Riche et stimulant : tels sont les deux termes qui viennent à l’esprit lors de la lecture du collectif, Lire Cadiot qui vient de paraître aux Presses du Réel sous la direction de Dominique Rabaté et Pierre Zaoui. Car il était temps de pouvoir disposer d’un ouvrage d’ampleur sur l’un des écrivains parmi les plus remarquables de notre contemporain, celui qui, depuis L’Art Poetic’ jusqu’aux deux volumes d’Histoire de la littérature récente en passant par Providence, a su tracer des voies neuves et profondes après la modernité même. Devant une telle entreprise, Diacritik ne pouvait que partir à la rencontre des deux maîtres d’œuvre de ce collectif pour revenir avec eux, le temps d’un entretien, sur l’œuvre de Cadiot même.
Dans l’introduction de votre remarquable collectif Lire Cadiot, vous dites d’emblée, à la manière d’une devise critique, que « travailler sur l’œuvre d’Olivier Cadiot, c’est un peu comme partir à la chasse au Snark ». Ma première question serait ainsi la suivante : en quoi cette œuvre relève-t-elle pour vous d’une chasse à ce fuyant Snark ? Plus largement, en quoi étudier Cadiot relève-t-il d’un véritable défi critique, d’un risque critique double même : celui inhérent à se saisir de tout contemporain, risque lui-même redoublé par une œuvre emportée par sa passion pour la vitesse et ses incessantes métamorphoses ?
PZ : Mais pour nous, Olivier Cadiot c’est effectivement le Snark, sans aucune métaphore. Dès qu’on croit le saisir, on se rend compte qu’on s’est trompé et que c’est un Boujeum. Il commence dans la poésie, et puis il fait des choses bizarres, entre poésie, récit et roman, et puis il semble passer complètement du côté du roman, mais c’est là où en fait on comprend qu’on a affaire depuis le début à un essayiste. Et quand on commence à comprendre cela, il est peut-être déjà en train de revenir au roman, et ce roman c’est déjà du théâtre, et le tout sans avoir jamais abandonné la poésie. On pourrait multiplier à l’infini ce genre de chausse-trappes : il prétend chercher à « réinventer les formes », et en vérité toute son œuvre ne regarde qu’au propos, à dire quelque chose du temps, de sa bassesse, de sa folie mais aussi de sa vitalité ; il écrit des robinsonnades mais on n’a jamais lu de robinsonnades aussi peuplées ; il est adepte de la phrase courte, à la limite du haïku, mais parfois on est aussi bien chez Proust avec des phrases à l’infini ; etc. C’est cela qui nous a du départ saisi chez lui. Il n’est jamais là où on l’attend, il va toujours trop vite. Donc vous avez raison de rappeler ce « facteur vitesse » de son écriture qu’a très bien analysé Michel Gauthier. Mais même là, c’est aussi trompeur, car très souvent aussi : rien n’avance, on tourne en rond, et son écriture se fait pur éloge de la lenteur (comme dans les deux volumes d’Histoire de la littérature récente qui peuvent en un sens se résumer à un « va-z-y doucement petit si tu veux écrire). Bref, Olivier Cadiot nous a peut-être libéré de la tristesse des genres mais aussi bien des rythmes et des tempi, et c’est aussi cette nouveauté qu’on voulait souligner avec ce livre.
DR : C’est aussi l’idée de chasse qui nous importe, plutôt que de vouloir capturer l’œuvre ou la saisir. Nous n’avons pas la prétention de la définir, à la figer, même à plusieurs voix et plusieurs approches. Nous voulons plus simplement accompagner son mouvement, sa dynamique, voir où elle nous mène, jusque dans ses possibles impasses. L’idée, c’était de s’installer dans le laboratoire si on nous passe cette métaphore, et de mesurer des trajets, de faire des gros plans sur certains livres, de dire comment l’œuvre d’Olivier Cadiot résonne et fait résonner son temps.
Mais c’est aussi, plus généralement en effet, la question du rapport à un auteur contemporain, au contemporain. Il s’agit moins de courir derrière ce qui serait la crête du temps présent, une illusoire actualité, mais de voir comment certaines œuvres nous parlent. Je reste attaché à l’idée d’un effet d’œuvre, c’est-à-dire à une certaine consistance de sens et de temps qui fait effet de signification dans une certaine durée. Pour Olivier Cadiot, c’est le trajet que ses textes dessinent depuis L’Art poétic’ qui est révélateur, ce sont les outils (à la façon du kit de Robinson) qu’il nous propose sous des formes ludiques, fictionnelles, réflexives, esthétiques. L’œuvre bouge, elle se déplace. Depuis le colloque de 2015, plusieurs livres nouveaux ont paru, dont nous avons aussi évidemment voulu rendre compte, en demandant donc deux études sur Histoire de la littérature récente. La métamorphose se poursuit. Mais elle peut s’aider du dialogue critique que ce livre collectif articule.
Sans attendre, vous n’hésitez pas également à poser une question au cœur même de l’œuvre de Cadiot : sa part d’expérimentation. Selon vous, elle appartient à une double lignée, féconde, qui emprunte autant à Beckett qu’à Nietzsche : un élan inventif nietzschéen mais n’aboutissant pas toujours à des formes neuves, devant ainsi procéder depuis autant de ruines et de déchets beckettiens. Pourriez-vous nous préciser ce que vous entendez par cette double lignée qui vous avait notamment conduit à intituler le colloque dont ces Actes sont issus « Expérimentation morte, expérimentez ! » ?
En quoi enfin plus largement, comme le dit très justement Lise Wajeman dans son intervention, cette euphorie de l’expérimentation procède-t-elle d’une véritable cinétique ?
PZ : « Expérimentation morte, expérimentez », c’était effectivement un double jeu de mots d’une part sur le poème de Beckett « Imagination morte, imaginez ! », d’autre part sur la prophétie nietzschéenne : « les philosophes de demain [philosophes-artistes, inventeurs de nouvelles formes de vie], seront des expérimentateurs ». Car toute l’œuvre d’Olivier Cadiot nous semblait inventer une ligne de fuite entre deux grandes tendances d’un certain art contemporain : soit faire du post-Beckett et du post-Blanchot, ressasser à l’infini le désastre et le naufrage, démultiplier les figures de la loque et de l’impotent, mettre des Krapp ou des Bartleby partout ; soit, au contraire, fuir au plus loin cette passion de l’impossible, comme dit Dominique, et cette passion de l’obscur et de la perte, pour retrouver une écriture plus nietzschéenne, plus solaire et plus classique (car le dionysiaque, chez Nietzsche, ne nomme rien d’autre que le classique), tantôt thérapeutique, tantôt visant à la transfiguration du banal. Or l’invention de Cadiot peut se caractériser comme une exigence d’expérimentation qui tâtonne entre ces deux voies, qui reprend le topos du naufrage mais sans nostalgie, qui reprend les figures du naufragé, du subalterne et du délirant mais finalement encore assez en forme, qui penche vers le thérapeutique mais sans prétendre en vérité guérir grand monde, qui modélise les nouveaux objets du quotidien mais sans aucun pathos de la transfiguration. C’est cela d’abord que veut dire expérimenter : tenter un arrangement un peu nouveau à partir de ce qui nous est donné, y compris une tradition en ruines.
Cela dit, vous avez raison aussi de rappeler le beau texte de Lise Wajeman, car il complique un peu notre hypothèse. Si Lise dit « cinétique », c’est pour ne pas dire rhétorique (donc retour au classique) ni esthétique (des ruines), et effectivement il y a quelque chose chez Olivier Cadiot qui ne regarde qu’au mouvement et aux vitesses. Mais comment expérimenter dans le mouvement perpétuel et les plus hautes vitesses ? L’expérimentation ne suppose-t-elle pas aussi lenteur, répétition, mise en place de protocoles précis ? Olivier a travaillé à une époque avec les physiciens du Cern. Mais je ne sais pas jusqu’à quel point le cyclotron et la physique quantique pourraient constituer de bonnes images de son travail…
DR : Ce titre en forme de clin d’œil beckettien voulait situer l’œuvre de Cadiot dans cet héritage problématique, en la lisant aussi comme une continuation de ce qui pourtant ne cesse de dire que ça va s’arrêter…C’est pour moi une question cruciale que celle de l’héritage d’une certaine modernité qui a voulu défaire les transmissions classiques, ériger le célibataire en figure sans postérité d’un solipsisme radical. L’étude de Chloé Brendlé sur le « cogito » d’Olivier Cadiot suit aussi cette piste. Robinson est bien un « personnage conceptuel » au sens de Deleuze, ou aussi bien un « ego expérimental » au sens de Kundera. C’est sa formidable activité de célibataire hyperactif (ou totalement mythomane et radicalement improductif) qui permet à l’œuvre de déployer, selon des vitesses variables, des scénarios d’expérimentation. Mais Robinson, c’est aussi le seul mythe vraiment moderne, inventé par Defoe au dix-huitième siècle, une ode au capitalisme anglais naissant comme le dit Joyce. Sauf que le Robinson de Cadiot c’est tout autant Vendredi, c’est l’esprit d’enfance continué… Mais une fois le cycle de Robinson terminé (et Providence dramatise cet impossible adieu à cette figure cardinale), l’écriture se relance sur ses propres ruines, pourrait-on dire, elle continue d’inventer d’autres modes d’enquête, d’autres façons de déjouer sa gravité mélancolique par la conscience du comique de la vie.
Qui dit forme et expérimentation dit peut-être surtout modernité sinon post-modernité. Car, s’agissant de Cadiot, votre collectif pose là encore une question clef : comment faut-il classer Cadiot l’indiscipliné ? Peut-il d’ailleurs être classé ? Est-il simplement moderne ou n’est-il pas plutôt postmoderne comme d’aucuns l’affirment souvent à son propos ? Ou ne faudrait-il pas plutôt, comme le suggère François Cusset, « semer son surmoi littéraire », s’écarter des notions de « moderne » et « postmoderne » pour affirmer que la lecture de Cadiot pâtit encore trop de ces catégories finalement insuffisantes ?
Pour votre part, Pierre Zaoui, afin de dépasser ces catégories, vous proposez une piste aussi riche que neuve, celle de « post-ancien » ou encore, à l’enseigne de l’Histoire de la littérature récente, celle de récent ? En quoi ce « récent » vous apparaît-il comme plus fécond pour lire l’auteur de L’Art poétic’ ?
PZ : Vous savez ce qu’on lit dans Un Mage en été : « Le moderne, c’est déjà vu ». Et c’est encore plus vrai pour le post-moderne, notion lyotardienne extrêmement vite périmée car beaucoup trop vaste et indéterminée, mettant dans le même sac les expérimentations les plus audacieuses (modernité au carré) et le retour aux petits récits réactionnaires. En un sens toute l’œuvre d’Olivier Cadiot se heurte à ce paradoxe, Futur ancien fugitif ne parlait déjà que de cela et Providence et Histoire de la littérature récente vont rejouer cette formule sous d’autres formes, mais c’est toujours le même problème : comment on sort de la modernité si la modernité se définit d’abord par la perpétuelle critique d’elle-même ? par quelle nouveauté inédite on peut échapper à toute cette tradition du nouveau qui empoisse l’art, mais aussi bien la politique et même la morale, depuis deux siècles ? qu’inventer pour échapper à l’injonction moderne devenue insupportable d’inventer sans cesse ? On a presque tout tenté : se faire inactuel (Nietzsche, Deleuze) ou au contraire actuel (Stendhal, Foucault), mais rien n’a très bien marché. C’est là où la notion de « récent » que nous propose Olivier Cadiot (et dont l’idée de « post-ancien » ne se veut qu’une variation comique) me semble intéressante : on va diminuer la focale, on va arrêter de raisonner par grandes temporalités époquales (les anciens et les modernes) mais sans se perdre dans le pur présentisme post-moderne, en se reconstruisant des micro-temporalités plus manipulables mais aussi plus fugitives — le récent, le transitoire, le juste à venir, au lieu du Passé, du Présent et du Futur avec des majuscules d’autorité.
DR : Je crois que les œuvres importantes naissent d’une saisie (qui n’est pas forcément théorisée et qui garde quelque chose d’intuitif), de l’état de la littérature et des arts qui leur est contemporain. Cela exige comme le dit Pierre Michon une sorte de vue panoramique des conditions de l’écriture, vue qui implique un large retour très en amont mais aussi une lucidité critique sur le paysage contemporain. L’originalité d’Olivier Cadiot vient du premier geste qui a lieu dans le champ de la poésie, geste qui semble le prolongement du modernisme classique (si l’on peut dire avec un peu d’ironie) par l’opération du cut up, mais en travaillant sur des exemples de grammaire, en rendant comique le pathétique de trop de poésies des années 1970-1990, en inventant un rapport inédit entre la norme de la langue et l’énonciation singulière, entre la mélancolie de phrases de l’enfance anonyme et la joie de les assembler et de les tronquer en jouant des ciseaux. On voit donc que le geste est encore moderne, évidemment moderne, mais en renouvelant ce qui était frappé de redite. Le plus important est que le geste initial ne se fige pas en posture. Robinson efface le poète conceptuel dont il prend la relève, quasiment au sens hégélien. Il sort de la poésie blanche aussitôt. Le naufrage dont il réchappe est aussi celui de cette modernité taciturne et aporétique. Quand il arrive, tout est déjà fini mais c’est justement là qu’il faut commencer, recommencer.
C’est aussi ce que raconte Providence, avec la conférence de John Cage : ce sentiment décisif que « l’art moderne était terminé ». Sentiment à la fois mélancolique et joyeux, qui dit la fin en la niant. Le narrateur de « Comment expliquer la peinture à un lièvre mort » dit aussi : « Devenir moderne trop tard, c’est idiot », phrase qu’il faut lire exactement puisqu’elle implique, comiquement, de rester dans l’idiotie, au sens étymologique, de ne pas passer au post-moderne, de refaire l’aventure en accéléré, ou d’en rejouer au ralenti d’autres moments, de chercher aussi (c’est ce que dit cette deuxième section de Providence) le « moment de suspension, cet instant de pur présent » qui dérègle l’ordre des temps, qui fait d’un jeune homme une vieille dame ravie.
Si l’œuvre de Cadiot ne cesse d’interroger pour les surmonter les questions du moderne et du postmoderne, elle ne manque pas aussi d’échapper à toute catégorisation générique comme nombre de remarquables interventions du collectif le souligne. Laurent Zimmerman pour sa part note ainsi combien il existe, de la même manière que chez Roland Barthes dont Cadiot a été un grand lecteur, un véritable inconfort de Cadiot devant la poésie : pourrait-on ainsi parler d’un défi de la qualification générique dans l’œuvre de Cadiot ? Poète ou romancier, s’agit-il de choisir pour Cadiot ?
PZ : Mais pourquoi vouloir à toute force enfermer dans un genre ou dans une case un auteur qui cherche à tout prix à échapper à toutes les assignations, à tous les enfermements ? Il y a des auteurs, comme Echenoz par exemple, dont l’absence de genre assignable provient de leur désir de revisiter l’ensemble des genres un peu usés : le roman policier, la biographie, le roman historique… Mais ce n’est pas le cas chez Cadiot. Il me semble au contraire qu’il les affirme tous en même temps sans pour autant les confondre. On pourrait dire en un sens que toute son œuvre relève de la grande synthèse disjonctive deleuzienne : son œuvre c’est ou de la poésie ou du théâtre ou du roman ou du récit ou de l’essai, le ou étant non-exclusif, alors que la plupart des autres écrivains « récents » opèrent plutôt par synthèse conjonctive : on fait et de la poésie et du roman et de l’essai, etc., soit par synthèse connective : on passe de la poésie au roman puis du roman à l’essai, etc.
DR : Comme Pierre, je ne crois pas qu’il faille choisir. Dès Futur, ancien, fugitif, c’est la poésie poursuivie hors de la poésie. Ou plutôt ce qui était déjà hors de la définition, le « poétic ‘ » n’oublions pas ce hic, ce hoquet, le trébuchement de ce qui est tronqué. L’inconfort, là aussi c’est ce qui reste de la modernité qui est pourtant finie, la conscience implacable de l’inconfort, de la défaillance, de l’inadéquation des formes, de toutes les formes, mais la recherche de nouveaux dispositif formels malgré tout. Mais sans le pathos de l’adieu, ce qui implique aussi qu’il ne saurait être question d’arriver même à l’exténuation de tel ou tel genre.
Enfin ma dernière question concernera encore le déjeu de l’écriture de Cadiot : de la même manière, au-delà des genres littéraires dont nous venons de parler, est-ce qu’il n’existerait pas chez lui, une systématique et rieuse défaisance de toutes les registres, comique, tragique, lyrique, élégiaque ou encore épique ? Une manière de détonalité comme l’avance Jean-Patrice Courtois, manière de désorientation concertée qui confirme, ainsi que Cadiot le dit, combien « Nous sommes la première génération sans stimmung » ?
PZ : Un « déjeu » peut-être, mais pas au sens d’un déconstructionisme généralisé, aussi au sens d’un rejeu qui n’abandonnerait pas tout au comique de l’effondrement et de la perte. C’est en ce sens que l’article de Jean-Patrice est très fort : il montre très bien combien la détonalité chez Cadiot consiste à ne pas tout abandonner au comique, à l’autoriser parfois mais pas toujours, et ce au nom d’un ton singulier plus profond. De ce point de vue, et pour revenir au problème précédent, si la détonalité (c’est-à-dire le renversement d’un ton noble en ton bas et inversement) c’est le burlesque, Olivier Cadiot invente un autre burlesque que celui qui a dominé les multiples querelles des anciens et des modernes. Une sorte de burlesque dans lequel le rire se heurterait à l’émotion mais sans l’atténuer ni la conjurer et en lui donnant plutôt une force d’appel et un nouveau désir collectif de reconstruction. Son personnage central, c’est Robinson, ce n’est pas Don Quichotte, celui qui doit tout rebâtir après le naufrage et pas celui qui n’a pas compris qu’il a eu lieu.
DR : Oui, la proposition de Jean-Patrice Courtois est très suggestive parce qu’elle nomme justement ce qui est plus qu’un procédé (même au sens formaliste du mot). C’est aussi par là qu’on en revient à la vitesse des textes de Cadiot. Elle tient à cette capacité de renversement et de virevolte. L’endeuillement mélancolique profond (qui affleure notamment dans Un mage en été) ne recouvre pas toute la tonalité du livre, qui est aussi fait de comptines, de mouvements de nage et de fusion, de morceaux d’autobiographie très ancienne. Plusieurs études reviennent sur ce texte important, celles d’Emmanuel Bouju, d’Alain Farah et de Michel Gauthier, sur sa capacité imageante, sur son rapport à Deleuze.
C’est donc pas un congé aux tonalités car l’élégiaque joue un rôle primordial dès L’Art poétic’, le lyrique affleure partout. Peut-être que les grands genres (tragique et épique) sont plus directement parodiés mais il me semble qu’il en est ainsi dans l’histoire de la modernité qui continue tout en étant finie. Mais dès qu’une tonalité risquerait de trop prendre comme une sauce ou une mayonnaise (pour parler comme Barthes que Cadiot a en effet lu de près), le registre tonal monte ou descend, la voix module, s’emballe ou se retourne sur elle-même, ou s’interrompt. Mais, rassurons-nous, ce n’est que pour mieux pour se relancer. C’est ce que nous avons voulu avec ce livre, garder l’élan, l’élan que nous donne Olivier Cadiot.
Lire Cadiot, Dominique Rabaté et Pierre Zaoui (dir.), Presses du Réel, « L’Espace littéraire », 2020, 222 p., 20 € — Lire ici l’introduction du livre
Textes de Emmanuel Bouju, Chloé Brendlé, Jean-Patrice Courtois, François Cusset, Dominique Dupart, Johan Faeber, Alain Farah, Michel Gauthier, Gwendoline Hönig, Éric Loret, Éric Mangion, Dominique Rabaté, Lise Wajeman, Anne Woelfel, Pierre Zaoui, Laurent Zimmermann.