Le Seuil du jour est un classique : Histoire de chambres de Michelle Perrot, paru en 2009 dans « La Librairie du XXIe siècle » de Maurice Olender. Tous les chemins y mènent, comme le souligne très justement l’ouverture du livre, « Musiques de chambre ». La chambre est l’espace du sommeil comme de l’amour, de la lecture comme « de la réclusion, voulue ou subie », ce qui prend un sens inédit à l’heure de nos confinement et quarantaines. Elle est un microcosme et un analogon, permettant d’entrer dans cette « histoire des espaces » que Michel Foucault, compagnon de route de Michelle Perrot, appelait de ses vœux.

À l’occasion des 30 ans de La Librairie du XXIe siècle créée et dirigée aux éditions du Seuil par Maurice Olender, la Bpi organisait, le 9 décembre, une rencontre avec quelques-un.e.s des auteur.e.s qui se croisent dans cette collection éclectique, riche de plus de 250 titres traduits en une quarantaine de langues.
Edit : en raison du mouvement de grève, la rencontre est reportée à une date ultérieure, qui vous sera communiquée dès que nous en aurons connaissance.

Dans son Histoire des chambres (2009), Michelle Perrot expliquait que ce lieu est « le théâtre de l’existence, ou du moins de ses coulisses » : « La chambre cristallise les rapports de l’espace et du temps ». Sans doute est-ce aussi la fonction comme la poétique de Nohant pour George Sand, cette « maison d’artiste » qui lui sera, tout au long de sa vie, un espace intime et familial comme amical et social, un lieu où écrire et aimer mais aussi recevoir.

Dans un très bel ouvrage que Suzanne Horer et Jeanne Socquet consacraient en 1973 à la place de la femme dans l’art, parmi les quelques beaux témoignages de femmes artistes publiés, la parole était donnée à Marguerite Duras qui mettait précisément l’accent sur la nécessité, de la part de la femme écrivain et cinéaste qu’elle représentait, de s’exposer avec force et conviction sur la scène médiatique pour faire face à un dehors masculin hostile et toujours prêt à suffoquer la parole féminine. Le titre du livre, La Création étouffée, annonçait déjà le projet des deux auteurs : aller interroger le pouvoir créateur qui est plus volontiers accordé aux hommes comme si la création était un ensemble monolitique réservée à une seule portion du monde.

Depuis des temps immémoriaux, la Tunisie, ce grand petit pays, le seul du monde arabe à n’avoir pas réduit à rien ou transformé en guerre la vague révolutionnaire née en janvier 2011 sur son sol, s’est fait une spécialité… de ses femmes. Coïncidence ? Des femmes parfois insoumises, voire rebelles. Et assoiffées de liberté – bien avant que ne soit proclamé, en 1957, sous la présidence d’Habib Bourguiba, le fameux Code du statut personnel, qui fait des Tunisiennes, contre vents et marées, les moins discriminées du monde arabo-musulman. Trois livres en témoignent, signés Sophie Bessis, Michèle Lesbre et Saber Mansouri.