Emmanuèle Jawad réunit Dominique Cerf, Marc-Antoine Serra et Nicolas Vermeulin pour un entretien autour de la question : de quelles façons le travail plastique peut-il croiser l’écriture poétique?
Jean-Jacques Viton
Je voulais m’en aller mais je n’ai pas bougé est le titre d’un livre de Jean-Jacques Viton paru aux éditions P.O.L en 2008. C’est aussi le titre d’un livre de photographies que Marc-Antoine Serra vient de publier aux éditions Salon du Salon. C’est également ainsi que s’intitule l’exposition de Marc-Antoine Serra qui se tient au Salon du Salon, à Marseille, jusqu’au 25 octobre 2021.
C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de Jean-Jacques Viton. En forme d’hommage, nous republions un texte consacré à son dernier livre paru en 2016 aux éditions P.O.L, cette histoire n’est plus la nôtre mais à qui la voudra.
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Il me semble – mais va savoir, la mémoire parfois s’égare dans le dédale du théâtre qui porte son nom – que la première fois que mon regard a rencontré le nom d’Éric Suchère, c’était sur la couverture du n° 28 de la revue If (dirigée de septembre 1992 à novembre 2011 par Liliane Giraudon, Henri Deluy et Jean-Jacques Viton).
Le livre de Jean-Jacques Viton, cette histoire n’est plus la nôtre mais à qui la voudra, insiste non sur la fin mais sur une fin, une dépossession. Il insiste en même temps sur une ouverture, un don. Livre crépusculaire et livre d’une aube recommencée, aube d’un autre ou d’une différence, comme la promesse d’un recommencement – et vers laquelle on se tourne, en direction de laquelle on adresse sa parole murmurante, en attente d’une reprise, d’une bifurcation : la vie encore…