« L’Algérienne, à chaque entrée dans la ville européenne, doit remporter une victoire sur elle-même, sur ses craintes infantiles. Elle doit reprendre l’image de l’occupant fichée quelque par dans son esprit et dans son corps, pour la remodeler, amorcer le travail capital d’érosion de cette image, la rendre inessentielle, lui enlever de sa vergogne, la désacraliser » Frantz Fanon, « L’Algérie se dévoile »
Frantz Fanon
Aussi nécessaire que salutaire : tels sont les qualificatifs qui peuvent escorter la sortie de Dans le sillage de Fanon de Christiane Chaulet Achour. Ainsi cet essai trace-t-il vigoureusement les lignes contemporaines de descendance critique et littéraire de Frantz Fanon, penseur majeur du 20e siècle.
L’annonce faite, le 13 septembre, par le président Macron de la responsabilité de l’État français dans la disparition de Maurice Audin suscite, bien évidemment, comme tout ce qui touche à la guerre d’Algérie, des avis contraires dont certains – que nous nous dispenserons de citer – sont particulièrement violents.
À l’invitation de la Triennale d’art contemporain SUD2017, une œuvre éphémère de Sylvie Blocher a été posée mercredi 6 décembre sur un carrefour de Douala au Cameroun.
Je ne suis pas votre nègre, signé Raoul Peck (L’École du pouvoir, Lumumba) à partir de textes de James Baldwin, est un documentaire exceptionnel. En juin 1979, l’écrivain noir américain prépare un livre, le récit des vies et assassinats de Martin Luther King, Medgar Evers et Malcolm X, des années 50 à 1968. Mais Baldwin meurt en 1987 sans avoir achevé son projet. Seul demeure un manuscrit d’une trentaine de pages, Notes for Remember this House, que sa sœur, Gloria Karefa-Smart, confiera à Raoul Peck qui en fait la colonne vertébrale du documentaire, avec JoeyStarr en voix française de James Baldwin.
La nécessité d’une approche bi-sexuée de la littérature n’est plus à défendre. Les raisons profondes ont été synthétisées par Marcelle Marini, dans l’incontournable Histoire des femmes, (Tome 5) : « C’est dans les textes littéraires que se construit la personnalité. On y apprend à symboliser son vécu, ses émois et ses passions, ses plaisirs, ses angoisses et ses désirs […] Il est donc grave que la subjectivation et la socialisation des deux sexes se fassent dans une littérature monosexuée et, qui plus est, neutralisée par un discours critique monologique […] les garçons comme les filles […] sont privés de tout héritage symbolique au féminin. Tous et toutes font l’apprentissage de la différence sexuelle à travers la représentation d’un sujet masculin pluriel toujours en questionnement et transformation, face à un « éternel féminin » dont les variations dépendent de l’histoire et des représentations des hommes. »
« Il ne faut pas essayer de fixer l’homme, puisque son destin est d’être lâché. […] Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc. Tous deux ont à s’écarter des voies inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s’engager dans la voie positive, il y a pour la liberté un effort de désaliénation […] ».
À travers ses doubles – Frantz Fanon, Jean-Luc Godard –, John Edgar Wideman mène dans Le Projet Fanon (Éd. Gallimard) son questionnement politique. « Tout n’est qu’une seule et unique chose, à jamais, le monde que je fabrique à partir de moi-même, le moi-même que le monde fait de moi. »