Pilotes en séries (7) : Penny Dreadful, City of Angels

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Si vous aimez le Los Angeles de James Ellroy ou l’ambiance 40´s du jeu vidéo LA Noire, les intrigues policières teintées de fantastique et les nazis… Penny Dreadful City of Angels est fait pour vous. Pilotes en séries, séance d’attrapage, saison 2, épisode 7.

Diffusée depuis le 26 avril dernier aux États-Unis sur Showtime et en US + 24 sur Canal+, la nouvelle mouture de Penny Dreadful a quitté la vieille Europe pour la côte ouest des USA, délaissant le Londres littéraire de la fin du XIXe siècle pour la Cité des anges à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Oubliées les figures de Dorian Gray, Dracula et Frankenstein, City of Angels s’empare des croyances mexicaines pour distiller une intrigue où le mystique le dispute au policier. Avec une image saturée de lumière, dans une séquence d’ouverture tout en ésotérisme mettant en scène Santa Muerte et sa sœur, John Logan convoque d’entrée la religion, le racisme, la corruption, les questions sociales et l’éternel combat entre le bien et le mal.

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Chicano fraîchement promu au rang de détective, Santiago Vega devient le premier membre d’origine mexicaine de la brigade criminelle du LAPD. Il n’en sera que plus seul alors que, pour sa première enquête sur le meurtre d’un couple de riches blancs et leurs deux enfants sauvagement assassinés, tout concourt à accuser des Mexicains. Les mutilations, la disposition des corps, tout indique un rituel, le culte de Santa Muerte, ce que ne manque pas de signifier le jeune inspecteur Vega à son partenaire.

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Si le spin-off de John Logan s’inscrit dans l’univers du penny dreadful – la série initiale et le genre littéraire très en vogue au XIXe siècle en Angleterre – la transposition dans le Los Angeles des années 40 et les références au folklore latino rappellent immanquablement les pulp magazines d’outre-Atlantique. Jouant du changement d’époque et de lieu, City of Angels a un ton radicalement différent de celui des trois saisons précédentes, moins centré sur les affres des protagonistes (du moins au début) et a fort à faire pour prendre la relève des personnages charismatiques incarnés par Eva Green, Josh Hartnett ou Timothy Dalton… Avec Natalie Dormer (Les Tudors, Games of Thrones…), City of Angels a trouvé sa nouvelle icône : l’actrice britannique se démultiplie dans son rôle d’ange de la mort en guerre contre sa sainte sœur, suscitant le chaos et la mort. Face à elle, Daniel Zovatto incarne un Tiago Silva tiraillé entre deux mondes, Nathan Lane est l’altruiste Lewis Michener et Rory Kinnear (qui jouait Caliban dans le précédent Penny Dreadful) interprête un médecin allemand venu exporter le nazisme au pays de la liberté d’expression et des armes en vente libre…

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Au-delà du pitch fantastico-policier, et c’est une des curiosités de cette suite qui n’en est pas une, City of Angels déploie sa narration autour de la corruption organisée, des questions raciales dans la société américaine, d’un complot nazi visant à déstabiliser la démocratie et de l’implication d’une riche église évangéliste… Tandis que la série mère exploitait le fossé séparant les classes populaires de la haute société anglaise, la série dérivée tend vers une critique ouverte, très manichéenne, de l’histoire américaine, mêlant persécutions contre les populations immigrées, antisémitisme latent, (omni)présence du racisme et montée du populisme. Délaissant le terrain littéraire en référence à Bram Stoker, Mary Shelley ou Oscar Wilde, John Logan choisit une perspective uchronique qui modernise la franchise en respectant les codes liés au genre. Sans être révolutionnaire, le démarrage de City of Angels est pour autant une « bonne novel« .

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Penny Dreadful – City of Angels, créé par John Logan. Avec Natalie Dormer, Rory Kinnear, Nathan Lane, Daniel Zovatto, Adriana Barraza, Michael Gladis… Tous les lundis sur Canal+.