Littératures partagées (4/4) : Autour de John Brown, de Victor Hugo à James McBride

Russell Banks, Paris, 2012 © Christine Marcandier

Ce fut il y a peu l’anniversaire du refus de Rosa Parks, le 1er décembre 1955, condamnée pour « violation du code de ségrégation de la ville de Montgomery » à dix dollars d’amende et quatre dollars de frais de justice, pour avoir refusé de céder sa place, dans le compartiment réservé aux Noirs, à un homme blanc qui n’avait pas de place dans le compartiment réservé aux Blancs. Cette lutte contre la ségrégation a une longue histoire aux États-Unis et n’est pas dépassée malheureusement. On ne peut en rappeler toutes les étapes mais celles pour lesquelles nous disposons d’œuvres de fictions documentaires qui nous aident à entrer dans l’histoire pour mieux comprendre. On ne peut se contenter d’une seule lecture ; il faut les multiplier car chaque fiction adopte un point de vue sur l’événement et le personnage historique. Et s’il est un personnage historique fascinant, c’est bien celui de John Brown.

Le film de Charles Burnett, sorti en 2012 aux États-Unis, Nat Turner. Le Poids de l’héritage, est disponible en France, en DVD, depuis mai 2017. Son bonus est particulièrement intéressant puisqu’il comprend un extrait de James Baldwin et un article de Ta-Nehisi Coates « Nat Turner avait-il raison ? ». Il s’agit de la révolte que mena Nat Turner le 21 août 1831 à Southampton en Virginie, conduisant un groupe de près de 70 personnes, dont une grande partie d’esclaves, afin de massacrer des familles entières de Blancs. La répression fut sanglante et le leader capturé et pendu.

Ta-Nehisi Coates, auteur d’un récent procès de l’Amérique (avec une préface de Christiane Taubira), rappelle une terrible litanie de chiffres : 250 ans d’esclavage/90 ans de lois discriminatoires/60 ans de ségrégation légale/35 ans d’une politique raciste de logement. Dans le bonus du DVD, relevons de James Baldwin : « Ce que les Blancs doivent faire, c’est chercher en eux-mêmes pourquoi il leur a fallu un nègre au début. Parce que je ne suis pas un nègre, je suis un homme, mais si vous croyez que je suis un nègre, c’est parce que vous en avez besoin. La question qu’il faut se poser, qu’il faut que la population blanche se pose, au Nord ou au Sud, parce que c’est le même pays, et que pour un Noir il n’y a pas de différence entre le Nord et le Sud ; la seule différence c’est dans la façon de vous châtrer, mais la castration elle-même est un fait valable pour toute l’Amérique. Si je ne suis pas le nègre ici, et si vous l’avez inventé – c’est vous, les Blancs, qui avez inventé le nègre – alors il faut que vous trouviez pourquoi. Et l’avenir du pays en dépend ». Quant à Ta-Nehisi Coates, après avoir cité plusieurs appels à l’extermination et au génocide des esclaves noirs dans la presse de 1831, il souligne que « la société esclavagiste américaine, dans ses fondations, était un système de violence existentielle. […] Pour comprendre la révolte de Nat Turner, pour comprendre un homme qui a précipité des femmes et des enfants dans l’oubli, il faut imaginer un monde où les femmes et les enfants noirs vivaient continuellement sous la menace du même sort. L’esclavage était une guerre contre la famille noire. Surtout, il ne faut pas y voir une super-morale transcendante. On ne peut pas demander à Nat Turner d’être deux fois meilleur. La plupart des noirs ne le sont pas ».

Non seulement il est nécessaire d’entrer dans ces histoires de violence et de désespoir par plusieurs entrées documentaires et artistiques mais il faut aussi s’intéresser à plusieurs séquences historiques, les plus violentes ayant donné lieu à des débats qui n’appartiennent pas au passé quant à leurs conséquences sur nos regards et notre rapport à l’autre puisqu’elles mettent en scène non pas des oncles Tom mais des hommes et des femmes acculés à la violence par une société avide de conserver ses privilèges économiques, humains et sociaux. C’est justement à une autre séquence de cette lutte abolitionniste que je souhaite consacrer cet article : celle de l’action de John Brown. Elle se situe en effet dans la période suivant immédiatement la révolte de Nat Turner et précède de peu, l’annonçant même, la guerre de sécession (1860-1865) : le refus de l’esclavage vient cette fois d’un homme blanc qui paiera de sa vie son combat.

John Brown, nom célèbre de l’histoire de l’abolitionnisme aux États-Unis, a fasciné ses contemporains, qu’ils l’aient condamné ou soutenu. On retient surtout son passage à la violence armée quand il ne croyait plus à une possibilité d’abolition de l’esclavage par la conviction et des actions ponctuelles, à coup aussi de prêches et de déclamation impressionnante de la Bible. Il s’était donné pour mission, dès 1837, l’éradication de l’esclavage et il fut un acteur important du fonctionnement du chemin de fer clandestin ; il fit le choix de vivre dans une communauté d’esclaves libérés. Il passe à des actions plus immédiates à partir de 1855-1856. A Pottawatonnie Creek, il massacre, avec ses cinq fils et ses hommes, cinq colons esclavagistes, « légions de Satan » selon ses termes. Le 16 octobre, il attaquait avec les siens l’arsenal fédéral de Harper’s Ferry pour récupérer des armes, persuadé que les esclaves noirs le rejoindraient. Ce ne fut pas le cas : arrêté, jugé, il fut pendu le 2 décembre 1859.

Victor Hugo, alors en exil, adressa une lettre, datée du 2 décembre 1859, d’Hauteville-House, aux journaux d’Europe et d’Amérique, qui ne parvint qu’après l’exécution. Abraham Lincoln ne voulut pas cautionner l’activisme de John Brown et aurait déclaré alors : «  John Brown a été exécuté pour trahison ; nous ne pouvons nous élever contre cette décision bien qu’il ait partagé notre conviction sur l’esclavage. Cela ne peut excuser la violence, l’effusion de sang, et la trahison. Et le fait qu’il pensait avoir raison, ne l’excuse pas davantage ». La lettre ouverte de V. Hugo s’adresse « Aux États-Unis d’Amérique » :

« Quand on pense aux États-Unis d’Amérique, une figure majestueuse se lève dans l’esprit, Washington.
Or, dans cette patrie de Washington, voici ce qui a lieu en ce moment :
Il y a des esclaves dans les états du sud, ce qui indigne, comme le plus monstrueux des contre-sens, la conscience logique et pure des états du nord. Ces esclaves, ces nègres, un homme blanc, un homme libre, John Brown, a voulu les délivrer. John Brown a voulu commencer l’œuvre de salut par la délivrance des esclaves de la Virginie. Puritain, religieux, austère, plein de l’évangile,
Christus nos liberavit, il a jeté à ces hommes, à ces frères, le cri d’affranchissement. Les esclaves, énervés par la servitude, n’ont pas répondu à l’appel. L’esclavage produit la surdité de l’âme. John Brown, abandonné, a combattu ; avec une poignée d’hommes héroïques, il a lutté ; il a été criblé de balles, ses deux jeunes fils, saints martyrs, sont tombés morts à ses côtés, il a été pris. C’est ce qu’on nomme l’affaire de Harper’s Ferry.
John Brown, pris, vient d’être jugé, avec quatre des siens, Stephens, Copp, Green et Coplands.
Quel a été ce procès ? disons-le en deux mots : John Brown, sur un lit de sangle, avec six blessures mal fermées, un coup de feu au bras, un aux reins, deux à la poitrine, deux à la tête, entendant à peine, saignant à travers son matelas, les ombres de ses deux fils morts près de lui ; ses quatre coaccusés, blessés, se traînant à ses côtés, Stephens avec quatre coups de sabre ; la « justice » pressée et passant outre ; un attorney Hunter qui veut aller vite, un juge Parker qui y consent, les débats tronqués, presque tous délais refusés, production de pièces fausses ou mutilées, les témoins à décharge écartés, la défense entravée, deux canons chargés à mitraille dans la cour du tribunal, ordre aux geôliers de fusiller les accusés si l’on tente de les enlever, quarante minutes de délibération, trois condamnations à mort. J’affirme sur l’honneur que cela ne s’est point passé en Turquie, mais en Amérique.
On ne fait point de ces choses-là impunément en face du monde civilisé. La conscience universelle est un œil ouvert. Que les juges de Charlestown, que Hunter et Parker, que les jurés possesseurs d’esclaves, et toute la population virginienne y songent, on les voit. Il y a quelqu’un.
Le regard de l’Europe est fixé en ce moment sur l’Amérique.
John Brown, condamné, devait être pendu le 2 décembre (aujourd’hui même).
Une nouvelle arrive à l’instant. Un sursis lui est accordé. Il mourra le 16.
L’intervalle est court. D’ici là, un cri de miséricorde a-t-il le temps de se faire entendre ?
N’importe ! le devoir est d’élever la voix.
Un second sursis suivra, peut-être le premier. L’Amérique est une noble terre. Le sentiment humain se réveille vite dans un pays libre. Nous espérons que Brown sera sauvé.
S’il en était autrement, si John Brown mourait le 16 décembre sur l’échafaud, quelle chose terrible !
Le bourreau de Brown, déclarons-le hautement (car les rois s’en vont et les peuples arrivent, on doit la vérité aux peuples), le bourreau de Brown, ce ne serait ni l’attorney Hunter, ni le juge Parker, ni le gouverneur Wyse ; ni le petit état de Virginie ; ce serait, on frissonne de le penser et de le dire, la grande République Américaine tout entière.
Devant une telle catastrophe, plus on aime cette république, plus on la vénère, plus on l’admire, plus on se sent le cœur serré. Un seul état ne saurait avoir la faculté de déshonorer tous les autres, et ici l’intervention fédérale est évidemment de droit. Sinon, en présence d’un forfait à commettre et qu’on peut empêcher, l’Union devient Complicité. Quelle que soit l’indignation des généreux états du Nord, les états du Sud les associent à l’opprobre d’un tel meurtre ; nous tous, qui que nous soyons, qui avons pour patrie commune le symbole démocratique nous nous sentons atteints et en quelque sorte compromis ; si l’échafaud se dressait le 16 décembre, désormais, devant l’histoire incorruptible, l’auguste fédération du nouveau monde ajouterait à toutes ses solidarités saintes une solidarité sanglante ; et le faisceau radieux de cette république splendide aurait pour lien le nœud coulant du gibet de John Brown.
Ce lien-là tue.
Lorsqu’on réfléchit à ce que Brown, ce libérateur, ce combattant du Christ, a tenté, et quand on pense qu’il va mourir, et qu’il va mourir égorgé par la République Américaine, l’attentat prend les proportions de la nation qui le commet ; et quand on se dit que cette nation est une gloire du genre humain, que, comme la France, comme l’Angleterre, comme l’Allemagne, elle est un des organes de la civilisation, que souvent même elle dépasse l’Europe dans de certaines audaces sublimes du progrès, qu’elle est le sommet de tout un monde, qu’elle porte sur son front l’immense lumière libre, on affirme que John Brown ne mourra pas, car on recule épouvanté devant l’idée d’un si grand crime commis par un si grand peuple.
Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.
Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté.
Quant à moi, qui ne suis qu’un atome, mais qui, comme tous les hommes, ai en moi toute la
conscience humaine, je m’agenouille avec larmes devant le grand drapeau étoilé du nouveau monde, et je supplie à mains jointes, avec un respect profond et filial, cette illustre République Américaine d’aviser au salut de la loi morale universelle, de sauver John Brown, de jeter bas le menaçant échafaud du 16 décembre, et de ne pas permettre que, sous ses yeux, et, j’ajoute en frémissant, presque par sa faute, le premier fratricide soit dépassé.
Oui, que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus ».

Une seconde lettre doit être citée car, cette fois, elle met en lien le grand poète français et l’ex-colonie esclavagiste de Saint Domingue. En effet, M. Heurtelou, rédacteur en chef du journal, Le Progrès de Port-au-Prince, publia sa réponse à ses remerciements pour avoir pris la défense de John Brown

« Hauteville-House, 1 mars 1860
Vous êtes, monsieur, un noble échantillon de cette humanité noire si longtemps opprimée et méconnue.
D’un bout à l’autre de la terre, la même flamme est dans l’homme; et les noirs comme vous le prouvent. Y a-t-il eu plusieurs Adam? Les naturalistes peuvent discuter la question; mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y a qu’un Dieu.
Puisqu’il n’y a qu’un père, nous sommes frères. C’est pour cette vérité que John Brown est mort; c’est pour cette vérité que je lutte. Vous m’en remerciez, et je ne saurais vous dire combien vos belles paroles me touchent.
Il n’y a sur la terre ni blancs ni noirs, il y a des esprits; vous en êtes un. Devant Dieu, toutes les âmes sont blanches.
J’aime votre pays, votre race, votre liberté, votre révolution, votre république. Votre île magnifique et douce plaît à cette heure aux âmes libres; elle vient de donner un grand exemple; elle a brisé le despotisme.
Elle nous aidera à briser l’esclavage.
Car la servitude, sous toutes ses formes, disparaîtra. Ce que les États du Sud viennent de tuer, ce n’est pas John Brown, c’est l’esclavage.
Dès aujourd’hui, l’Union américaine peut, quoi qu’en dise le honteux message du président Buchanan, être considérée comme rompue. Je le regrette profondément, mais cela est désormais fatal; entre le Sud et le Nord, il y a le gibet de Brown. La solidarité n’est pas possible. Un tel crime ne se porte pas à deux.
Ce crime, continuez de le flétrir, et continuez de consolider votre généreuse révolution. Poursuivez votre œuvre, vous et vos dignes concitoyens. Haïti est maintenant une lumière. Il est beau que parmi les flambeaux du progrès, éclairant la route des hommes, on en voie un tenu par la main d’un nègre.
Votre frère,
VICTOR HUGO »

Il n’est pas inutile de rappeler et de (re)lire ces longues citations. A Concord (Massachusetts), Henry David Thoreau écrivit un Plaidoyer pour John Brown, éloge funèbre, le jour même de son exécution. Donnant en quelques mots le portrait de John Brown – « John Brown a voulu commencer l’œuvre de salut par la délivrance des esclaves de la Virginie. Puritain, religieux, austère, plein de l’évangile, Christus nos liberavit, il a jeté à ces hommes, à ces frères, le cri d’affranchissement » –, Victor Hugo ouvre la voie aux écrivains qui, nombreux, ont voulu écrire des biographies ou des fictions, à charge ou à décharge, du célèbre abolitionniste. Nous n’allons pas les rappeler mais nous attarder seulement sur trois romans américains récents (traduits en français) qui, chacun, à leur manière, ont « tourné » autour de John Brown sans jamais le prendre comme personnage principal mais sans pouvoir écrire en dehors de son ombre portée sur leurs créations. En même temps que le pouvoir d’information que recèlent leurs œuvres, décuplé par les moyens littéraires mis en œuvre pour nous faire vivre ce temps-là, c’est au pouvoir de la littérature que nous nous intéressons, pouvoir de choisir son point de vue, d’inventer au plus près du vraisemblable – car ces écrivains font une recherche d’ouvrages et d’archives remarquable, quelques 2000 pages pour trois fictions… –, de nous faire vibrer et de nous installer au cœur d’une violence qu’il est aisé de condamner dans l’abstrait mais qui n’est pas si facile de rejeter quand nous sommes installés au plus près des vies humaines et de l’horreur quotidienne de l’esclavage : supériorité indéniable du geste littéraire sur le geste historique.
Les remerciements de James McBride, à la fin de sa fiction, peuvent guider nos présentations de trois romans américains : « J’exprime ma profonde gratitude à tous ceux qui, au fil des années, gardent vivant le souvenir de John Brown ».

Commençons par le dernier roman paru et la plus jeune des trois romanciers, Sarah McCoy, née en 1980, Un parfum d’encre et de liberté (The Mapmaker’s Children). Roman populaire, au bon sens du terme, ce récit touche un vaste lectorat comme son précédent, Un goût de cannelle et d’espoir. Ce sont des lectrices et des lecteurs de différents milieux qui ne boudent pas le plaisir de dévorer une fiction bien ficelée qui les emporte dans son flot de péripéties et de personnages attachants, ce qui est garanti avec la famille Brown. La chronologie choisie est bien repérable, évitant au lecteur de se perdre entre le passé et le présent. Car Sarah McCoy juxtapose deux histoires : celle d’Eden en 2014, désespérée de ne pouvoir avoir d’enfant et s’installant dans une maison à New Charleston qui sera le lien spatial entre elle et l’héroïne de la seconde histoire, Sarah Brown suivie de 1859 à 1889. Nous laisserons de côté l’histoire d’Eden même si elle est riche d’enseignement en matière de transmission et de mémoire.

Nous nous attacherons aux pages qui font revivre Sarah dont la romancière explique le projet dans un texte final, « Notes de l’auteur » : « En octobre 2011, j’ai commencé des recherches historiques sur la famille Brown, sur Sarah en particulier. J’étais subjuguée par sa vie dont personne ne semblait se souvenir. Artiste talentueuse, féministe avant l’heure, abolitionniste, amie de la célèbre famille Alcott (Louisa, Mary et les autres), proche des leaders du Chemin de fer clandestin et du Comité secret des six de John Brown, érudite. Batteuse de monnaie, agricultrice, enseignante auprès d’orphelins, elle s’est occupée d’enfants qui n’étaient pas à elle. Réputée la plus belle des filles Brown, elle ne s’est jamais mariée, jamais fiancée, alors que toutes les autres avaient fondé un foyer. Cela m’agaçait de ne pas connaître son histoire. J’ai donc entrepris de la retracer pendant trois ans, au cours desquels je l’ai suivie dans tout le pays ».

L’intrigue construite ne fait pas une place conséquente au père, tout en en faisant sentir la forte emprise à travers la vie, les convictions et les actions de sa fille : Sarah est bien le fil conducteur de l’histoire racontée et la fille de son père qui poursuit son action sur un autre mode, forte de son art, de sa formation auprès de deux maîtres prestigieux et d’ouverture au monde environnant, avec la conviction que les femmes n’ont plus à avoir un rôle secondaire. C’est aussi une des grandes constantes d’un roman populaire : dégager de cette histoire de bons sentiments et mettre en périphérie, sans l’effacer complètement la violence de l’histoire de l’abolitionniste, en en faisant transmettre par une tierce personne les moments les plus contestés. Jamais Sarah ne se défait d’une admiration totale pour son père même si son esprit agile et sa situation personnelle la mettent en état de percevoir son intransigeance et son austérité. Le choix du « romanesque » est entièrement assumé par le choix de personnages et de situations extra-ordinaires : entrant dans la vie de Sarah au moment de la condamnation et de l’exécution de son père, avec en flash-back le rappel de la maladie qui, adolescente, l’a rendue stérile, on la suit dans l’après-John Brown qui ne pût qu’être très difficile à vivre pour les membres de sa famille et ses amis.

Soucieuse aussi de convaincre de sa crédibilité, Sarah McCoy opte pour une structure hybride qui, dans la partie « Sarah Brown » mêle treize chapitres du récit de sa vie même, aux lettres échangées entre elle et Freddy et aux documents historiques (affiches américaines et articles de presse) : la narration classique, riche à la fois de la documentation accumulée et de l’imagination au plus près de l’époque de la romancière, est ancrée dans des documents d’époque. Ainsi le projet envisagé se concrétise sous nos yeux : faire revivre cette jeune femme restée une abolitionniste convaincue mais freinée dans ses élans par sa condition de femme, par le lourd héritage du père et par toute son éducation ; ainsi, dit-elle, à propos de Mary Artemisia Lathbury dont elle suit l’enseignement à Boston : « Avec Mary, elle avait découvert qu’une approche modérée apportait les effets désirés plus assurément qu’un geste impétueux ».

Et c’est en approfondissant cette condition de femme que la romancière met le doigt sur des aspects que les autres romanciers laissent de côté. Rien n’est masqué de la conception très conservatrice de John Brown quant à la répartition des rôles entre femmes et hommes. Ses deux mariages en attestent avec le nombre d’enfants (20 au total) mis au monde et l’effacement de sa seconde femme, Mary. Il est notable que la romancière souligne (elle l’a lu ou inventé ?) qu’après la pendaison de son mari, sa femme ne bégaye plus… Maîtrise subite de sa parole qui en dit long sur les contraintes subies, même si elles sont acceptées. Sarah s’est imposée à son père grâce à son talent d’artiste en dessinant des cartes secrètes pour suivre la voie de la liberté, dissimulées dans des poupées : « Ses traits s’assombrirent. Ce n’était pas seulement le père qui se tenait devant elle, mais l’homme engagé et fervent.
— Cela doit rester secret. Tu ne dois en parler ni à ta mère ni à tes frères et sœurs, et certainement pas en dehors de notre famille. Ces dessins… les risques encourus sont immenses. Pour toi, pour les tiens et pour tous ceux qui participent à notre mission. Comprends-tu ? »

John Brown est persuadé que sa fille a répondu à « l’appel de Dieu ». Nous trouvons le récit de l’attaque de l’arsenal mais en mode sourd puisqu’il est fait par Owen, le frère rescapé « ni le plus courageux ni le plus loyal » que Sarah n’admire pas. Cela explique sans doute que, même en rendant hommage au roman de Russell Banks, lorsqu’elle fait fuir les femmes Brown vers la Californie, Sarah McCoy ne cherche pas à leur faire rencontrer Owen qui y vit depuis quelque temps déjà. Ce sont surtout les années fin 1859 jusqu’au départ des femmes Brown en 1864 qui sont assez détaillées. Les autres récits et documents suivent l’histoire d’amour contrariée de Sarah et Freddy – dans une légère inscription du roman dans le roman épistolaire qui a toujours exploré le thème de l’amour impossible. C’est un John Brown en mode light mais qui met l’accent sur la part des femmes dans l’histoire et à ce titre, il est très intéressant. Lorsque Henry David Thoreau (1817-1862) est cité, ce ne sont pas ses textes les plus virulents, La Désobéissance civile (Gallmeister, 2017) ou le Plaidoyer pour John Brown qui sont échangés par Sarah et Freddy mais Walden ou la Vie dans les bois, récit pré-écologique, écrit lors de sa retraite dans une cabane construite au bord d’un lac. Néanmoins il est bien cité et libre au lecteur de se renseigner sur cet écrivain- philosophe qui a inspiré tant de personnalités politiques et littéraires dans les années postérieures.

James McBride, né en 1957, fut en 2013 lauréat du National Book Award pour The Good Lord Bird, traduit en français par L’oiseau du Bon Dieu. Ses choix pour faire revivre littérairement parlant la figure de l’abolitionniste sont complètement différents de ceux de la romancière Sarah McCoy. Le prologue reprend un procédé littéraire efficace : celui de raconter la découverte d’un manuscrit exceptionnel, « un récit d’esclave des plus stupéfiants, mettant en lumière une période méconnue de l’histoire américaine ». C’est un certain Charles D. Higgins, cuisinier et historien amateur, membre de la Première Eglise baptiste unie noire d’Abyssinie, qui a recueilli le récit d’un autre membre « Henry Shackleford, surnommé « l’Échalote », qui prétendait être l’unique survivant noir de l’attaque menée par John Brown, le hors-la-loi, sur Harpers Ferry, en Virginie, en 1859 ». Jusqu’à ce qu’il soit exclu de l’Église pour attouchement sur « une petite polissonne », ce Henry Shackleford était pris pour une femme, un homme de petite taille « aux traits efféminés et aux cheveux bouclés… et qui avait un cœur de gredin ». Il aurait vécu jusqu’à 103 ans. Le récit est vendu à un historien, spécialiste de l’histoire des Noirs américains.

Le roman est construit en trois parties aux titres éloquents : Actions libres (Kansas) – Actions d’esclaves (Missouri) – La légende (Virginie) ; et en 32 chapitres (9/7/16). Il a pour narrateur l’Échalote, jeune garçon métis dont la mère est morte à sa naissance et dont le père « un Noir pure race, d’Osawatomie », est un homme exubérant malgré ou à cause de sa petite taille, barbier de son métier mais au service de son maître, Dutch, et grand déclamateur de la Bible qu’il n’a jamais lue mais qu’il invente. Le premier portrait de John Brown, dont on ne connait pas encore l’identité, est savoureux et en contrepoint des représentations d’un activiste sanguinaire : « Un vieil Irlandais tout délabré entre en titubant dans la taverne de Dutch Henry et va s’asseoir dans le fauteuil de barbier de P’pa. Il avait rien de spécial. Des vagabonds qui parcouraient la prairie dans tout le territoire du Kansas, cherchant à se faire emmener plus loin vers l’ouest, ou à trouver du boulot dans le vol de bétail, il y en avait des centaines en ce temps-là. Ce type, il avait rien de spécial. C’était un maigrichon au dos voûté, qu’arrivait tout droit de la prairie, il puait la bouse de bison, et il avait un tic qui lui contractait la mâchoire, et son menton était couvert d’une barbe hirsute. Il avait tellement de rides et de sillons sur le visage, qui allaient de sa bouche à ses yeux, que si on les avait réunis, ça aurait formé un vrai canal. Ses lèvres minces étaient tirées et faisaient une grimace permanente. Son manteau, son gilet, son pantalon et le cordon au col de sa chemise donnaient l’impression que des souris en avaient grignoté chaque parcelle, et ses bottes étaient complètement usées. Elles étaient trouées au bout et laissaient passer ses orteils. Tout ça ensemble, ça donnait un spectacle bien pitoyable, même d’après les critères de la prairie, mais bon, c’était un Blanc, alors quand il s’assoit dans le fauteuil pour la barbe et une coupe de cheveux, P’pa, il pose le tablier de barbier sur lui et se met au travail ».

Quand le vieil Irlandais est démasqué, l’Échalote prévient le lecteur que « la question de l’esclavage avait plongé le territoire du Kansas en pleine guerre ». Une bagarre mémorable suit : le barbier est tué et John Brown enlève Henry qu’il a décidé d’appeler « Henrietta » : « C’était comme ça que son esprit fonctionnait. Ce qu’il croyait, il le croyait. Que ça soit la vérité vraie ou pas, ça n’avait pas d’importance pour lui. Il changeait tout simplement la vérité, jusqu’à ce qu’elle lui convienne. C’était un vrai homme blanc, quoi ». Obligé de le suivre, le jeune garçon accepte, avec humour et fatalisme, de changer d’identité, d’adopter le porte-bonheur que lui impose John Brown sans en comprendre le sens… Ce que Blanc veut… Elle/il le fait à son corps défendant – l’Échalote passe son temps à prévenir le lecteur qu’elle/il va partir, lâcher le Vieux – et ne le fait jamais. Les années que choisit le romancier sont celles des actions violentes de John Brown et de ses partisans. Le lecteur est ainsi plongé dans différentes péripéties – connues du récit historique –, qu’il apprécie toujours avec un mélange d’adhésion et de distance. Elles sont non seulement décrites mais vécues de l’intérieur avec crudité et détachement. Le narrateur souligne toujours le fossé entre l’implication totale de John Brown et le peu d’engagement des esclaves qui ont une tradition beaucoup trop pesante de répression et de soumission pour suivre ses prêches enflammés. Il est aussi très cru et réaliste sur leurs conditions de vie et de déplacement plongeant le lecteur dans l’envers du « « rêve américain » qui tient plutôt du cauchemar. Des critiques l’ont remarqué, le rythme et le ton de ce roman sont ceux du roman picaresque avec un protagoniste enfant qui a un sens extraordinaire de la débrouille pour retomber sur ses pieds dans les diverses situations auxquelles il est confronté dans des couches de la société différentes ; il est un véritable picaro américain. Le lecteur assiste à toutes sortes de rebondissements, en suivant très précisément les actions attestées de la troupe des abolitionnistes ; et les pires moments sont racontés avec un sens du comique indéniable et une ironie souvent tranchante. Notre connaissance de Frederik Douglass en prend un coup pour longtemps et l’admiration pour Hariett Tubman se renforce ; on se familiarise avec chaque fils Brown et avec une des filles, Annie, tout à fait différemment que dans le roman précédent. Mais c’est vraiment le couple du Vieux et de l’Échalote qui reste inoubliable. On peut multiplier les citations, celle-ci au début du dernier tiers du roman :

« Et puis, pour dire la vérité vraie, je m’étais pris d’affection pour le Vieux. Je l’avais à la bonne. Et je préférais qu’il se fasse tuer et démolir quand bon lui semblerait pendant que j’étais parti, et apprendre plus tard qu’il était mort – le plus tard possible serait le mieux. Je savais qu’il était timbré, et s’il avait envie de combattre l’esclavage, j’avais rien contre. […] Toute cette histoire dans les journaux, qui ont raconté plus tard qu’il menait ces jeunes types par le bout du nez, c’était des foutaises. Ces cabochards de durs à cuire, vous pouviez pas leur faire faire ce que vous vouliez, parce que c’était peut-être des durs à cuire, mais ils étaient attachés à une cause, et tolérants avec celui, quel qu’il soit, qui les menait dans ce combat ».

Effectivement le Vieux fait tout pour la/le mettre à distance quand se prépare l’expédition d’Harpers Ferry : « L’Échalote, qu’il a ajouté en se tournant vers moi, tu vas me manquer, parce que tu es dévouée et, en plus, tu es notre Oiseau du Bon Dieu. Mais c’est mieux pour toi que tu ne fasses pas le voyage vers l’est avec nous, car l’ennemi n’est pas loin et on a du sale boulot qui nous attend ». La dernière scène dans les dernières pages du roman où l’Échalote lui rend visite dans sa cellule est d’une intensité et d’une profondeur bouleversantes et sans humour cette fois. Le romancier déclare, dans un entretien de novembre 2015 avec Dany Laferrière : « J’aimerais surtout qu’on retienne que John Brown fut celui pour qui l’égalité entre les Noirs et les Blancs était naturelle. Et il a appelé à l’insurrection pour celle-ci. Cette égalité peut paraître évidente aujourd’hui, mais il s’agissait d’une réalité trop difficile à accepter pour les gens – Blancs comme Noirs – il y a deux siècles […] Je note qu’en France, on parle de guerre de Sécession, alors qu’il s’agit en réalité d’une guerre contre l’esclavage ».

La force de ce roman, outre cette virtuosité avec laquelle le romancier éclaire le grand abolitionniste, est de choisir, comme narrateur et vision dominante, un Afro-américain peu convaincu de l’issue d’une lutte contre l’esclavage et qui ne chante pas une épopée grandiose de cette période de violences et de brutalités de toutes sortes mais qui observe tout et le transcrit dans une langue savoureuse qui restitue avec un réalisme un monde contre-épique, aux odeurs nauséabondes et aux grossièretés constantes de vies vouées à la lutte dans un pays qui refuse de renoncer à une institution si rentable, l’esclavage. On ne sort pas indemne d’un tel roman.

Enfin, troisième roman, le plus ancien et celui qui a, en quelque sorte, ré-ouvert en littérature le dossier John Brown : Pourfendeur de nuages de Russell Banks. Publié en 1998, Cloudsplitter est traduit la même année chez Actes Sud, et c’est un véritable voyage dans une vie, celle de John Brown évidemment mais aussi de toute sa famille et, en particulier du fils rescapé, Owen, le seul survivant parmi ses fils et de toute une époque fondatrice de l’histoire américaine d’aujourd’hui.

Le roman s’ouvre sur une voix, celle d’Owen, qui regrette de n’avoir pas répondu à la sollicitation d’historiens, Oswald Garrison Villard et son assistante de l’Université de Columbia, qui veulent écrire un ouvrage « censé, quand il sera achevé, non seulement profiter à l’humanité tout entière mais jeter aussi un éclairage favorable sur la famille de John Brown ». Il explique son refus, sur lequel il décide de revenir, par le silence qu’il a adopté depuis 1859 et son rejet de tout ce qui a été écrit à leur sujet que ce soit les pires calomnies, les fausses compassions ou les louanges incongrues. Retrouver la vérité de cette époque n’est pas aisé : « alors que j’ai enfin commencé à parler et à dire la vérité, j’ai le sentiment étrange de mentir à la périphérie des choses ». Car, la grande question est qui était John Brown ? Sa « folie » : on ne peut la concevoir sans « concevoir la guerre, longue et féroce, que se livrent la race blanche et la race noire sur ce continent ». Owen n’a jamais pu vivre car il vit dans la mort d’Harpers Ferry en 1859, après s’être sauvé comme un lapin du désastre ; et s’il parle enfin, c’est qu’il n’en a plus pour longtemps à vivre : « un mort se confesse à d’autres morts pour avoir le droit de les rejoindre ».

Récit réparateur, récit expiation, pour le mener à bien, Owen va remonter à son enfance et à tout le vécu de la famille Brown. Au fil des pages se dessine un portrait tout en nuances de John Brown qu’on ne peut restituer en quelques mots. De page en page, nous parviendrons à sa chute, l’abandon des siens et la fuite. L’abondance de personnages, de faits, la précision des évocations sont stupéfiantes. Rien n’est laissé dans l’ombre de l’évolution de la famille sous la poigne convaincue et illuminée du père, de ses difficultés à vivre au quotidien, de sa misère même pour être au service d’une noble cause à laquelle, d’une façon ou d’une autre, toutes et tous adhèrent. Le roman est une réflexion sur l’intrication entre l’engagement, la foi, l’action violente et le charisme tyrannique d’un chef et son impossibilité à renoncer aux voies de lutte pour ses convictions.

Dans un entretien, Russell Banks avait été interrogé sur ses intentions, en particulier le choix d’Owen pour raconter la vie de John Brown. Il expliquait que si John Brown avait été le narrateur, « il aurait été très difficile d’éprouver de la compassion pour lui car c’est un personnage tellement vertueux, tellement sûr de sa vision du monde, de sa mission. Il aurait été ennuyeux de l’écouter raconter son histoire pendant mille pages. Cela dit, je voulais être proche de lui. Je cherchais un narrateur qui l’aime mais qui éprouve également une certaine crainte à son égard. (…)
Ce devait être un enfant, un disciple, un adjuvant, et s’est imposée à moi la figure du fils, Owen. Le véritable Owen Brown est mort en 1889 mais je tenais aussi à ce que le narrateur soit vivant aux moments des faits qui se déroulent au début du XXe siècle afin qu’il y ait des résonances avec notre présent ». La question suivante porte sur l’indécision que ressent le lecteur entre la justesse de la cause de John Brown et les moyens qu’il utilise : foi et terrorisme ? Aujourd’hui, il est perçu par bon nombre de citoyens américains blancs comme terroriste ; pour les Noirs, il est un héros. « Je trouvais ça intéressant de me pencher sur le point de rencontre entre la violence et la foi. Dans l’histoire américaine elles ont souvent été mêlées. Et cette tendance a désormais gagné le monde entier. La violence guidée par des principes n’est pas identique à la notion de violence telle qu’on l’entend habituellement. On tue au nom de Dieu en quelque sorte. Ce n’est pas facile pour une personne comme moi qui suis athée de comprendre ce phénomène car le premier réflexe est de n’y voir que du nihilisme et de la folie ».

On pouvait penser qu’après la somme romanesque de Russell Banks, il n’était plus possible d’écrire une ligne sur John Brown. Or, il y aura la perspective afro-américaine de James McBride et celle, féministe, de Sarah McCoy. John Brown et sa lutte restent bel et bien acteurs et témoins d’un pan incontournable de l’histoire américaine de l’esclavage et leurs œuvres nous y replongent sans pouvoir donner lieu à une simple récupération par une actualisation occultant les retombées encore sensibles de cette histoire. Le dernier mot à l’ami de John Brown, dans La Désobéissance civile (1849), écrit en prison. Henry David Thoreau éclaire ainsi pour nous la scène finale entre le Vieux et l’Échalote dans la prison d’Harpers Ferry : « Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, c’est en prison que l’homme juste est à sa juste place […] Aujourd’hui, la place qui convient, la seule place que le Massachusetts offre à ses esprits les plus libres et les moins découragés, se trouve dans ses prisons, afin qu’ils y soient exclus de l’État par l’action de l’État lui-même, comme ils s’en sont déjà exclus du fait de leurs propres principes. C’est là, en prison, que l’esclave fugitif, le prisonnier mexicain libéré sur parole ou l’Indien venu plaider les outrages faits à sa race les trouvera ; en ce lieu distinct, mais plus libre et plus honorable, où l’État place ceux qui ne sont pas avec lui, mais contre lui – le seul logis en lequel, dans un État esclavagiste, un homme puisse résider avec honneur ».

Russell Banks, Pourfendeur de nuages, traduit de l’anglais (USA) par Pierre Furlan, Actes Sud « Babel », 880 p., 13 € 70
James McBride, L’Oiseau du bon dieu, traduit de l’anglais (USA) par François Happe, Gallmeister « Totem », 480 p. 11 € 50
Sarah McCoy, Un parfum d’encre et de liberté, traduit de l’anglais (USA) par Anath Riveline, Pocket, 480 p., 8 €