Ce sont deux petits livres qui, en un bizarre carambolage, figurent sur la même table, celle des parutions récentes, chez vos libraires.  Étrange, en effet, de lire dans le même élan Misogynie, une nouvelle de l’irlandaise Claire Keegan (traduit par Jacqueline Odin chez Sabine Wespieser) et Nous ne vieillirons pas ensemble, réédition en poche (L’Olivier) du récit largement (totalement ?) autobiographique du cinéaste Maurice Pialat. Car, même si celui-ci a été écrit voici un demi-siècle et celui-là publié en février dernier par le New Yorker, tous deux parlent exactement de la même chose : qu’attendent les hommes, la plupart d’entre eux au moins, des femmes ? Et, en refermant ces deux livres, on se dit qu’en un demi-siècle, rien n’a vraiment changé. Sauf peut-être la façon de le dire.

Interview d’Alban Lefranc à propos de son livre L’Amour la gueule ouverte : Hypothèses sur Maurice Pialat.

Il est des films comme des bourrasques : ceux de Maurice Pialat (1925-2003), l’impétueux, le colérique, le polémique, le sublime Pialat, en font partie. Nous nous souviendrons de la scène finale d’À nos amours comme d’une claque monumentale, nous laissant ébaubie comme on ressortirait d’un flash halluciné : sans bien comprendre ce qu’il vient de se passer, émue aux larmes comme par surprise. Sandrine Bonnaire, dont Suzanne fut le premier rôle, y est à chaque visionnage plus époustouflante.

Écrire pour inventer des mondes, réinventer des vies. Ne jamais rester fidèle à l’histoire ou à la biographie mais arpenter les possibles, trouver le fil fictionnel à même de dire l’unité d’une existence et la crise de l’Histoire, de faire surgir une conscience privée comme politique, à travers le prisme du corps (intime et social). Interroger la place de la violence (et de l’individu) dans l’Histoire.

Écrire pour inventer, des vies, des mondes. Ne pas rester fidèle à l’histoire ou à la biographie mais arpenter les possibles, trouver le fil fictionnel à même de dire l’unité d’une existence et la crise de l’Histoire, de faire surgir une conscience privée comme politique, à travers le prisme du corps (intime et social).