Le recueil Vigilance, de Benjamin Hollander, se compose de deux parties : « Onome » et « Levinas et la Police ». Les deux parties se font écho l’une l’autre, chacune se présentant comme une sorte de dialogue ou d’interrogatoire entre des voix multiples et la figure d’un lieutenant de police (cette dernière renvoyant elle-même, peut-être ou sans doute, à divers « personnages »). Le texte, poétique, évoque le contexte policier d’une enquête, d’un crime, d’un méfait que la police cherche à résoudre. Le langage devrait ainsi énoncer ce qui s’est passé, la vérité.
Auteur : Jean-Philippe Cazier
Essai sur le quartier des Marolles, à Bruxelles, le livre de Véronique Bergen est aussi une réflexion politique sur l’urbanisme, une réflexion esthétique sur les conditions de vie, un parti-pris pour des modes de vie alternatifs, créatifs, résistants. Retraçant l’histoire et les engagements de ce quartier, dessinant ses caractéristiques sociales et culturelles, Véronique Bergen écrit également, en filigranes, les lignes d’une poétique qui serait la sienne, comme elle écrit les contours d’un monde désirable qui n’a rien à voir avec le monde promu et mis en place par le néolibéralisme actuel inséparable d’un laminage des corps, des esprits, des dissidences, des rêveurs d’autres mondes. Entretien avec Véronique Bergen.
Avec Contre-nuit, Lucien Raphmaj écrit un éloge de la nuit, un hymne, un chant plus qu’un discours platement rationnel. C’est que la nuit est d’abord une évidence indépassable, une expérience qui se suffit à elle-même. Quoi dire ? Qu’ajouter à cette expérience ? On ne peut la reprendre par un discours qui la dirait, l’expliquerait, on ne peut qu’écrire en prolongeant et pour prolonger l’obscurité de la nuit, sa nuit plus profonde.
Le livre de Marie Cosnay, Des îles – Îles des Faisans 2020-2022, est habité par l’idée que nous sommes chargés de « ces morts », que ces « morts sont nos morts », que ces morts nous obligent, que « Nous sommes obligés ». Ces morts, ce sont les migrants et migrantes, les réfugié.e.s qui, fuyant un monde de violence, de souffrance, de mort, ne rencontrent pourtant que la mort – mort perpétrée par les politiques européennes, mort ignorée, négligée par l’Europe, voulue par l’Europe.
Le livre de Jean-Christophe Cavallin entend « déduire par analogie, d’un traumatisme infantile et du menu d’une névrose, le panorama clinique de la culture occidentale et de notre rapport au monde ». Nature, berce-le relie ainsi le plus personnel, le plus intime, au plus général, dans un raccourci ou selon une vitesse qui interrogent autant qu’ils ouvrent des perspectives.
Oui, aujourd’hui le ciel est vide
Amnésie collective, recueil de l’écrivaine sud-africaine Koleka Putuma, est un livre poétique et politique, où l’écriture poétique est indissociable d’une volonté et d’une action politiques.
En hommage à Jean-Marie Straub dont on annonce la mort à Rolle, en ce 20 novembre 2022, Diacritik republie ce texte de Jean-Philippe Cazier, initialement paru en décembre 2016, évocation poétique de ses films avec Danièle Huillet.
Le titre de ce livre d’Hélène Cixous est imprononçable et incompréhensible : Mdeilmm. Il y a bien là des lettres, il y a ce qui semble être un mot, quelque chose qui paraît lié au langage. Pourtant, on ne saisit aucun sens, on n’aperçoit aucun objet qui serait le référent de ce « mot ». Ce titre dit l’échappement du langage, l’asignifiance, la mise en flottement du sens non hors du langage mais dans le langage lui-même, par le langage.
La 26e édition du festival Les Écrans Documentaires se tiendra du 16 au 22 novembre prochains à l’espace Jean Vilar d’Arcueil. Depuis 1996, ce festival se consacre à l’exploration des formes les plus diverses du documentaire.
Dans un paysage éditorial dominé par des logiques commerciales qui ont peu à voir avec la création et l’expérimentation littéraires, les espaces de liberté qui demeurent sont les revues, dont l’existence doit être préservée. Depuis plus de 30 ans, la revue Nioques est un lieu d’exploration pour de nouvelles formes d’écriture et de pensée.
L’année du singe est l’année du chaos : une forme de désordre envahit le monde – à moins que ce désordre ne soit l’état réel du monde ainsi révélé. Le désordre n’est pas ici la simple absence d’ordre, son opposé, il correspond à un effacement des limites habituelles qui servent à penser et à instaurer un certain ordre que l’on appelle d’ordinaire « réalité ». Le chaos qui traverse le livre de Patti Smith n’est-il pas une réalité plus profonde ? Les nouveaux rapports qui apparaissent entre les vivants et les morts, entre le rêve et la réalité, entre la pensée et le monde, ne sont-ils pas, plutôt qu’une négation de l’ordre du monde, la révélation de son chaos essentiel ?
Le roman de Lucie Taïeb commence par la phrase : « Dans sa tête loge une armée ». Celle-ci condense la logique du livre : livre mental, récit d’une psyché ; l’intérieur et l’extérieur se confondent, en tout cas communiquent ; la présence étrange d’une armée, d’une violence, d’un groupe contestataire apparaissant on ne sait pourquoi ni précisément comment. Le rêve, l’imaginaire, le fantasme, voire le fantastique structurent ce livre au profit d’une écriture où réel et fiction deviennent indiscernables.
Avec Napalm dans le cœur, le jeune écrivain catalan Pol Guasch élabore un roman d’atmosphère, dystopique, étrange. Les identités, les logiques communes se dissolvent dans un récit qui produit du sens autant qu’il le suspend, l’empêche, l’ouvre à des possibilités qui demeurent des énigmes.
Cette fin de semaine, du 23 au 25 septembre, aura lieu à Bruxelles la seconde édition de Poetik Bazar, festival de poésie qui proposera un salon d’édition, des lectures, des rencontres avec des auteur.e.s venu.e.s de Belgique, de France et des Pays-Bas, des dédicaces, des ateliers…