La semaine dernière, la jeune maison d’édition indépendante marseillaise a fait part de la fin imminente de la parution de AAARG! dans sa version bimestrielle… avant d’annoncer immédiatement sa renaissance sous la forme d’un mensuel en janvier 2016.
Alors que le premier numéro avait paru en novembre 2013 après une campagne de financement participatif plutôt réussie, « le couperet est tombé » (pour reprendre les termes de Julien Janin) : le numéro 11 sera le dernier de la revue. Fondé par Pierre Starsky, inconditionnel du papier et grand fan de Métal hurlant et Pilote, AAARG! est une revue de « bande dessinée et culture populaire », portant au pinacle la contre-culture avec des one-shot aux fonds et aux formes différentes (strip, format long, polar, humour, horreur, SF…) et des dossiers, des récits courts et des nouvelles, des entretiens. Une sorte de journal idéal en somme, que les créateurs de AAARG! avaient envie de lire à une époque où ils pointaient un « manque d’offre convaincante dans le domaine ».
Pendant 10 numéros (en attendant le 11ème), une large palette d’artistes s’est succédée dans les pages de AAARG! : Eldiablo & Julien Loïs, Pierre Place, Laëtitia Coryn, Goupil Acnéique & Abraham Kadabra, Tanxxx & Franck Richard, Bouzard, Ozanam & Kieran, Dav Guedin, David Sourdrille & Starsky, B-gnet, Caritte & Khattou, Cha, Witko, Mo/CDM… Moutch & Madd, Witko, Pierre Place, Rica, Ethan Rilly, Gad, Mandrill Johnson… Lisandru Ristorcelli, Gad, JJ. Charogne… au total, pas moins de cinquante auteurs et dessinateurs pour une ligne éditoriale faite d’exigence underground, un collectif épris de cynisme, de violence brute, de BD sans concession.
AAARG! c’est aussi une édition BD hors des sentiers battus (comme il se doit), avec pour preuve cet opus en noir majeur : Chroniques de Nulle part paru le 22 octobre 2015. Sur un scénario de Starsky et avec Rica au dessin, l’album à la polyphonie sourde, à la première personne, déroutant et extrême est une sorte de « short cuts » qui dresse des portraits d’hommes et de femmes tout en finesse à la Harvey Pekar, dans un no man’s land moderne, nihiliste et désabusé.
Pour son dernier numéro de l’année (et l’ultime sous l’ancienne formule), les lecteurs ont rendez-vous avec Ducoudray, Ozanam, Reuzé, Krent Able, Paul Kirchner… et un entretien exclusif avec Charles Burns par Xavier Guilbert. Une fin à suivre donc.