Jacques Rivette (1928-2016): Paris, Céline, Julie lui appartiennent, à jamais

« Quel est le but du cinéma ?
Que le monde réel, tel qu’offert sur l’écran, soit aussi une idée du monde.
Il faut voir le monde comme une idée, il faut le penser comme concret »
(Jacques Rivette, Les Cahiers du cinéma, 1963)

En finir avec ces nécrologies d’immenses artistes dont les noms auront rythmé ce mois de janvier 2016.
Le cinéma n’en finit plus de perdre ses maîtres. Jacques Rivette aujourd’hui.

Jeanne Balibar, Va savoir (2001)
Jeanne Balibar, Va savoir (2001)

Rappeler, simplement, rapidement, que Jacques Rivette fut critique de cinéma avant de passer derrière la caméra, qu’il a joué de tous les formats : très très longs métrages (Out 1 : Noli me tangere), textes littéraires devenant ses films (Diderot, Balzac…), cinéma et théâtre, films fantômes en 2002 (Phénix, L’an II, Marie et Julien).

Citer L’Amour fou, Céline et Julie vont en bateau ou Le Pont du Nord ; L’Amour par terre, La Bande des quatre, Va savoir.

Se souvenir des autres. Revoir des images, des scènes, pouvoir citer des bouts de dialogues. Parce que c’est aussi à cette empreinte en nous, à ces bribes d’un cinéma mental qu’on mesure combien une œuvre a pu nous nourrir.

Jean-Pierre Léaud, dansOut 1, lit L'Histoire de Treize de Balzac, qui inspire le film.
Jean-Pierre Léaud, dans Out 1, lit L’Histoire de Treize de Balzac, qui inspire le film.

Rappeler la Nouvelle Vague, Truffaut, Godard, Chabrol, Rohmer, Rivette donc.

Ne pas chercher à aligner les mots, trop vite, mais inviter à regarder ses films, pour, à travers lui, voir le monde comme une idée, le penser comme concret.

Et écouter Jacques Rivette parler à Serge Daney de ses débuts de critique et réalisateur :

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La citation de Rivette dans Les Cahiers est empruntée à un article (en anglais) de Douglas Morrey, To Describe a Labyrinth: Dialectics in Jacques Rivette’s
Film Theory and Film Practice (Film-Philosophy 16.1 (2012) téléchargeable en pdf ici).