Tout seul, il étire ses rayons dans le ciel bleu-gris, le soleil. Il y a des gens qui parlent et des gens qui ne parlent pas, des gens qui marchent, et des gens qui font exprès de ne rien faire. La rue sent le fût vide, la cigarette, les rats. L’été a rempli la ville de groupes de gens qui parlaient fort, qui filmaient tout, qui cassaient les verres, vidaient les supermarchés et remplissaient les bus. Depuis, les pavés qui entourent le port sont : noirs. La ville semble : vide.
Vis ma vie
Ce matin il y a du vent sur la mer et pourtant tout est déjà chaud. La télé parle en continu et en même temps que la radio et que les gens qui font la queue de partout. Les avions low cost font des allers-retours dans le ciel et déversent sur le Vieux Port des gens qui se ressemblent tous. Et qui se perdent comme ils peuvent dans les petites rues. Et qui cherchent un morceau de la mer. Et qui achètent des savons. En plein milieu d’une tempête de soleil qui bombarde tout.
Dimanche 1 – « On réussit bien mieux à contempler la vie quand on la regarde par une seule fenêtre » (Gatsby le magnifique).
Lundi : La blague
Sur les terrasses des cafés ou debout au comptoir, personne ne rigole. On a peur de tomber malade, peur de la guerre ou de faire une gaffe. On ne parle pas de grand-chose. Et d’habitude, les cérémonies on s’en fout.
Lundi (mais peu importe) Paris Orly
Prendre l’avion, en long courrier et avec plein de correspondances, c’est quand même l’occasion de polluer un bon coup.
Lundi : tout seul
Cette année encore, mais plus que d’habitude on a voulu couper : le portable, les mails, les photos, le travail, les amis. On a voulu disparaitre des radars, revenir bronzé et sec comme un pruneau, les bras plein de cadeaux faits à la main par quelqu’un là-bas.
Lundi : Game of what
Les semaines en immersion s’enchainaient bien. On était à l’affut de la gaffe et de la bonne nouvelle, on écoutait les histoires des gens, on prenait des notes on disait « tu peux répéter ? ». Puis sans trop savoir pourquoi on a pensé vacances. On a voulu un autre air, voir s’il se passe quelque chose ailleurs et prendre l’avion.
Lundi : Sur la banquise
Lundi : Faust à Ibiza
Ils étaient serveurs barmen strip teaseuses et gogo dancers, ils étaient tatouages piercings nombril et bronzage cabine. Ils ne croient aujourd’hui en plus grand-chose et vivent de bookings en boîtes de nuits de province : ce sont les Anges de la télé-réalité, les Marseillais, les Cœurs brisés.
Lundi : Le film
Times Square 15H. Devant une femme qui boit son Starbucks’ Latte un enfant se roule par terre. A droite quelqu’un vend des hot dogs à deux vieux. A l’angle des mecs en rouge jouent des coudes pour faire monter les touristes dans le City bus.