C’est peut-être toujours à la rumeur de la matière, à l’incandescence des choses tues que Célia Houdart confie depuis bientôt une dizaine d’années chacun de ses romans. Tout un monde lointain qui paraît cette rentrée chez P.O.L. ne fait pas exception à la règle et installe sans détour possible son auteure comme l’une de nos romancières capitales.
Dans la droite et douce ligne de ses précédents récits, dont notamment ses remarquables Merveilles du monde qui, en 2007, avaient ouvert son œuvre, Célia Houdart livre avec l’histoire Greco, ensemblière retirée du monde sur la Côte d’Azur, l’histoire presque au bord d’être tue d’une femme qui, remise à la douceur inexorable de la vie qui passe sans passer, va progressivement retrouver, au contact des jeunes Louison et Tessa, le sens de la matière et du monde.
C’est peu de dire que Tout un monde lointain creuse avec puissance et grâce un univers porté par la force du sensible et des glissements : où dire une histoire chez Célia Houdart se fait plus que jamais ce moment où les hommes tentent de disparaître dans la force atomique du monde, de faire corps avec la nature – où l’histoire est celle qui sommeille au bord des lèvres de chacun, où toute histoire est toujours sur le point de s’évanouir mais finit par advenir pour peu que chacun soit attentif à une redécouverte du sensible qui surgira comme l’épiphanie d’un monde enfin conquis.
Habiter l’atome en poète, tel est l’exploit que livre Célia Houdart dans l’un des romans les plus remarquables de cette rentrée littéraire et plus largement de l’année, sur lequel à sa parution Diacritik reviendra plus longuement.
Célia Houdart, Tout un monde lointain, éditions P.O.L, parution le 17 août 2017, 200 p., 14 € — Lire un extrait
