À la trace de Carole Zalberg est le journal d’un séjour d’un mois en Israël, du 16 avril au 16 mai 2015 (lire notre critique ici). En diptyque, la romancière a accepté de partager et commenter pour nous quelques images de Tel Aviv, prises durant ce séjour.

Je suis à Tel Aviv depuis seulement quelques heures quand je prends en photo le petit appartement où je vais vivre durant un mois. Sans savoir pourquoi, je sens aussitôt que je vais m’y sentir chez moi, que je vais l’habiter comme j’habite rarement les lieux où je réside : d’habitude quelque chose en moi se refuse toujours à croire à l’installation.

Dans l’image de cette forêt mi palmiers, mi monuments aux soldats morts, me bouleverse la silhouette presque hors-cadre d’Ido : l’armée, la guerre, sont en quelque sorte le lieu qu’il a choisi d’habiter à travers ses documentaires, dont Testimonies. Ces pierres noires et dressées, dans sont dos, sont une occupation subie et interrogée sans cesse.

J’aime l’art urbain, surtout quand il est impertinent. Ici la maison grimaçante et joyeuse m’intime de ne pas oublier la légèreté – oui, même en Israël, et sans renoncer pour autant à creuser, à entendre et à voir au plus près des êtres.

L’hospitalité

 

Je suis passée presque tous les jours devant cette maison sous verre. Chaque fois j’y lisais autre chose : mensonge ou poignant vestige, affirmation d’éternité ou déclaration d’infinie faiblesse. Je ne me suis pas renseignée, ne suis pas allée voir derrière la vitrine. La réalité est décevante, forcément décevante, et j’aime laisser pousser les histoires.

Carole Zalberg, A la trace : Journal de Tel-Aviv, éditions Intervalles, 2016, 88 p., 12 € — Lire ici