Les éditions de l’Olivier ont été fondées en 1991, elles fêtent donc leur 30 ans en cette drôle d’année 2021. On pourrait regretter que la pandémie mondiale contraigne voire interdise encore rencontres en librairies, colloques et autres événements qui auraient pu émailler ce formidable anniversaire. Mais le contexte si particulier qu’un virus donne à nos vies dit aussi ce qu’est la littérature : un rempart, une évasion, un repère. Et c’est bien ce type de littérature, française comme étrangère, que publie et transmet la maison d’édition d’Olivier Cohen, depuis désormais trois décennies.

Luke en rêvait, à la toute fin de La belle vie, « la ville pourrait servir de décor à une future rencontre avec Corrine ». Ce roman potentiel, déjà amorcé dans une nouvelle de Moi tout craché, Jay McInerney l’a enfin offert à ses lecteurs avec Les Jours enfuis, qui paraît aujourd’hui en poche, chez Points, dans une traduction de Marc Amfreville.

Jay McInerney a passé une semaine à Paris pour la promotion de son dernier roman, Les Jours enfuis, paru le 11 mai aux éditions de l’Olivier, dans la très belle traduction française de Marc Amfreville.
En point d’orgue, une rencontre exceptionnelle avec ses lecteurs, à la librairie Atout Livre, animée par David Rey. Diacritik y était et a pu filmer l’événement.

Luke en rêvait, à la toute fin de La belle vie, « la ville pourrait servir de décor à une future rencontre avec Corrine ». Ce roman potentiel, déjà amorcé dans une nouvelle de Moi tout craché, Jay McInerney l’offre enfin à ses lecteurs avec Les Jours enfuis, qui paraît aujourd’hui en France dans une traduction de Marc Amfreville.

Il y a des choses qui ne changent pas, qui ne changeront jamais, déclarait un personnage de Trente ans et des poussières de Jay McInerney, premier volume d’un massif romanesque centré sur les Calloway, les « fiancés de l’Amérique », émanation du New York bouillonnant des années 80. Mais, comme le sait déjà Russell, « la vie devient plus compliquée à mesure qu’on vieillit ».

En 1992, Jay McInerney, déjà auteur du sensationnel Bright Lights, Big City (1984), publie Brightness Falls qui paraît l’année suivante en France, sous le titre Trente ans et des poussières. Ainsi s’ouvrait un cycle romanesque autour d’un couple incarnant à la fois un lieu (New York) et un moment (les eighties), Russell et Corrine Calloway que l’écrivain ne parviendra jamais vraiment à abandonner.

Nombre de romans américains parus ces dernières semaines rappellent l’essor et l’âge d’or français de ce genre (XVIIIè-XIXè siècles), un avènement lié à sa capacité à absorber le chaos, à classer un réel qui dépasse tout entendement et à tenter, sinon de le comprendre, du moins de le penser. Deux microgenres romanesques semblent dominants dans ces publications récentes : les physiologies et les dystopies qui mêlent science et fiction pour mieux pour embrasser, classer et dépasser le réel. Tour d’horizon avec Garth Risk Hallberg, Lionel Shriver, Wednesday Martin et John Feffer.

Le projet d’écrire un premier roman, quand on est par ailleurs le rédacteur en chef d’Interview (fondé en 69 par Andy Warhol), journaliste pour The New York Times, Artforum ou The Believer, est un peu à la littérature ce que le quadruple lutz de Surya Bonaly était au patinage : l’exercice pourrait passer pour une performance sans réel intérêt artistique, pire, se terminer en une chute façon étoile écrasée sur la glace, ou, plus rarement, être un moment de grâce. Or Christopher Bollen a réussi son quadruple lutz avec Lightning People (2011), traduit sous le titre Manhattan People chez Calmann-Lévy.

Dans Elle, chaque semaine, des fiches cuisine. Parfois les recettes sont celles d’écrivains, comme en janvier 2013, quatre fiches signées Jay McInerney. Qui sont directement parties dans un de ses livres (La Belle vie, forcément), sorte de marque-page d’un autre genre. Ce qui m’a permis de les retrouver (relativement) rapidement dans ma bibliothèque pour ce Books and Cooks du jeudi.