Roman plastique, installation impermanente, œil en quête d’histoire : tels pourraient être les différents sous-titres qui viennent spontanément à l’esprit de celles et ceux qui viennent d’achever la lecture de Rétine de Théo Casciani, premier grand roman qui paraît ces jours-ci chez POL, et très belle découverte de cette rentrée littéraire.

Comme chaque année à Marseille, Actoral lance la saison théâtrale. Cette 18è édition prend des airs de fête d’anniversaire : pour les 30 ans de sa compagnie Diphtong, Hubert Colas (à la tête du festival depuis 2001) présente Désordre, l’une de ses pièces re-mise en scène pour l’occasion. Ici, en ville, septembre fête le théâtre, la danse et les écritures contemporaines. Pourtant cette année sonne comme la fin d’une adolescence bercée d’illusions : noircie par la marche du monde, l’hyper-connectivité, la solitude.

 

 

C’est d’abord un dispositif. Un comédien tend des cartes aux spectateurs des premiers rangs, retourne la carte tirée et y lit le titre de la scène à suivre. Le tirage au sort, chaque soir, rebat le lexique des scènes et désordonne le texte écrit. Le principe cardinal de la Poétique d’Aristote est l’enchaînement nécessaire des événements du drame qui « naissent les uns des autres » (γένηται δι᾽ἄλληλα) selon une loi de causalité. Dans Désordre d’Hubert Colas, ce principe fait long feu. L’ordre du spectacle est aléatoire : sa logique est la loterie d’un hasard systématique.

Aujourd’hui s’ouvre le dix-septième festival Actoral qui se tiendra jusqu’au 14 octobre sur différentes scènes culturelles marseillaises (Montévidéo, La Friche Belle de Mai, les théâtres du Gymnase et des Bernardines, le MuCEM, le cipM, les librairies L’Odeur du temps ou Histoire de l’œil, etc.).