Comme Le Balcon en forêt de Julien Gracq, jadis également publié aux éditions Corti, L’école de la forêt de Carla Demierre met en scène un fragile et précaire repli face aux tourments du monde. Si la menace est présentée comme externe chez Gracq, car de nature historique et guerrière, elle semble au contraire se loger au cœur même de la société chez Carla Demierre – ou du moins de la micro-société au cœur du roman qui, a bien des égards, semble avoir une fonction métonymique.

L’inédit de Julien Gracq, La maison, est un très court récit mais, par là-même, particulièrement intense, un concentré lumineux de littérature. L’écriture y déroule une aventure qui est celle de perceptions qui, nomades, s’articulent sur un même plan à un nomadisme du monde et de la pensée. Le monde autant que la pensée ou la perception sortent de leurs limites, exhibent l’étrangeté de leur existence aberrante.

De 1960 à 1965, dans le journal communiste Vie Nuove, Pasolini publie ses réponses à des lettres qui lui sont adressées par des lecteurs et lectrices. Dialogues en public réunit un ensemble de ces échanges entre les lecteurs/lectrices et Pasolini, celui-ci répondant aux interrogations très diverses qui lui sont faites autant sur son propre travail que sur des faits d’actualité, sur la politique italienne, sur tel fait divers, sur l’Église et la croyance, sur la littérature, etc.

Le livre de Jean-Christophe Cavallin entend « déduire par analogie, d’un traumatisme infantile et du menu d’une névrose, le panorama clinique de la culture occidentale et de notre rapport au monde ». Nature, berce-le relie ainsi le plus personnel, le plus intime, au plus général, dans un raccourci ou selon une vitesse qui interrogent autant qu’ils ouvrent des perspectives.

1.

Comment aborder Poésies d’Herman Melville, ce recueil “monstre” que viennent de publier les éditions Unes ? Peut-être en commençant par lire la longue et éclairante préface de son traducteur, Thierry Gillybœuf : “C’est vraisemblablement cette démesure du souffle melvillien qui n’a cessé d’alimenter, de son vivant, l’incompréhension entourant son œuvre”.

Prologue : Maladie mélodie (en souvenir de Maurice Roche). Je fais rapidement le compte des ouvrages qui ont formé la matière des “papiers” que j’ai publiés ici-même en 2021 – de la toute première Constellation d’hiver à cette huitième et dernière d’automne – et j’obtiens 155, soit un multiple de 31.

Pierre Vinclair, né en 1982, est l’auteur de dix-sept livres (depuis 2007 et L’Armée des chenilles, un premier roman publié chez Gallimard) auxquels doivent être ajoutées un certain nombre de traductions — notamment Kojiki (Japon) en 2012 et Shijing (Chine) en 2019 au Corridor bleu. Il publie ce 4 juin chez Corti deux livres importants : La Sauvagerie, dans la collection “Biophilia” – “une épopée totale concernant l’enjeu le plus brûlant de notre époque : la crise écologique, la destruction massive des écosystèmes” ; et agir non agir, dans la collection “En lisant en écrivant” – un essai où, constatant que “la part sauvage décroit sur Terre à grande vitesse”, il s’interroge sur ce “que peut faire alors un poète en tant que poète ?”, étant donné qu’“au même titre que quiconque, le poète se sent pressé d’agir.”