« La mémoire est une affaire de surfaces colorées, fugitives, conservées imparfaitement dans un cerveau périssable » : cette phrase pourrait, imparfaitement, illustrer le propos de Paysage perdu de Joyce Carol Oates qui paraît en poche chez Points, dans une traduction de Claude Seban.

« La mémoire est une affaire de surfaces colorées, fugitives, conservées imparfaitement dans un cerveau périssable » : cette phrase pourrait, imparfaitement, illustrer le propos de Paysage perdu de Joyce Carol Oates qui paraît aux éditions Philippe Rey dans une traduction de Claude Seban.

A eux. 2008. 2014

En 1994, les éditions de l’Olivier publiaient Ma mère de Richard Ford. Le texte, d’une pudeur qui n’avait d’égale que sa sobriété bouleversante, était un questionnement de la filiation, entre identité et altérité. L’hommage à la mère tout juste disparue devient diptyque avec Entre eux qui vient de paraître, juxtaposant « à la mémoire de ma mère » un « au loin, je me souviens de mon père ». Le déchirement identitaire y gagne encore en intensité : « en écrivant ces doubles mémoires — à trente ans d’écart — » il s’agit pour l’auteur de rappeler qu’il a été « élevé par deux individus forts différents, chacun m’imprimant sa perspective, chacun s’efforçant d’être en harmonie avec l’autre ». Tenter de « pénétrer le passé » est pour lui « une gageure dans la mesure où ce passé tend, sans complétement y parvenir, à faire de nous ce que nous sommes ».

Les 15 et 16 juin 2017 aura lieu à l’Université de Toulon une conférence internationale qui s’interrogera sur les circulations méditerranéennes.
Poser la question des voies et des échanges, c’est s’interroger sur les conditions – tant concrètes que mythiques – et sur les modes opératoires qui ont contribué, dans la très longue durée, à construire cet espace commun qu’on appelle mare nostrum.

Il est toujours étonnant de voir un artiste ou un écrivain publier très tôt ses Mémoires, quand il ne s’agit pas de l’entreprise d’une vie comme pour Michel Leiris. Pensons à Gary Shteyngart avec ses Mémoires d’un bon à rien ou plus récemment Moby avec Porcelain, qui vient de sortir en poche chez Points, reprenant le titre de son tube de 1999. Pourquoi écrire dès le mitan de la vie, sinon pour tenter de cerner l’aventure d’un nom et d’une œuvre, un devenir autre en quelque sorte, une altérité en laquelle il s’agit peut-être de lire une vérité de soi ?

Gary Shteyngart est né en 1972. Et le quatrième livre qu’il publie, à 42 ans, n’est pas un roman mais prend, déjà, la forme des mémoires dont le titre pourrait être celui de l’un de ses précédents livres, Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes russes, Absurdistan ou Super triste histoire d’amour. Mémoires d’un bon à rien est le récit d’une vie particulière comme d’une œuvre, un nouveau départ.