Autofiction est un néologisme qui me séduisit. Il sentait le structuralisme, l’art contemporain, et puis les auteurs qui me marquaient écrivaient dans cette veine, disait-on. Mais, quelque chose me heurtait. Si j’appréciais que s’avouât la difficulté de se dire sans s’imaginer ou s’inventer – si, mieux, flottait l’idée qu’une vérité de soi eût la qualité d’un fantasme ou d’un fantôme, le mot « autofiction » ramenait l’intime à du fictif créé ex-nihilo.

« Elle me dit son nom, celui qu’elle s’est choisi : ʺNadja, parce qu’en russe c’est le commencement du mot espérance, et parce que ce n’en est que le commencementʺ ». Les lecteurs d’André Breton reconnaîtront cette phrase et cette femme, muse, inspirant un manifeste du hasard, de la « beauté convulsive », de la mise en danger. Nadja, la femme qui sait coucher la réalité sous ses pieds, fait lever de « pétrifiantes coïncidences ». Qui incarne, pour Breton, un idéal surréaliste, au point qu’il niera la femme pour dire la figure, sa séduction, son infinie poésie, sa manière d’être une « idée limite ».

Le troisième épisode de la série documentaire d’Emmanuel Blanchard et Dominique Kalifa, diffusé samedi sur Arte, est centré sur la fameuse Violette Nozière, « le monstre en jupon », un fait divers qui met en perspective un acte au sommet de la hiérarchie criminelle, le parricide. Tuer le père, pilier de la société, c’est renverser l’ordre social. Mais derrière l’acte, ce sont toutes les contradictions et tensions des années 30 qui sont déployées et interrogées dans cet épisode passionnant.

Les éditions Le Tripode ont publié en 2013 la biographie que Jean-Jacques Pauvert a consacrée à Sade. A cette occasion, Lucie Eple avait rencontré Jean-Jacques Pauvert dans sa maison du sud de la France, au Rayol. Jean-Jacques Pauvert, dont le nom est à jamais associé à toute littérature transgressant marges, codes et conventions, est mort en septembre 2014. Cet entretien vidéo est l’un de ses derniers. Sade, Pauvert, à jamais vivants.