« J’ai décidé de composer mille poèmes parce que j’ai besoin d’écrire tous les jours, le matin, le soir, et la nuit lorsque je ne dors pas. Venant buter sans relâche contre l’os de l’âme, je ne cesse d’interroger le vide sous mon cœur », écrivait Patrick Varetz en quatrième de couverture de Premier mille (2013). Le journal des travaux et des jours se poursuit avec le Deuxième mille qui vient de paraître, manière de faire de la poésie la forme même du temps, cette gangue de mots et vers qui interroge le vide de l’existence, à défaut de le combler.
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On connaît le syndrome de Stockholm ou celui de Stendhal. Voici, chez Patrick Varetz, la malédiction de Barcelone, titre pour le moins énigmatique. Le récit épouse son élucidation, invitant le lecteur à des interprétations labiles, autour d’une question lancinante : quelle est la part de vérité de nos souvenirs ?
Rougeville est de ces lieux qui sont plus qu’un lieu, un espace mental et une géographie littéraire. Un homme revient dans la ville de son enfance et son adolescence, le berceau de sa famille, il déploie un espace intime, mais pas en marchant dans les rues : avec Patrick Varetz, l’arpentage du lieu passe par Google Street View.
Je suis sans voix. Comme des milliers de lecteurs, et comme tant d’autres auteurs. Puisque le temps a choisi de s’arrêter aujourd’hui, avec la cruauté que l’on sait, je prends sans attendre le parti d’écrire, incapable d’agir autrement, et impatient déjà de retrouver les mots qui me liaient à lui.
J’ai avalé avec bonheur Made in China de Jean-Philippe Toussaint, un récit où l’auteur témoigne de son attachement pour la Chine, notamment à travers la relation qu’il entretient avec Chen Tong, son éditeur chinois (également producteur de plusieurs de ses courts métrages).
Le livre, qui se voulait au départ — peut-être avec une feinte innocence — le journal de tournage de The Honey Dress, son nouveau film, devient rapidement le prétexte à tout autre chose.
Après Bas monde (2012) et Petite vie (2015), Patrick Varetz poursuit sa Règle du jeu : écrire « une époque trompeuse » à travers l’existence d’un double, Pascal Vattez, personnage et espace même de l’écriture tant il lui est impossible de « combler le vide qui s’ouvre » en lui.
Je peux crier, sans savoir pourquoi je crie, sans douleur réelle. J’attends d’être seul, et j’extrais du corps ce long hurlement jusqu’à l’entendre. Je rentre chez moi en catastrophe, et je me réfugie dans le salon, à la fin de l’après-midi, avec ce besoin imminent d’exploser. Un instant, je demeure là, comme abandonné, incapable de m’asseoir. Je ne forme aucune pensée, et aucun grief contre l’existence, mais je laisse échapper cette plainte animale.
L’abécédaire de Patrick Varetz, écrivain, auteur de Jusqu’au bonheur (2010), Bas Monde (2012), Premier mille (2013), Petite vie (2015), tous publiés chez P.O.L, et plus récemment de Modigliani, une bonté bleue (Invenit, coll « Ekphrasis »), à paraître à l’occasion de la rétrospective « Modigliani, l’œil intérieur » au LaM (du 27 février au 5 juin) : Modigliani, une bonté bleue sera en vente au LaM dès le début de l’exposition, puis en librairie à la mi-avril.