Madonna vaste comme un siècle

Capture d'écran Instagram @Madonna

Madonna vient de publier une nouvelle photo sur son compte Instagram, elle le fait chaque jour ou presque, un de mes amis commente : « On rejoint là une sorte d’abomination… La folie pure ? Tranquille un joint dans la bouche ! Est-ce cela être cool en 2021 ? Qu’est-il arrivé à cette femme ? Et à son intelligence intuitive et à sa force créatrice ? Son ombre se refermerait elle sur elle ? Le visage du dedans rencontrerait le visage du dehors ? Conséquence de ce monde en cataclysme ? De ce covid ?  #autodestructice  #mortifere @madonna, où est passée ta force ? »

Je précise que cet ami est un admirateur de Madonna, c’est quelqu’un de raisonnable dans la vie, il aime Madonna depuis le début et il a le droit de penser ce qu’il veut bien entendu. Mais sa violence verbale me laisse perplexe… j’aimerais savoir dire le nom de cette violence qui s’attache à une seule photo pour marcher sur toute une carrière, toute une vie, et quelle carrière, quelle vie !

« Madonna knows who is she, and she knows who you are. »

Madonna est certes « refaite de chez refaite » mais je vois toujours Madonna, une Mona Lisa, la Madone comme photographiée par Cindy Sherman. Alors quoi, elle fume des joints, se tape un mec de 23 ans ? Tant mieux pour elle, perso j’aimerais être elle, ou lui. C’est beau qu’elle ait cette vie non assagie, sans cela elle ne serait plus Madonna, celle qui dérange chaque époque qu’elle traverse, tout le siècle. Pendant tout le siècle une seconde où tout s’achève. Madonna est une œuvre vivante d’art contemporain, une installation.

Ne pas oublier que Madame X. est une vaste auto-fiction. Madonna / Annie Ernaux / Pessoa, Camille Laurens même combat ? Et pourquoi pas ?

Et faudrait-il qu’elle soit morte pour qu’on la célèbre enfin ? Faut-il que nous soyons morts pour devenir acceptables ? ça m’a toujours étonné et toujours semblé suspect, cette façon qu’on a de pardonner aux morts, et d’accuser toujours les vivants. Si l’on pouvait regarder les vivants avec la même tendresse qu’on porte aux morts… le monde n’en serait-il pas changé ? Le germe de la révolution humaine à laquelle nous rêvons tous se cacherait-il dans notre rapport à la finitude ? Les Bouddhistes méditent des heures devant les cadavres.

Diogène le Cynique exigea que son corps soit abandonné sans sépulture. « Aux oiseaux et aux bêtes sauvages » ! s’exclamèrent ses amis. « Pas le moins du monde, leur répondit-il, vous mettrez près de moi un bâton pour les chasser. » « Comment le pourras-tu puisque tu ne sentiras rien ? » « Dans ce cas quelle importance que je sois dévoré par les bêtes sauvages ? » Cicéron

Madonna n’est pas acceptable, elle se comporte comme une ado au point de sembler par moments plus jeune que Billie Eilish, alors qu’elle a soixante ans et des poussières, à la bonne heure !

Madonna ne lutte pas contre le temps, elle le baise !

Bitch, she is Madonna !

Quoi, la reine est morte ?

Quoi ? L’éternité !

Vive la reine !

Le reine s’appelle toujours Madonna !

« Celui qui veut entretenir en soi le désir de continuer à vivre et la croyance en quelque chose de plus délicieux que les choses habituelles, doit se promener. » Marcel Proust

Bon, Madonna, je viens de t’écrire un joli papier, tu m’invites à un tour de One, two, cha-cha-cha ?