Il s’appelait Léon, Léon Lavie, un nom qui sentait bon la fourniture d’eau et le moulin de meunerie. Il avait traversé la méditerranée et à peine débarqué à Marseille, où la Durance venait d’être amenée, il eut l’idée de faire fortune avec des chutes. Comme les collines ne manquaient pas, et les minoteries itou, il canalisa tant et plus. L’hydraulique de Lavie crût si bien qu’on donna son nom à un quartier, non sans mettre la chute au pluriel. Chaque fois qu’un petit dealer des quartiers Nord trouve la mort, une voix de fond de bar crie : Chute la vie ! Et les nuages ont beau tourner en rond, et l’ombre grandir et les motos des tueurs accélérer, Saul renversé, déconfit, demandera seulement : Pourquoi moi ?
Photographies : Rochegaussen, texte Xavier Girard
Le site de Rochegaussen
Xavier Girard a récemment publié Louise Bourgeois face à face, éditions du Seuil, 2016 (Lire ici l’article de Christine Marcandier)