Dans le cadre de la 14e édition des Enjeux contemporains organisés par la Maison des écrivains au Vieux-Colombier, Diacritik, partenaire de l’événement, est à la rencontre de la romancière Laure Gouraige. Voix majeure du contemporain, la jeune autrice a fait paraître successivement deux récits remarquables chez POL, La Fille du père (2020) et Les Idées noires (2022). L’occasion de lui demander avant sa table ronde sur la sororité avec Lamia Berrada-Berca de vendredi matin ce qu’elle entend par « Faire commun ».
Qu’est-ce qui, selon vous, met en péril aujourd’hui la possibilité même de faire monde commun ?
Nous sommes placés aujourd’hui, à l’échelle mondiale, sous le signe général de l’intérêt privé, de la circulation marchande. Ceci a pour conséquence une formidable atomisation du corps social, chacun essayant vaille que vaille d’aménager matériellement la sphère de l’égo. Il y a en latence une souffrance qui ne dit pas son nom, ou bien vécue dans une active dénégation. Le temps, le loisir, l’entre-soi, sont à réinventer.
Dans ce contexte, comment occulter l’émergence des thèmes de l’identité, du national, où la figure de l’altérité se trouve considérablement altérée ?
Qu’est-ce qui en dépit d’un monde de plus en plus fractionné peut encore faire commun ?
En tant qu’écrivaine, je ne peux m’empêcher de faire référence à la littérature et à l’art, en général.
Existerait-il en cette instance de quoi réactiver la pensée, lui donner abris en une subjectivité qui laisserait sa part à l’amitié, au social, voire à l’amour ?
Dans le fond, le souci premier, à mon sens, d’une universalité moderne serait la question de la pensée dans son rapport à l’art.
Ou encore, l’art et la littérature par la subsomption d’un monde en pensée, permettraient-ils de protéger l’avenir immédiat, de le voir sous un jour nouveau ?
Un des grands philosophes du siècle dernier prophétisait que seul un dieu pourrait nous sauver. Ce dieu serait-il, aujourd’hui, ce qui dans la pensée se nomme art et littérature ?
Laure Gouraige participera avec Lamia Berrada-Berca le vendredi 20 octobre à la rencontre modérée par Jean-Marc Moura interrogeant dans le « Faire Commun » la sororité (11h15-12h00)
Les journées de rencontres littéraires, au Théâtre du Vieux-Colombier Comédie-Française 21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris – Entrée libre dans la limite des places disponibles — Le programme complet