Pilotes en séries (8) : WandaVision

Photo by Marvel Studios -Marvel Studios - © Marvel Studios 2020

On n’a pas pu passer à côté : le Marvel Cinematic Universe est de retour sur Disney+ avec en têtes d’affiche la Sorcière Rouge et la créature d’Ultron dans WandaVision. Après deux épisodes et des commentaires disparates à foison sur les Internets, que penser de ce spin-off mettant en scène le couple androïdo-sokovien interprété sur grand écran par Elizabeth Olsen et Paul Bettany ?

À l’instar de The Mandalorian, Fargo ou Bates Motel, Wanda Vision est au MCU ce que Brigade Navarro ou Les Mystères de l’Amour ne sont pas : un produit dérivé de qualité, un objet filmique (pour l’instant) indéfini, une œuvre à part entière qui puise dans la matière brute pour en faire un artefact raffiné. Si Disney n’a pas le monopole du spin-off, nul doute que les années à venir vont consacrer la firme comme un grand (si ce n’est le principal) pourvoyeur de contenus télévisuels à même de concurrencer l’ogre Netflix. Pour le bonheur des fans et au grand dam de ceux qui seraient restés de glace après 23 films et une construction complexe propre à faire se pâmer les geeks et les nerds du monde entier, avec un long métrage (minimum) et dix séries pour l’univers Star Wars et pas moins de 13 films prévus pour le MCU, Disney entend bien (re)trouver sa place dans l’offre mondiale.

Back in black (and white)

Avec WandaVision, la production semble monter d’un cran et innover bien plus qu’on n’aurait imaginé… Intriguant, drôle, surjoué, presque parodique, WandaVision s’ouvre sur un générique en noir et blanc précédé de l’ouverture en fanfare signée Michael Giacchino et emblématique de la franchise Marvel depuis 2016. Celles et ceux qui s’attendaient dès lors à une resucée de sauvetage de la galaxie par des gardiens ou des super-héros et super-héroïnes en rupture de multivers seront déçus (pour le moment) car les premières minutes ressemblent davantage à I Love Lucy qu’à Avengers Endgame. Démarrant sous la forme d’une sit-com passéiste formatée avec rires enregistrés et vraies-fausses publicités pour des appareils ménagers inclus, WandaVision se donne d’emblée comme un concept-show qui va réserver son lot de surprises, tout en semant au compte-gouttes les indices autant que les références.

Photo by Marvel Studios -Marvel Studios – © Marvel Studios 2020

Épisodes d’exposition et mise en place, les deux premières livraisons distillent un suspense accrocheur et dévoilent par bribes les éléments d’une intrigue plus vaste et plus conforme aux attentes que l’on a du genre — et on regrette d’ailleurs d’avoir regardé les deux trailers officiels qui en dévoilent bien plus qu’on ne l’aurait souhaité. Toujours est-il que le réalisateur Matt Shakman et les scénaristes (Jac Schaeffer, Gretchen Enders, Roy Thomas) se sont bien amusés avec les personnages de Stan Lee. Jouant avec les personnalités de Vision et Wanda découvertes dans les films, leur aspiration à une certaine normalité, leur envie de vie de M. et Mme tout-le-monde, la série propose plusieurs lectures : mix déclaré et assumé entre Bewitched (Ma Sorcière bien aimée en VF), The Truman Show (par ce que le démarrage de la série suggère) et série d’action en devenir, WandaVision est référentielle (ne serait-ce que par son affiche, déjà, dans le droit fil d’American Gothic de Grant Wood), avec des dialogues surannés à la limite du pastiche, tout en s’inscrivant dans la continuité du monstre cinématographique Marvel. À suivre.

Photo by Marvel Studios -Marvel Studios – © Marvel Studios 2020

WandaVision, réalisé par Matt Shakman, écrit par Jac Schaeffer, Gretchen Enders, Roy Thomas d’après les personnages créés par Stan Lee. Avec Elizabeth Olsen, Paul Bettany, Kathryn Hahn, Debra Jo Rupp, Teyonah Parris, Kat Dennings… Diffusé sur Disney+. Crédits images Marvel – Disney.