« Cassandro est tiraillé entre mille masques » : Entretien avec Marie Losier

Arborant fièrement des tenues plus flamboyantes les unes que les autres, toujours excessivement parfumé, minutieusement maquillé, rien n’est jamais too much pour Cassandro. Mais il ne faut pas s’y tromper, le personnage haut en couleur est aussi un véritable athlète téméraire s’illustrant depuis 26 ans dans le monde du catch mexicain – la Lucha Libre – comme le champion des Exóticos, ces catcheurs gays ou travestis qui cassent les préjugés dont ils peuvent faire l’objet.

Pellicule 16 mm, conversations skype, son asynchrone, sont parmi les ressorts filmiques permettant à Marie Losier de dresser avec justesse et pudeur le portrait d’un personnage extravagant qui ne se dévoile qu’en apparence, en proie à des addictions, et devant par ailleurs envisager d’arrêter sa carrière. Ce biopic documentaire sensible et réjouissant ne prétend jamais à l’exhaustivité et écarte toute pédagogie, évitant également toute fascination malvenue pour son personnage. Quelques mois après avoir découvert le film aux États généraux du film documentaire de Lussas, rencontre et entretien avec Marie Losier alors que son film vient de sortir en salles.

Pouvez-vous expliquer ce qui vous a mené à faire un film sur et avec Cassandro ? Celui-ci s’ouvre avec une conversation Skype lors de laquelle vous lui demandez de ses nouvelles. Est-ce l’histoire d’une rencontre, un intérêt pour le monde de la Lucha libre, pour cette région du Mexique ?

Tous les films que j’ai réalisés sont des portraits et pour moi, c’est forcément une question de rencontre. Je n’ai pas choisi de faire un film sur Genesis ou sur Tony Conrad avant de les connaître. Ce sont des rencontres qui deviennent des amitiés qui deviennent des films. Pareil pour Cassandro, je ne connaissais absolument pas le monde de la Lucha Libre, bien que j’allais souvent au Mexique, habitant New-York. On s’est liés d’amitié et il était tellement haut en couleurs, extravagant, qu’il m’est apparu comme un vrai personnage de cinéma qui sortirait tout droit d’un film d’un Fellini contemporain. Il est tiraillé entre mille masques, secrets et contradictions. Notre amitié s’est construite avec le temps, parce qu’il a fallu qu’on se fasse mutuellement confiance, pour aller ensuite dans le cinéma. Il a fallu faire avec la distance aussi. Et le Skype du début traduit cela en résumant toute l’histoire du film par rapport à son métier. Je voulais que tout soit dégagé d’emblée à ce niveau-là pour aller le plus vite possible vers ma manière de faire du cinéma, de raconter une histoire, plutôt que d’avoir à répondre à ses questions documentaires.

Il dit dès le début qu’il a été tabassé, insulté en tant que gay et souhaiterait qu’on s’intéresse à son travail, aussi parce que faire du catch, être un Exótico lui permit de lutter contre les préjugés. Le film rejoint-il cette démarche ?

Aujourd’hui, c’est étonnant de voir Cassandro aller dans tous les festivals et être si bien accueilli, en tant qu’Exótico, en tant que personne tout simplement. Ça montre sa force, et j’espère que le film le respecte. Il lui donne l’occasion de parler de son métier, et quelque part, je ne me rends compte qu’aujourd’hui c’est un cadeau pour lui, pour la suite. Je pense que la rencontre s’est faite non pas dans l’explication de la Lucha Libre à travers le tournage mais plutôt dans le quotidien et ce que cela signifie d’être un athlète. Il y a aussi les entraînements et les backstages, les séances de maquillage, les cérémonies religieuses qui passent du catholicisme aux aztèques, les répétitions dans le jardin, etc. Et bien sûr, le film montre sa force de vivre et sa volonté de ne rien cacher : il est ouvertement homosexuel dans un milieu extrêmement machiste et très homophobe. C’est très dur à vivre, dans un pays comme le Mexique, dans ce milieu de la Lucha encore plus, et il habite quand même au Texas… C’est une grande bataille de sa vie et un geste politique très important pour lui. J’ai voulu rendre justice à cela. Bien qu’on voie aussi ses fragilités, exposant les deux faces de sa personnalité et de sa vie.

Marie Losier © Joffrey Speno

Il est constamment dans un excès rayonnant et drôle : il expose ses tenues hautes en couleurs, se pulvérise énormément de parfum, prend plaisir à faire un récit épique de sa vie… Comment figurer cela? Est-ce le cas dans cette séquence sublime des feux d’artifices en surimpression avec son visage les yeux fermés ?

Je pense que son quotidien est fait de rituels très établis, que ce soit le parfum, le maquillage, les talons, les chemises de femmes, etc., rythmé par son énergie folle, qui va à mille à l’heure. Quelque part, ce moment de surimpression sur pellicule, c’était la beauté de la lumière de scène que peuvent avoir les feux d’artifice et l’explosion totale de couleurs, comme celles qu’il a en lui. Ce sont leurs bruits, mais aussi la fleur, la douleur qui, surimpressionnés avec la sensualité de son visage, parlent beaucoup de lui. C’était une image que j’avais en tête quasiment depuis le jour où je l’ai rencontré.

Il cultive une endurance presque sacrificielle aux coups, aux dangers physiques auxquels il s’expose. Il dit qu’il faut qu’il se protège de lui-même, n’arrive pas à prendre sa retraite, même en béquilles. Vous filmez aussi son corps en détails alors qu’il en décrit les cicatrices. Par la suite, une séquence en musique monte ses matchs avec ses innombrables échographies.

C’était un peu « le corps sous toutes ses coutures ». Comme dans mon film précédent, il y a un rapport au corps et à la danse du corps. Le corps aussi en tant qu’art, parce qu’il est pour Cassandro un matériau primaire, comme la glaise, la peinture, ou la pellicule. Je trouve ça tellement beau. C’est un corps accidenté, détruit, et à la fois magnifique et magnifié. C’est un corps artistique et de compétition. Cette danse était essentielle à montrer sans être explicative. Il parle du corps en Skype, il y a les scans sur une musique d’Alan Vega complètement décalée par rapport à ce que peut raconter une radio, et cette séquence de gros plans sur les cicatrices où il s’exhibe en slip totalement ironique. On retrouve aussi cela dans les rituels. Et je dirais que son corps et ses gestes ont été mes deux manières d’approcher le montage, par collage de bouts de corps et de sons. C’était pour moi une manière de lui redonner corps. Tout le monde me demande ce qu’il devient : il va très bien, il est remonté sur le ring, il est fou (rires). Il y a une addiction à la lutte et comme pour tous les sportifs, il n’arrive pas à s’arrêter. C’est très difficile pour un gymnaste, un danseur, d’arrêter. Il y a toujours un après qu’il faut se créer – créer un autre soi. Je pense qu’il vit ce moment de transition au cours duquel il se recrée un autre corps pour continuer à marcher.

Il semble manifestement tiraillé en permanence entre plusieurs choses contradictoires qui constituent son identité, sa complexité. Sont-ce là des éléments constitutifs de la dramaturgie du biopic que vous vouliez construire ?

La dramaturgie s’est construite avec le temps car le tournage s’est étiré sur plusieurs années. Et souvent dans le documentaire, tout est inattendu parce que tu as une idée en tête et le film part à droite au lieu de partir à gauche. Il n’y a rien qui ne reste de ce qu’on avait prévu. J’avais évidemment quelques idées très précises de mise en scène, que j’ai inventée au fur et à mesure, mais le désir primaire était de filmer son histoire à travers mes yeux, grâce à une entente et une intimité qui n’était pas donnée, et pas celle que l’on connaît de Cassandro déjà présente sur YouTube ou ailleurs. Il s’agissait plutôt de détourner ce qui est déjà connu sans avoir à expliquer ce qu’est la Lucha Libre, sans donner trop de traces, pour au contraire arriver à quelque chose d’inconnu et faire ressentir les choses, vivre un moment avec lui, parcourir cette heure et demie en laissant des portes ouvertes.

C’est un travail qui s’est opéré au montage ?

J’avais énormément de rushs et c’était la première fois que je travaillais avec une monteuse, Aël Dallier-Vega, et cela pendant un an et demi. Une sacrée rencontre aussi! J’avais toujours monté seule, à part quelques courts pour lesquels des amies réalisatrices m’ont aidée. Aël a vraiment aidé à instituer une narration. Et on s’est complétées car je suis moi extrêmement rapide dans le montage de bouts, les chocs, les cuts, quand elle apporte une narration plus classique pour faire une sorte de lien entre tous ces événements et enfin raconter une histoire.

Le film est composé de fragments numériques avec ces conversations distantes par Skype, mais aussi en grande majorité par de la pellicule 16mm. Quels enjeux esthétiques y avait-t-il à utiliser ces deux médiums ? Leur articulation n’esquisserait-elle pas par ailleurs une dialectique entre distance et proximité entre vous deux d’une part, et celle entre un matériau contemporain et un matériau qui a son histoire, notablement en déclin d’utilisation d’autre part ?

Je n’ai jamais pensé d’opposition entre la pellicule, la vidéo, le numérique. Je pense que chaque réalisateur choisit ce qui lui convient, ce qui correspond à ce qu’il veut raconter, à son film. J’aime le 16mm parce que je viens des Beaux-arts, puis j’ai fait une école de cinéma. Et du jour où on m’a offert une Bolex, je ne l’ai jamais quittée. C’est un rapport à la pellicule que je ne saurais expliquer, une croyance en le cinéma. Je ne dis pas que les films en numérique ne sont pas sublimes dans ce médium, mais je suis plus sensible au début du muet, à Méliès, aux westerns. Et je crois que ces deux aspects se retrouvent dans ce film avec Cassandro car ils me semblaient évidents en allant vers El Paso, vers le Mexique, avec les couleurs de pellicule. Les pellicules sont courtes, le temps de tournage est très ramassé, très précis, et cela m’aide. En numérique, je n’arrive pas à me concentrer, je n’arrive pas à sentir et je ne me sens pas aussi proche de la personne et des objets que je filme. Mais c’est ma façon. Et une grande chose aussi : j’aime travailler de façon désynchronisée, c’est-à-dire que j’enregistre le son séparément de l’image. J’ai deux rapports très physiques différents. J’aime jouer avec cela et penser un film comme cela. Mais pour le premier film produit que je faisais, j’avais aussi envie d’essayer de nouvelles choses, de me pousser encore plus loin, alors il y a des moments filmés en numérique synchronisés. Mais quelque part, quand même, en basse définition. L’image reste pas très lisse, pas très propre. Il y a un mélange entre les archives YouTube, les Skype, le 16 mm qui est encore un autre collage.

Un aspect m’a interpellé dans le montage, il s’agit de ces vues voilées qui interviennent souvent comme transition. Sont-ce les fins de bobines ou des effets? Sont-elles aussi la figuration de l’éblouissement, de la flamboyance de Cassandro ?

Ce sont un peu des moments fantômes, des débuts et des fins de bobines. Je ne fais jamais les choses comme il faudrait, dans une pochette noire, pour changer les pellicules. Je les fais en plein soleil, rapidement. Et ça marche quand même. J’adore ces couleurs qui se transforment et éblouissent. C’est une palette de peinture. Ces images de fin et début de pellicules m’ont permis de faire le montage, de penser le rythme, les changements de sons ou d’images. Plutôt que de faire un fondu ou d’avoir une cassure marquée, elles m’aident à passer au-delà. Tout le monde ne le remarque pas, pourtant, elles me sont si chères et personnelles.

Pouvons-nous parler encore davantage de ce son asynchrone? Où voulez-vous nous emmener avec ce décalage ?

Pour moi, le son est encore plus important que l’image. Je pense beaucoup l’image quand je la fais, quand je tourne, quand je cadre, mais le son est pour moi le véritable bonheur du montage. C’est immense. Je travaille beaucoup plus le son que l’image, ne serait-ce qu’en termes de quantité de matière. C’est de la dentelle, du collage musical. Il y a un mot, un autre, invention d’un son, déplacement d’un son, reconstitution d’un son, musique, création sonore, etc. Il y a tellement de couches sonores pour créer un monde dans chaque passage de séquence. C’est un travail que j’aime énormément et que j’aime à penser comme celui que je fais avec mes collages de peinture. Je ne sais pas faire de musique, j’aurais voulu être musicienne, mais quelque part, c’est le seul endroit où je peux créer quelque chose de musical.

Comment avez-vous géré la question de la distance et de la pudeur? Cassandro dit lui-même qu’il n’a pas eu un parcours facile : il a subi des abus sexuels enfant, a été sujet à plusieurs addictions dont il est sorti depuis onze ans, etc.

Je n’ai jamais forcé quoi que ce soit, c’est toujours lui qui a révélé des choses. Mais je ne voulais pas que ça devienne cliché avec ce qui peut l’être concernant la drogue et l’addiction, comme pour un groupe de rock. Mon approche était la même pour la famille, pour les abus… Donc je l’ai laissé se livrer au tournage avec l’intention de garder ou pas certaines choses au montage. Je crois qu’il fallait laisser ces portes d’entrée, sans avoir besoin d’aller dans le pathos. La difficulté pour moi était plutôt de gérer la tension qui pouvait s’établir entre nous.

D’ailleurs, le film expose votre place et votre relation avec Cassandro par plusieurs moyens : les conversations à distance, le cadrage à l’œuvre, votre voix hors-champ. Celle-ci devient plus aiguë alors qu’il a replongé dans ses addictions et vous dit alors que vous le filmez : « Tu peux dégager stp ? » Vous coupez l’image mais pas le son. Quelles furent les incidences au tournage et quels choix faites-vous au montage ?

Oui, dans ce moment où il a replongé dans l’addiction de la drogue et de l’alcool, il est devenu très dur avec moi et très dur à filmer. Mais ce qui a marché, c’est que je ne l’ai pas laissé tomber, et que je n’ai pas laissé tomber le tournage non plus. Il dit quand même « s’il te plait », ce qui montre qu’il y a du respect des deux côtés, mais c’était vraiment douloureux. Il faut résister en se rappelant qu’il y a un amour primaire qui est là, qu’il y a cette amitié, et enfin ce film à terminer. Dans ces cas-là, je pense toujours qu’il y a une chute et surtout une remontée. Ce désespoir qu’il n’a plus aujourd’hui, je l’ai senti à l’époque. J’aurais pu en mettre plus ou moins, je ne sais pas… En tout cas, je trouve ça juste par rapport à lui sans être irrespectueux par rapport à ce qu’il a voulu me livrer.

Au sujet de cette séquence, j’ai laissé le son parce que je suis têtue (rires), je ne voulais pas laisser tomber. Et à un moment, il m’a complètement lâchée. Je n’ai pas compris où il était, ce qu’il devenait. Et moi, j’étais plantée là avec mon ami Simon Fravega qui m’a beaucoup aidée. Il faut imaginer le truc : tous les deux à El Paso deux mois, tout est mis en place pour le tournage, j’ai mis toute ma bourse dans le voyage et on arrive, il n’est pas là. Il n’y a rien à faire à El Paso… Il a fallu que je me débrouille, que j’invente du cinéma sinon j’aurais perdu la boule. Je ne peux pas rester sans créer dans un endroit comme ça. Il fallait essayer de trouver d’autres « bouts » de Cassandro. Par exemple, quand il est dans le village comme un fantôme avec sa cape, ou quand il déambule en blanc dans le désert : ce n’est pas lui mais un acteur. J’avais ces images en tête qui reflètent aussi son histoire. Il fallait créer le film quand il disparaissait. Et quand il revenait, il fallait le soutenir, l’accompagner dans ce qui fait partie de l’histoire d’un sportif. Cette invention, c’est aussi inventer la suite d’une carrière, une période si difficile pour se refaire, se reconstruire. Ce parcours devenait juste pour lui dans le film parce qu’une histoire de cinéma, ça ne peut pas être que beau et drôle. Les paillettes ne peuvent pas donner une profondeur à Cassandro à elles-seules et ce n’est pas non plus la vérité. On se rapproche de lui ce moment-là.

Marie Losier © Joffrey Speno

Le récit devenait déjà plus personnel et moins professionnel, notamment lors du barbecue familial où on l’entend expliquer l’excellente relation qu’il a réussi à renouer avec son père. Lorsque l’on arrive à sa dépression, vous vous attardez sur ses pratiques spirituelles et religieuses.

C’est ce qui le tient. Sa vie est constituée de rituels. Le maquillage, l’entraînement et les rituels religieux en effet. Et c’est drôle car tout est toujours hyper contradictoire : le côté catholique marqué par l’homophobie refait à sa sauce, combiné au côté aztèque plus spirituel, la frontière entre Juárez et El Paso, son côté féminin et masculin, donnent un cocktail étonnant. Tout cela se confond et devient du cinéma, c’est fou. Il a mille masques. Je pensais qu’il était important de finir sur cette accumulation des rituels en silence et aller avec l’envol.

Le dernier plan du film est justement silencieux, encore davantage un portrait, sur ce fond rose, alors qu’il rit, fait ses mimiques, nous regarde sérieusement, tel un acteur du cinéma muet. Presque à court, toutes ses expressions semblent être contenues là et le révéler comme un clown triste.

Oui, c’est ça. Il ne sait plus quoi faire parce que d’un coup il est à nu, sans maquillage, ses cheveux en bordel, il regarde la caméra triste, joyeux, drôle. Il joue avec moi. Ce moment sans parole m’a bouleversé. Je voulais l’immobiliser à l’intérieur de lui-même, qu’on arrive à passer un moment ensemble sans bouger, sans parler. On va loin dans lui, avec lui, dans son émotion, vraiment là, dans un moment présent.

Travaillez-vous sur un autre film ?

Comme d’habitude avec moi, c’est toujours très lent, je n’ai pas mille projets et tout prend des années (rires) mais je suis en train de finir un moyen métrage sur lequel je travaille depuis sept ans. C’est sur un musicien qui s’appelle Félix Kubin de Hambourg, sorte de Klaus Nomi fantastique. Encore un ami, un portrait, qui m’amène petit à petit vers la fiction. Et si je n’ai pas d’idées précises sur le sujet du prochain film, je sais que j’ai envie d’une comédie musicale avec toute ma bande de copains, professionnels et non-professionnels, tout mon monde à moi. J’ai envie d’expérimenter, de me confronter à quelque chose que je n’ai jamais fait en allant vers la fiction dansée parce que tout converge vers ça. Je crois aussi avoir besoin de lâcher l’intensité que représente le fait d’être avec une seule personne pendant tant d’années. En fait, j’ai besoin d’un break (rires).

Cassandro the Exotico ! Réalisation : Marie Losier. Écrit par : Marie Losier et Antoine Barraud. 2018.
Sortie en salles : 5 décembre 2018.
Toutes les photographies du film © courtesy Marie Losier