« Crois moi, évite les face-à-face avec les gens du métier, t’es venu te faire des potes, pas lécher des bottes, distribuer ton EP »
Créer l’attente, susciter l’envie. Ne pas arriver clé en main avec un premier album aux 11 ou 12 chansons pas assez abouties qui aussitôt sorties seront déjà portées disparues.
L’EP, extended play, le mini album, le support suranné des 4 titres largement exploité au temps des yéyés, est aujourd’hui et depuis quelques années un format privilégié par bon nombre de petits artistes français ou internationaux afin de faire découvrir leur musique — ou parfois même par des artistes plus établis souhaitant s’échapper entre 2 albums dans des divagations inexplorées.
Il s’agit souvent de 3 ou 4 titres qui ressemblent tous plus ou moins à des tubes et qui servent de rampe de lancement : arpenter les petites scènes, sortir quelques vidéos D.I.Y, assurer des premières parties pour peut-être surprendre, compter sur le bouche à oreilles, essayer d’attirer l’attention des blogs, affiner son style. Et puis revenir quelques mois après avec un nouvel EP, frustrant les premiers admirateurs, tout en essayant d’en conquérir plus. Cela peut s’étaler sur 2 à 3 ans, jusqu’à ce qu’un label permette la mise en orbite et la promotion.
Et à ce jeu, il y a des gagnants : Christine And the Queens ou FAUVE qui affichaient complet dans de grandes salles sold-out avant même la sortie du sacré Graal, le 1er opus, forcément un peu déceptif pour les fans de la première heure mais apparaissant totalement frais aux oreilles du grand public qui se prend enfin la claque : plus de 400.000 ventes pour l’une, la une de Libé pour l’autre. On pourrait aussi citer la Femme et bien d’autres…
Souhaitons donc le même destin à The Pirouettes (et on attend beaucoup de Paradis, de Juniore, etc.), le duo, composé de Vicky Chérie et Leo Bear Creek — batteur de Comingsoonband — dont on aime la symbiose amoureuse et musicale, la fraîcheur et la fausse naïveté, qui les rapprochent d’une version 2.0 electro pop de Mikado. Déjà remarqué par Étienne Daho qui les avait invités à sa carte blanche, ils ont à ce jour distillé deux EP fort charmants — un en 2013, un en 2014 (L’Importance des Autres, mon préféré) — et toute une ribambelle de clips.
Je me réjouis pour eux que leur concert au Badaboum début novembre 2015 ait affiché complet car ils brillent encore sur scène que sur disque, la magie opérant encore plus énergiquement. En attendant L’Album, il faudra pour le moment se contenter d’un double single qui vient de paraitre (Je nous vois/ Soleil Rare).
« Briller comme des étoiles, briller dans le noir,
faire preuve de talent, faire kiffer les gens, faire des concerts tous les soirs. »
Bonus, car moi non plus je n’ai jamais aimé danser en boîte de nuit mais comme j’ai une « sacrée dose de second degré » je sortirai ce vendredi soir…