Ce sont deux expositions terminées que Diacritik a souhaité rouvrir, celle des écritures de Roland Barthes à la BNF, celle que la collection Lambert a consacrée à Patrice Chéreau et qui se termine ce week-end à Avignon (article ici). Dans les deux expositions, des agendas ouverts, fascinants, comme l’entrée du visiteur dans une intimité absolue, une présence mais aussi le laboratoire de la création, faussement ordonné. L’emploi du temps devenu œuvre.

Ces agendas sont des avant-textes, une entrée dans le mystère de la création, le faux quotidien des artistes puisque pour eux rien, sans doute, n’est simple rendez-vous ou perte de temps ou vacuité. Fondamentaux pour la critique génétique, ces pages sont aussi des tableaux – et pour le spectateur l’objet d’une fascination née de l’écriture, des graphies, de ces découvertes entre les lignes, dans les blancs. Pas un simple matériau ou des traces mais un texte plein, la saisie du processus mystérieux qui mue le temps en œuvre, via ce qui semble pourtant lui échapper, les ratures, griffonnages, parfois petits dessins, l’aventure souterraine en somme. Les agendas des artistes sont des témoins, une forme d’autoportrait oblique.
En regard, ceux de Roland Barthes :

& ceux de Chéreau, dans une vitrine du « Musée imaginaire » de la collection Lambert :



Sur ce sujet, lire en ligne l’article de Claire Bustarret dans Genesis, « Griffonnages, dessins, photos et collages dans l’espace graphique du journal personnel (xixe-xxe siècle) », Genesis, 32 | 2011, 97-116.