Avec Espèces dangereuses, Sergueï Shikalov écrit un roman générationnel et politique, le roman d’une génération de jeunes homosexuels dans la Russie des années 90-2000. Il écrit sur ce qu’aurait pu être cette génération, sur ce qu’elle a entrevu puis perdu. Il écrit sur ce qu’il en reste : des images, des mots, des rêves évanouis ou encore présents mais ailleurs, loin de la Russie.

Après Foucault en Californie, Foucault à Varsovie. Une série sans Martine mais une manière de redécouvrir un penseur majeur du côté d’une biographie aux épisodes souvent obscurs, mis en lumière par ces deux enquêtes. Michel Foucault auteur devient personnage, chaque fois étudié sous l’angle d’un lieu. Dans Foucault à Varsovie qui vient de paraître aux éditions Globe, Remigiusz Ryziński (spécialiste des questions de genre et des queer studies) tente de démêler ce qui a eu lieu alors que Foucault se trouvait dans la capitale polonaise. Nous sommes en 1958, il vient d’être nommé directeur du Centre de civilisation française au sein de l’université de Varsovie et il termine sa thèse qui deviendra Histoire de la folie à l’âge classique lorsqu’il est expulsé du pays.

Dépoussiérant les archives du Terrain vague, je tombe sur une chronique publiée le 6 juillet 2021, donc au moment où l’idée de recenser quasi-systématiquement plusieurs livres au lieu d’un seul a commencé à s’imposer. Du coup, à l’imitation de la bande dessinée qui faisait déjà depuis longtemps bande à part, la poésie a commencé à jouer cavalier seul.

Emmanuelle Bayamack-Tam est l’autrice de plusieurs romans (publiés chez P.O.L), plusieurs fois primée et reconnue pour son univers foisonnant et généreux, avec des personnages complexes, des situations familiales, amoureuses, relationnelles intenses. On y retrouve des questions récurrentes sur l’identité, la sexualité, la famille, l’amour, la transgression, la marginalité, l’adolescence. Inspirée et prolifique, elle est aussi la co-scénariste de L’été l’éternité, film sorti au printemps 2022 et a par ailleurs écrit sous le pseudonyme Rebecca Lighieri des romans également primés. À cette bibliographie déjà bien fournie s’ajoutent deux pièces de théâtre : À L’abordage et Autopsie Mondiale, toutes deux créées au théâtre de la Tempête (Cartoucherie Vincennes) par le metteur en scène Clément Poirée. Rencontre, à Orléans, le 8 février 2024.

Deux sœurs ont été retrouvées noyées dans un étang. On raconte qu’elles se tenaient encore par la main, qu’elles portaient leurs tenues blanches de communiantes. Leur mort, en 1978, hante moins les mémoires que les lieux. Elles apparaissent encore aux résidents d’un Ehpad de Varin-le-Haut, un petit village de la Marne. Le fait divers, « coriace », tient en trois lignes, cependant assez denses et mates pour fasciner Manon Gauthier-Faure, spécialiste des Pièces manquantes, titre de son précédent livre aux éditions Marchialy.

Le livre de Guillaume Marie est un récit se rapportant à Benoît Labre, saint ou fou du XVIIIe siècle, mort à Rome dans le plus grand dénuement. Je vais entrer dans un pays est pourtant moins un récit apologétique chrétien que celui d’une vie structurée par le désir d’un autre état de la vie, par un autre rapport à la vie et au monde – une vie capable de devenir la vie générale du monde, celle que l’on peut appeler Dieu ou autrement.