Les livres de Frank Smith sont beaux et exigeants, ils déroutent nos habitudes de lecture et ouvrent le monde selon des dimensions inattendues. Ce sont des livres qui ont comme centre un travail singulier sur la langue autant qu’une attention au monde, à sa vie, à sa multiplicité.

Si l’écriture de Frank Smith est orientée vers une forme d’objectivisme hérité de Reznikoff, elle est en même temps, de livre en livre, le sujet d’une réévaluation et d’une invention. Comme sont, de livre en livre, inventés de nouvelles formes, de nouveaux procédés d’énonciation, de nouveaux objets. Chacun de ses livres est également, pour Frank Smith, un parcours du monde, de ses conflits, de ses beautés, de sa pluralité essentielle. Il n’est ainsi pas étonnant que les thèmes les plus évidents de son travail concernent les frontières, la géographie, les trajets, les rapports, les mouvements. Par ces thèmes et les façons dont ils sont abordés, repris et transformés à chaque fois, cette œuvre est également et fondamentalement politique. Ainsi, les livres de Frank Smith présentent-ils une des recherches les plus intéressantes de la poésie française contemporaine – poésie qui, dans ses livres, perturbe ses propres frontières – autant qu’une entreprise qui engage à repenser le politique pour en faire aussi la matière d’une œuvre littéraire.

Plusieurs articles de Diacritik ont déjà été consacrés à Frank Smith qui, à l’occasion de la sortie de Fonctions Bartleby, a accordé un entretien à Amaury da Cunha (à lire ici). Le livre Katrina a été évoqué par Christine Marcandier et dans un article de Jean-Philippe Cazier. Frank Smith étant également vidéaste et cinéaste, cet aspect de sa recherche a également été développé dans un article consacré à ses cinétracts.

Frank Smith nous a également fait l’amitié et la joie d’offrir à Diacritik plusieurs textes inédits : un abécédaire, une variation autour de Gilles Deleuze, et un texte pour la série « Écrire aujourd’hui ».

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