King Kong de Blain et Piquemal : un retour fantastique

© Robinson Éditions

Se (re)plonger dans King Kong de Christophe Blain et Michel Piquemal, c’est faire un beau voyage. Publié il y a quinze ans dans la collection « Les grandes aventures racontées aux enfants » chez Albin Michel, le livre reparaît aux éditions Robinson en 2019, auréolé d’une réputation de livre culte, au genre (presque) indéfinissable.

Le King Kong de Blain et Piquemal est-il un livre de conte, un livre d’art, une histoire illustrée ? Un peu tout cela à la fois : c’est un objet-livre magnifique, une histoire devenue universelle depuis la première apparition du grand singe en 1933 sur les écrans de cinéma, magnifiée par le trait puissant du dessinateur de Gus, Quai d’Orsay ou Isaac le pirate.

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C’est aussi une des premières intrigues de film dans le film, quand Edgar Wallace et Merian C. Cooper imaginent cette aventure qui touche au fabuleux, au légendaire : après avoir recruté une jeune femme, Ann Darrow, dans les rues de New York pour tenir le rôle principal d’un film en devenir, une équipe de tournage embarque pour un voyage vers une île mystérieuse au large de Sumatra, l’île du crâne. La suite et la fin de l’aventure sont aujourd’hui largement connues ; accueillie par des indigènes plutôt hostiles, l’équipe remonte à bord ; Ann Darrow est enlevée par la tribu qui offre cette dernière en sacrifice à un singe géant… le réalisateur et le marin partent en terre inconnue secourir la jeune femme ; capturent le roi Kong pour l’exhiber à New York ; et l’histoire s’achève sur une des scènes les plus iconiques du cinéma : la mort de King Kong en haut de l’Empire State Building, roi déchu, tombé amoureux de la beauté diaphane d’une starlette.

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En 48 pages, Christophe Blain et Michel Piquemal revisitent, adaptent King Kong, livrent les idées-forces du récit : les histoires d’amour croisées, la mort de la créature fantastique métaphore de la mise à mort d’une création cinématographique, la démesure du show-business qui, un an après Tarzan l’homme singe, développe l’idée d’un cinéma à grand spectacle sur les cendres encore rougeoyantes des freak-shows itinérants. L’évocation est à la mesure du résultat : tour à tour flamboyante, sombre, enlevée, puissante. Christophe Blain alterne les doubles pages aux effets brossés somptueux et des cases où son sens du mouvement et de la perspective fait merveille.

Michel Piquemal (textes) & Christophe Blain (illustrations), King Kong, librement inspiré du héros créé par Edgar Wallace, 48 p. couleur, Robinson Éditions, 14  95

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