1973 : Tom Wolfe publie une anthologie du new journalism qui s’offre comme un manifeste offensif : l’investigation est un art, reportage et enquête sont des matériaux de récits, la non-fiction est même, pour Wolfe, « la plus importante littérature écrite aux États-Unis aujourd’hui ». Dans le livre de 1973, aux côtés de Tom Wolfe, Truman Capote, Hunter S. Thompson, Norman Mailer, Joan Didion – ou Gay Talese que l’on retrouve dans l’anthologie du New new journalism que publie Robert S. Boynton en 2005 et qui paraît enfin en français aux éditions du sous-sol, sous le titre Le Temps du reportage.

Le journaliste américain Ted Conover avait passé six semaines en immersion à Cargill Meat Solutions, abattoir du Nebraska, en tant qu’inspecteur du service sanitaire (cf. reportage publié par Feuilleton dans son n° 16, du printemps 2016, sous le titre « Le tribut de la chair »). Geoffrey Le Guilcher s’est lui fait engager en tant qu’ouvrier intérimaire dans un abattoir industriel de Bretagne, rebaptisé Mercure, à l’été 2016. Il y a passé quarante jours en immersion totale, en est revenu avec un livre coup de poing : Steak Machine.

Les éditions du Sous-Sol publient le premier livre de Ted Conover, Rolling nowhere, sous le titre Au fil du rail, un reportage. L’occasion pour Diacritik de rencontrer l’une des grandes figures du journalisme américain et d’évoquer avec lui les quatre mois qu’il a passés en 1980 avec les « hobos », la forme très particulière qu’il a donnée à ce livre devenu culte et de l’interroger sur sa définition du journalisme, alors que son sixième livre, qui doit paraître cette année aux USA, est justement une réflexion sur ce sujet.