Après Moulins (où il était exposé jusqu’au 18 juin), Miles Hyman s’installe à Quimperlé le temps d’une exposition qui lui est consacrée et intitulée « L’Entre-deux mondes », un nom de circonstance pour un artiste qui, né dans le Vermont et venu étudier et s’établir en France, est devenu celui que l’on décrit souvent comme le plus français des dessinateurs américains.
Affichiste, illustrateur, dessinateur, scénariste, peintre, l’artiste est complet et l’homme d’une grande sensibilité et d’une humanité sans faille. De l’Amérique profonde et obscurantiste des années 30 dans La Loterie à celle, plus ou moins glamour, des années 40 et du Dahlia Noir, jusqu’aux bas-fonds de Vienne pendant la guerre froide dans Le Coup de Prague, la palette des talents de Miles Hyman est large et sa patte inimitable.
A l’instar de Drawings, l’exposition L’Entre-deux mondes permet de dresser un portrait en creux du déracinement, de la création pure, de villes, de lieux… Et peut-être d’obsessions, d’une quête de la perfection.
C’est également le récit de voyages, de corps et de visages, un condensé d’atmosphères plurielles à la dimension picturale quasi photographique. Miles Hyman saisit littéralement l’instant dans chacun de ses dessins, il porte (et fait porter au « spectateur » de son œuvre) un regard d’une grande précision, partant de détails — de prime abord quelconques ou anodins — pour rendre l’ensemble saillant et signifiant par le trait, la couleur et la lumière, sa science de la composition et du cadrage.

L’Entre-deux mondes est donc l’occasion de (re)découvrir le travail de Miles Hyman, les fusains graves, les couleurs mordorées, les perspectives, les plans cinémato-graphiques, les portraits, les instantanés. Que l’on feuillette les pages de son Travel Book Rome, réalisé pour Louis Vuitton, ou d’Images Interdites (avec Philippe Paringaux), le trait de Miles Hyman est empreint d’une grâce romantique qui le dispute à la fantasmagorie : la représentation du monde est à la fois irréelle et d’une grande acuité. Décors ultra précis, villes sublimées et clairs-obscurs évanescents, les toiles exposées sont l’expression d’un « entre-deux » permanent : l’architecture se fait nature morte, avec des symboliques qui renvoient aux vanités ou touchent même au surréalisme.

Les inspirations sont diverses (architecture, roman, peinture…) et les représentations multiples : Miles Hyman a cette capacité hors norme de toucher l’imaginaire de chacun et de déclencher l’émotion. Une constante que l’exposition L’Entre-deux mondes propose de faire connaître au public de Bretagne et d’ailleurs, prolongée par la publication d’un art-book aux éditions Locus Solus.

Du 2 juin au 7 octobre 2018 – Chapelle des Ursulines et Maison des Archers
Ouvert tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h. Fermé le mardi.
Tarif plein : 5€ / Tarif réduit : 3 € / gratuit pour les moins de 25 ans, groupes scolaires, bénéficiaires du RSA
(le billet d’entrée donne accès aux deux lieux de l’exposition)