Audacieux, inventif et splendide : tels sont les trois adjectifs qui viennent spontanément à l’esprit du public qui vient d’assister à la représentation du Côté de Guermantes de Marcel Proust adapté et mis en scène par Christophe Honoré. Une très grande réussite en effet qui se joue actuellement au théâtre de Marigny tant Christophe Honoré réussit un pari plus que délicat : celui non de simplement parvenir à mettre Proust en scène mais à faire de Proust une pièce maîtresse de son œuvre même.
Le Coté de Guermantes
Le duc de Guermantes n’est jamais sans maîtresse, une maîtresse dont à chaque fois il est follement épris et qu’il affiche. Toutes se ressemblent d’ailleurs :
Marcel va enfin obtenir d’Albertine le baiser espéré, un baiser gorgé de souvenir. Il sera donné dans la chambre de Marcel à Paris :
Près d’un an après le baiser refusé à l’hôtel de Balbec (avec sonnerie d’alerte), Albertine rend visite à Marcel chez lui. Elle a bien changé et son langage s’est affranchi ; mieux : elle ne refuserait pas d’accorder un baiser.
Saint-Loup et Rachel déjeunent dans un restaurant parisien en compagnie de Marcel. Ils y sont servis par Aimé, le maître d’hôtel connu depuis Balbec et dont le visage a beaucoup de classe.
Marcel a rejoint l’ami Saint-Loup en garnison à Doncières. Épris d’Oriane de Guermantes, il voudrait obtenir de Robert un portrait photographique de la belle duchesse, sa tante, sans pour autant avouer sa passion.
La famille du jeune Marcel est désormais logée à Paris à proximité de la demeure des Guermantes. Aussi arrive-t-il à notre héros de croiser la belle Oriane dans le quartier, à l’égale d’une reine qui aimerait à s’encanailler un peu :
Mallarmé définit la parole brute par son utilité : le langage sert, « il est d’usage, usuel, utile ; par lui, nous sommes renvoyés à la vie du monde, là où parlent les buts » (Blanchot).