L’atelier Mastodonte, c’est une bande d’auteurs dessinés, un collectif premier choix qui sévit dans les pages du journal Spirou depuis 2011. Depuis le 20 octobre, après avoir réinventé le concept de la BD dans la BD avec un sens de la mise en abyme que l’on n’avait plus connu depuis Le Trombone illustré, L’atelier Mastodonte a désormais son blog officiel.

Imaginez un atelier d’écriture dont les occupants s’appellent Lewis Trondheim, Guillaume Bianco, Tebo, Julien Neel, Nob, Cyril Pedrosa, Alfred, et Benoît Feroumont entre autres. Demandez leur de se mettre en scène dans la vie de l’atelier, sous la férule d’un directeur éditorial (Frédéric Niffle en personne), de narrer leur quotidien créatif (avec les avantages et les inconvénients – le goût trop prononcé pour les calembours – de la vie en communauté, les angoisses des uns et les obsessions des autres) et vous obtenez Mastodonte.

Avec trois albums parus depuis 2011 et des parutions régulières, la série qui hante les pages du magazine a déjà ses produits dérivés que connaissent bien les abonnés : «l’atelier boloss», «l’atelier molosse», «l’atelier colosse»… comme si l’esprit atelier avait pris le pouvoir (le «Powaaa» comme dirait Obion).

C’est presque une tradition séculaire au sein de la maison Dupuis : on a déjà cité le Trombone Illustré, mythique fanzine créé par les non moins célèbres Franquin et Yvan Delporte, sorte de passager clandestin agrafé dans les pages de Spirou, un fanzine (presque) officiel, iconoclaste et brisant les conventions en vigueur dans la presse jeunesse. Et comment ne pas penser aux débuts de Gaston Lagaffe, héros sans emploi apparu en 1957 ?

Le Trombone, Gaston et l’atelier Mastodonte ont en commun de jouer (et de se jouer) de l’autofiction en se mettant en scène dans la vie d’un journal, avec ce supplément d’âme moderne : chaque auteur écrit, dessine avec son propre style, son identité graphique et narrative, suivant le schéma commun à tous pour apporter par chaque intervention individuelle une pierre jubilatoire à l’édifice collectif tout en autodérision, en références croisées et en irrévérence…

Aujourd’hui décliné en blog, L’Atelier Mastodonte investit désormais Internet (et c’est presque le monde à l’envers), poursuivant son chemin (de traverse) dans le plus grand respect de la tradition bédéphile. De fer.

PS. La liste non exhaustive des membres de l’atelier : Lewis Trondheim, Yoann, Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Cyril Pedrosa, Tébo, Nob, Guillaume Bouzard, Mathieu Sapin, Benoît Feroumont, Nicolas Keramidas, Frédéric Niffle, Dominique Bertail, Obion, Jérôme Jouvray, Pascal Jousselin, Stéphane Oiry…