Les sans-papiers, contrairement aux représentations fortement véhiculées actuellement par les discours politiques et médiatiques, ne sont évidemment pas réductibles à une réalité statistique, à une abstraction fantasmée, à une masse anonyme. Les sans-papiers sont des individus, ce sont des parcours de vie singuliers. Ils et elles sont porteurs de luttes politiques, sociales : des luttes pour survivre, des luttes pour des vies dignes. Militant au sein de collectifs de sans-papiers, Youssef parle ici de ses engagements, des objectifs sociaux et politiques de ces collectifs, de son itinéraire subjectif. Rencontre et entretien.

Vous vous appelez Emmanuel Macron. Vous êtes le Président de la République française. En 2017, vous avez été élu avec 66% des voix. Ce pourcentage n’a jamais signifié une adhésion à vos idées, à votre programme. Vous avez été élu avec un tel pourcentage car vous vous présentiez contre Le Pen et que la majorité des français.e.s rejette Le Pen. Dans ces conditions, le vote important en votre faveur, les raisons de ce vote vous obligeaient à un devoir moral. La politique que vous menez depuis bientôt cinq ans crache quotidiennement sur ce devoir moral.

Avec La Vie légale, Dominique Dupart signe le grand roman social que l’on n’attendait plus et qu’on ignorait même attendre. Car voilà bien longtemps que l’on n’avait pas écrit ni décrit avec une telle force la société française depuis son marasme politique et sa folie réactionnaire. Récit aussi vif que magistral sur la France des années 2000, La Vie légale dépeint notamment l’histoire de Joséphine, de madame Dabritz, de Blanche ou encore Marianne-Lalie qui, dans le très remuant automne 2001, mènent un combat déterminant dans autant d’existences précaires. Sans faillir, dans une diction entre Quintane, Stendhal et Echenoz, le roman brasse et embrasse tout ce qui d’ordinaire est laissé à la prose d’extrême-droite : le voile, les cités, les sans-papiers ou encore Napoléon car Dupart invente ici un contre-roman national d’ampleur. Diacritik ne pouvait manquer d’aller interroger la romancière le temps d’un grand entretien.

Depuis le 1er janvier 2020, 31 familles sans logis occupaient l’ancien commissariat du 18 rue du Croissant (75002). Le 2 juillet, leur expulsion a été prononcée par la justice, sans proposition d’aucun logement. A la suite d’actions et de luttes, les familles ont finalement été logées mais dans des conditions indignes : en hôtel où plusieurs personnes doivent cohabiter dans une même pièce ; en foyer social sans possibilité de cuisiner ou même, parfois, avec interdiction… d’utiliser l’ascenseur ; dans des zones industrielles isolées ; aucune prise en compte du lieu de scolarisation des enfants ; etc. La possibilité d’obtenir des papiers n’est pas évoquée (la plupart des adultes qui composent ces familles travaillent…). Un rassemblement solidaire a eu lieu le 27 août devant le 18 rue du Croissant. Aucun parti de gauche n’était présent (et aucun parti de droite…). Reportage photo de Jean-Philippe Cazier.

Oui, la chair est triste, et il n’est nul besoin d’avoir lu tous les livres. Cette chair putride – restes d’animaux macérés, mélange de sang séché et d’os broyés – utilisée dans les canons à eaux des CRS pour disperser les manifestants, en France … elle dit quelque chose. Elle annonce, bien au-delà de cet infime exemple, un nouveau temps : celui du « sans limite ». Celui où la brutalité rend fière, où elle peut être assumée avec orgueil, même dans l’abject, même dans l’immonde.

Numéro d’écrou 362573 juxtapose une fiction d’Arno Bertina et des photographies d’Anissa Michalon. Le texte et les photos tournent autour d’un des personnages, Idriss, qui n’est pas qu’un personnage de fiction mais renvoie à une personne réelle. Idriss est originaire du Mali, immigré clandestin en France. Il est, comme on dit, un « sans-papiers ».