Personne n’est élu a priori, ni historiquement, ni géographiquement : on ne choisit pas le lieu de sa naissance ni ses parents. Mes parents n’ont pas décidé à l’avance la couleur de mes yeux (ni mes résultats en classe). Mon caractère timide n’a pas été coché sur une grille d’évaluation. D’où il s’ensuit que le hasard est plus fort que l’élection, laquelle est réduite à un minuscule rectangle blanc (bulletin de vote).
inédit
Quand j’étais adolescent je fumais des Rothmans et quand j’étais étudiant je fumais des Camel et quand je vivais à Arles je fumais indifféremment des Camel et des Marlboro et lorsque je suis arrivé en Chine,
Un inédit de Daniel Pozner, extrait d’un texte en cours.
Je lui dis : tu es un survivant, je voudrais parler de toi, de ce que tu as vécu, de ce que tu as subi lorsqu’ils t’ont supprimé l’allocation adulte handicapé.
Trois textes inédits du poète irakien Abbas Belail. Traduction de l’anglais par Jean-Philippe Cazier.
le noir l’absence illuminent tout, obscur la nuit totale les étoiles pleine lune brillante, jamais ouvert ni écrit ou prononcé cette vie pullule mauvaises herbes et insectes, rouges géraniums roses ou un simple bouquet de marguerites et œillets rouges, où se croisent beaucoup de lignes tracées depuis l’extérieur du livre, est peut-être aussi la mémoire, est peut-être une lettre adressée à toi, une page ? un livre ?
À en croire Maxime Du Camp, Flaubert a passé près de quarante années de sa vie à préparer le Dictionnaire des idées reçues, laissé inachevé par sa mort en 1880 et dont nous conservons trois manuscrits. Ce livre était destiné à être arrangé « de telle manière que le lecteur ne sache pas si on se fout de lui, oui ou non » (lettre à L. Bouilhet, 4 sept. 1850) : « on y trouverait […], par ordre alphabétique, sur tous les sujets possibles, tout ce qu’il faut dire en société pour être un homme convenable» (lettre à Louise Colet, 16 décembre 1852).
Le 17 avril dernier, en écoutant la radio, j’ai appris la mort du chanteur Christophe. Le vendredi 17 avril, j’ai ainsi appris la mort d’un personnage de mon roman, Nous étions beaux la nuit. Ce n’est pas un drame que vivent fréquemment les écrivains. D’ordinaire, nos personnages ne sont pas de chair et une fois le roman imprimé, nous les oublions, ils appartiennent à une autre époque, celle dans laquelle nous nous projetions au moment de l’écrire, celle que nous habitions ces longs mois, ces années d’un processus d’écriture.
Dans la série de nos inédits littéraires, Diacritik a le plaisir de publier un beau texte de Claude Favre, poétique, politique, vivant.
J’ai vécu, hier, un tête-à-tête ému et délicieux. Cela fait plusieurs années que j’avais le désir de revoir François, sans jamais vraiment mettre en œuvre les recherches pour le retrouver. La semaine dernière, j’ai déniché les coordonnées de son agent, lui ai téléphoné, c’est une Anglaise à la voix pétulante qui m’a répondu. Je lui ai dit qui j’étais, j’avais connu François il y a très longtemps, je voulais le revoir. Elle m’a tout de suite donné son numéro, pas d’adresse mail, François ne possède pas d’ordinateur.
Où sont les morts, ces grands vivants labourant le ventre de la terre, semailles souterraines à l’abri des regards ? La grille annonce l’entrée dans un autre monde, la grille nous murmure qu’on va chez les morts sans risquer pourtant de les rejoindre. Un aller avec la promesse du retour, un simulacre de voyage sans mettre un pied dans le royaume des absents.
À la trace de Carole Zalberg est le journal d’un séjour d’un mois en Israël, du 16 avril au 16 mai 2015 (lire notre critique ici). En diptyque, la romancière a accepté de partager et commenter pour nous quelques images de Tel Aviv, prises durant ce séjour.
Si, je suis constamment choqué. Lisez donc mes livres, c’est un amoncellement de millions de chocs. C’est un alignement non seulement de phrases, mais d’impressions de choc, Thomas Bernhard.