédents, depuis son premier roman Gringoland (2006), Touriste (2011), Paradis (avant liquidation) (2013) ou Briser la glace (2016).